samedi 5 mars 2011

Les algues contre le paludisme.



http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/66048.htm
Alors que le paludisme, aussi appelé malaria, tue environ 1 million de personnes par an, l'équipe du professeur Julia Kubanek [1,2] de l'école de chimie et biochimie au Georgia Institute of Technology (GT), à Atlanta, a récemment découvert le mode d'action d'une algue rouge ayant des propriétés antipaludiques. L'algue tropicale, récoltée aux îles Fidji, nommée Callophycus serratus a particulièrement attiré leur attention car elle était l'une des seules qui ne présentait pas à sa surface de contamination microbienne parmi les 800 espèces récoltées [3]. Ces travaux commencés en 2003, et dont le dernier article [4] met en évidence les propriétés antipaludiques des composés découverts, ont pour but de découvrir de nouvelles molécules tout en préservant les ressources environnementales.

A ce jour, aucun vaccin n'existe et le parasite à l'origine de la malaria est de plus en plus résistant aux traitements antipaludiques, d'où la nécessité urgente de trouver un traitement alternatif.

Qu'est ce que le paludisme ?

Le paludisme est causé par le parasite plasmodium, transmis par les moustiques qui en sont porteurs et est contracté le plus souvent dans les pays tropicaux d'Afrique, d'Asie et d'Océanie qui rassemblent environ un tiers de l'humanité. Chez l'être humain, ces parasites se multiplient dans le foie puis colonisent et détruisent les globules rouges. Cette infection entraîne des maux de tête, des vomissements ainsi que l'apparition de fièvre. Ces symptômes se manifestent environ 10 jours après la piqûre de moustiques du genre Anophèles.

Les seuls moyens de lutte existants sont la prise de médicaments antipaludiques et la destruction des moustiques vecteurs du parasite. La mise au point d'un vaccin contre le paludisme est très difficile : le cycle d'évolution du plasmodium est très complexe et la forme du parasite est en perpétuelle modification.

Les algues pour soigner le paludisme

L'équipe de J. Kubanek associée au professeur Facundo Fernandez du département de Spectrométrie de Masse Bioanalytique de GT ont isolé des molécules chimiques à partir d'échantillons prélevés sur la surface des algues. Les molécules ont été analysées grâce à la technique utilisée par F. Fernandez appelée Spectrométrie de Masse à Désorption par Ionisation à Electrospray (Desorption Electrospray Ionization Mass Spectrometry) (voir ci-dessous) qui les sépare en fonction de leur poids moléculaire. Des composés de grand intérêt ont été isolés : les bromophycolides qui trouvés sur la surface de l'algue Callophycus serratus empêchent les attaques fongicides de Lindra thalassiae. A partir de ces études, il a été démontré in vitro que les bromophycolides avaient également des propriétés antipaludiques et pourraient donc servir à la mise au point de médicaments ou de vaccins contre le paludisme.

Lors de la conférence annuelle de l'American Association for the Advancement of Science (AAAS) le 21 Février 2011 à Washington [5], J. Kubanek a déclaré avoir identifié la manière dont les bromophycolides tuent les parasites. Ces molécules empêchent une partie de l'hémoglobine contenue dans les globules rouges de cristalliser, ce qui a pour effet de réduire l'infection par le parasite. Ce mode de fonctionnement étudié in vitro est apparemment identique à celui mis en oeuvre par les médicaments antipaludiques actuellement commercialisés.

Le recours futur aux algues

Les algues, qui développent des propriétés séduisantes et diverses, font l'objet de nombreuses recherches de nos jours (industrie, biocarburants, alimentation). Elles constituent une source insoupçonnée de nouvelles découvertes, comme dans cette étude, où des molécules aux propriétés antipaludiques ont été mises en évidence à leur surface.

Cette découverte offre une perspective très intéressante pour combattre cette maladie qui est une des priorités pour l'OMS (Organisation Mondiale contre la Santé) au même titre que le SIDA ou la tuberculose. Les prochaines recherches devraient permettre de tester in vivo les composés bromophycolides, sur des modèles de souris. Si ces expériences s'avèrent concluantes, une production à grande échelle des bromophycolides par des levures peut être mise en place.



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