vendredi 16 mars 2012

Du confort dans un IVG?

Rejoignez la communauté SCIencextrA . .

C'est un sujet qui fâche, ne nous le cachons pas. Pour une fois, au lieu de vous donner mon avis, je vais vous raconter succinctement ma propre histoire.
Responsable des ateliers en cosmétiques, je côtoie énormément de gens. Un jour, une des employés m'aborde et me dis en larme, qu'elle a absolument confiance en moi et me confie qu'elle va subir un IVG. J'imagine immédiatement le pire mais au fur et à mesure de sa confession, je comprends qu'elle a de nouveau une aventure avec son ancien amour et que, voila, la nature trouve toujours son chemin. L'intervention se fait et bien sûr elle nous revient dans un état digne mais visiblement affecté.
Six mois plus tard, elle était enceinte de nouveau et se mettait définitivement en ménage avec son amour. 
Pourquoi un enfant est-il sacrifié dans ce cas?
A t'il était le complice d'un besoin irrépressible de reflexion?
Pas simple!

http://deconstruire.blog.lemonde.fr/
En laissant les réactionnaires introduire dans les discours l'expression "IVG de confort" sans rien dire, et pire, en reprenant pour certains ces termes sans trouver plus pertinent que de tenter une défense mollasse dans le sens de "ça concerne très peu de personnes", on les laisse choisir les termes du débat, nous acceptons leur vision des choses comme une vérité, nous leur donnons des armes pour nous frapper. En ne refusant pas tout net le concept même d'IVG "de confort", nous légitimons ce vocable et ainsi tous les détracteurs de l'interruption volontaire de grossesse.
Une IVG "de confort", mais qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Qu'est-ce que ça recouvre, à partir de quel moment dit-on que c'est du confort, et qui décide ? Si on pousse la logique jusqu'au bout, toutes les IVG n'ayant pas de cause médicale (grossesse mettant en danger de la vie de la femme) ne sont-elles pas des IVG de confort ? Ah mais oui, c'est bien ce que veut dire le FN. Mais combien de gens vont-ils embrouiller, ces gens qui après avoir entendu parler de cette "polémique" vont dire "non mais j'ai rien contre les IVG c'est normal d'avoir le droit de choisir, mais c'est vrai qu'il y en a qui abusent...". Qui ? Quand ? Où ? Pourquoi ? Ca veut dire quoi abuser ? Quelles sont les raisons évoquées pour décider que c'est un abus ? Au-delà de combien d'IVG on abuse ? On ne sait pas. Mais il y en a, c'est sûr : on en parle partout.
"De confort", ça sous-entend : pas nécessaire. Un caprice.
Pas nécessaire, pour une femme, d'avoir le contrôle de sa propre vie.
Il n'y a qu'à se laisser porter par ce qui nous arrive, être passives, nous sommes là pour ça, subir et accepter notre sort.
Refuser de voir sa vie bouleversée par une grossesse (et tous les risques de santé que cela comporte) et radicalement transformée de façon irréversible par l'arrivée d'un enfant, et toutes les immenses responsabilités psychologiques, financières, légales, matérielles qui vont avec ? C'est du confort ? C'est un caprice ? Oups, pardon. C'est vrai que toute femme est faite pour être mère, alors finalement que ça arrive un peu plus tôt que prévu, hein...
Dans QUELLE situation ce refus peut-il être un caprice ? Si on est riche et en bonne santé, c'est un caprice de refuser de devenir parent, avec tout ce que cela implique, parce qu'on ne l'avait pas prévu et qu'on n'en a pas envie ? Cela n'est qu'un rappel à l'ordre à peine déguisé : enfanter tu dois, refuser d'enfanter c'est péché, à moins d'avoir une très très bonne raison, mais ça, c'est nous qui en décidons. L'IVG, ce n'est acceptable que si tu n'as vraiment absolument pas le choix. Choix dont nous décidons les modalités, bien sûr. Mais par défaut, tu es mère, ou au moins future mère. Elle ne veut pas d'enfant, elle sera malheureuse s'il naît ("mais noooon, la maternité c'est la plus belle chose de la vie d'une femme !"), par conséquent il sera probablement malheureux aussi, mais deux vies foutues valent mieux qu'un avortement.
Si tu choisis l'IVG alors que tu n'y es pas forcée, tu es une petite irresponsable,  une femme légère, qui a probablement fait exprès, qui utilise l'IVG comme un moyen de contraception... qui abuse, quoi. De l'argent du contribuable !
C'est vrai que c'est tellement agréable de voir son utérus se vider sous l'effet du médicament. C'est vrai que c'est tellement confortable de subir un curetage. C'est vrai que c'est tellement cool de se faire mépriser par le personnel médical auquel on a à faire. On en referait tous les jours, juste par perversion, juste pour emmerder les bigots ! Et c'est vrai qu'avec les plus de 150 centres d'IVG qui ont fermé ces 5 dernières années, on encourage de plus en plus les femmes à avorter, une vraie débauche.
On ne devrait jamais demander à une femme pourquoi elle veut se faire avorter. On ne demande pas aux gens pourquoi ils veulent décider de leur propre vie.
Mais enfin, tu as oublié ta pilule, assumes-en les conséquences : neuf mois de grossesse, accouchement et complications en option, réveil toutes les nuits pour nourrir le bébé, quitter ton job pour pouvoir t'occuper de lui, passer au bas mot les 20 prochaines années à le mettre au centre de ta vie (version short et soft). Tu n'avais qu'à faire attention. Et puis tu n'as pas à te plaindre, tu as une bonne situation, il y a pire que toi. Et puis bon, il fallait bien que tu fasses un enfant un jour ! C'est une opportunité merveilleuse qui s'offre à toi, c'est juste que tu ne t'en rends pas encore compte, mais tu vas enfin connaître le vrai bonheur, celui d'être mère. Quoi, tu ne veux pas ? Mais enfin, une vie est en jeu ! Non, pas la tienne, celle du bébé. Enfin, du foetus. De l'embryon. De l'oeuf. Enfin bref, une vie, quoi ! Quoi, ta vie à toi ? Mais c'est ça, la vie, ma chérie, c'est donner la vie à son tour ! C'est le but de l'existence d'une femme ! Ca ne te plaît pas ? Et bien, la prochaine fois tu feras plus attention, ça t'apprendra. Après tout si tu ne voulais pas tomber enceinte, tu n'avais qu'à pas avoir de relations sexuelles, tu connaissais les risques.
L'IVG n'est jamais un confort. Avoir la possibilité de faire une IVG, ce n'est pas un confort, c'est le minimum vital.


    Choose :
  • OR
  • To comment
Aucun commentaire:
Write comments