Faites l'expérience, n'importe où sur la planète : montrez un dessin de la grotte de Lascaux et vous verrez que tout le monde le reconnaîtra. Tous ceux qui ont été à l'école ont vu l'une de ces images dans leurs livres d'histoire comme illustration de la naissance de l'art durant la préhistoire. Des images réalisées il y a 17 000 ans par des hommes ou peut-être des femmes de Cro-Magnon que d'autres hommes et femmes reproduisent aujourd'hui à Montignac, à un jet de pierre taillée de la fameuse colline de Lascaux.
Faute de pouvoir encore montrer au public les peintures originales bien trop fragiles, on s'est ici lancé depuis une quarantaine d'années dans les reproductions. On dit même fac-similés, pour insister sur leur grande précision. Les Périgordins, pionniers en la matière, ont acquis un savoir-faire avec la réalisation de Lascaux 2 entamée dès les années 1970 (lire ci-contre).
De la colle pour éoliennesDans les vastes hangars de l'ex-entreprise ZK productions qu'avait créée Renaud Sanson, la société Ateliers de fac-similés du Périgord, relancée par la Semitour, continue de développer ce savoir-faire. Francis Ringenbach, sculpteur et plasticien, est le responsable du site. « Il a fallu des années pour maîtriser les procédés de fabrication et on continue à avancer avec de nouveaux matériaux. » Désormais s'ajoutent aussi les contraintes de pouvoir faire voyager ces panneaux pour l'exposition internationale, alias Lascaux 3 (lire ci-contre).
Tout commence par les relevés dans la grotte originale. « Les plus récents ont été réalisés par laser, au dixième de millimètre, ce qui permet de capter des détails de la taille d'un cheveu. » Le grain de la pierre et des traits de gravure des artistes magdaléniens deviennent très visibles. Une matrice reconstituée sur du polystyrène permet ensuite de réaliser un moule en élastomère où sera coulée la paroi. Elle est réalisée avec une résine dont la recette est un secret maison. « Pour renforcer la résistance au démontage et remontage, on utilise maintenant aussi de la colle pour pales d'éoliennes », explique Francis Ringenbach.
Pour pouvoir voyager dans un container normalisé, les panneaux sont de 2,20 m par 3,50, reliés entre eux par des boulons à l'arrière pour reconstituer les grandes scènes. Les liaisons demandent énormément de soin, comme l'explique la décoratrice Valérie Mathias, en train de rectifier les défauts d'une paroi sortie du moule. Le voile de pierre ne fait que quelques millimètres d'épaisseur et semble fragile comme une coquille d'œuf.
Le montage est le domaine de Thierry Laurent et Régis Drain, qui doivent faire tenir solidement l'ensemble sur une armature réalisée dans l'atelier de serrurerie. Une paroi n'étant jamais vraiment plane, il faut du sur-mesure. Pour pouvoir voyager, tout est aussi démontable.
Arrive enfin l'étape de la peinture. Ce jour-là, c'est Aurélia Teixeira qui travaille sur la scène des bisons adossés. Dans le noir, face à la paroi, elle a pour modèle des photos prises dans la grotte originale qui sont projetées à l'échelle, mais qu'elle peut aussi voir sous forme numérique ou stéréoscopique.
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