samedi 5 mars 2011

Le chirurgien retire le mauvais rein.




tristement authentique. Les faits se sont déroulés il y a moins de quinze jours au centre hospitalier Félix-Guyon. Un septuagénaire est opéré au bloc central pour y subir une néphrectomie, autrement dit l’ablation d’un rein. Il s’agit d’une intervention courante. Hélas, le patient a la malchance de tomber entre de mauvaises mains. Le chirurgien qui l’opère doit lui ôter le rein gauche. C’est finalement, le droit, parfaitement sain, qui est prélevé. Une grossière erreur médicale, à peine croyable, sans doute consécutive à la mauvaise lecture de l’imagerie, dès la première consultation. D’après des témoignages internes, le praticien - dont nous taisons l’identité par souci déontologique - aurait eu un doute lors de l’intervention, en constatant l’état du rein qu’il s’apprêtait à ôter. Pour autant, il n’aurait pas pris soin de consulter la radiographie. Et a poursuivi son geste fatal. Autre défaillance, le médecin anesthésiste qui assistait l’intervention n’a visiblement pas non plus consulté la fiche du malade. À sa décharge, le dossier présentait, semble-t-il, quelques confusions. Mais en cas de doute, le chirurgien aurait dû s’abstenir. Ça n’a pas été le cas. L’analyse de l’organe, effectuée auprès du laboratoire d’anatomo-pathologie, a révélé l’erreur médicale aux conséquences irréversibles. Le patient devra certainement repasser sur le billard pour se faire retirer le rein présumé cancéreux.

Du jamais vu en interne

Il risque une dialyse à vie. Condamné à rester branché à un appareil, quatre heures par jour, trois fois par semaine, pour épurer son sang.L’auteur de cette bavure inédite est un praticien de sinistre réputation. En poste depuis trois ans à l’hôpital de Bellepierre, après avoir exercé en Corse, il traînerait plusieurs casseroles et procès à son CV. Ici, l’homme a notamment été impliqué dans le scandale des greffes rénales (voir par ailleurs). Sans pour autant être inquiété par l’Agence régionale de santé. La direction l’a même titularisé il y a un an. Au grand étonnement de certains collègues du bloc opératoire. Dans la communauté hospitalière, cette affaire fait grand bruit, suscite de nombreuses indignations. “C’est grave d’en arriver là, indigne d’un hôpital public”, juge un témoin interne, bien placé.

Contacté, le directeur de l’établissement nous a confirmé les faits. “Nous avons déclenché une revue de morbi-mortalité pour savoir exactement ce qu’il s’est passé. Nous attendons les conclusions de l’enquête interne, indique Laurent Bien. Les médecins du bloc ont transmis une fiche d’événement indésirable à la plate-forme de veille régionale de l’ARS. Le chirurgien, le président du comité médical d’établissement, et moi-même avons reçu la famille du patient pour leur présenter nos excuses et leur proposer un accompagnement psychologique”.





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