dimanche 7 mars 2010

Quand nos intestins nous font grossir.

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Maigrichon, voilà ce que je suis : un tas d’os, un malingre, je me fais même mal aux fesses quand je m’assois trop fort sur mes os iliaques. Je gagne péniblement du poids et pourtant ce n’est pas faute d’essayer : je ne mange pas, je me goinfre. Pire : j’avale, j’engloutis comme quatre tandis que les autres me regardent en s’exclamant« mais qu’est ce qu’il bouffe ! » tout en brandissant leur petit doigt. Si ce n’est une remarque du type : « bin dis donc t’es pas bien gros » ou « tu n’aurais pas maigri toi ? ». Que veux-tu ? Je suis comme je suis, je suis fait comme ça.



Pourquoi donc cette minceur (pour ne pas dire maigreur) permanente ? Jusqu’à maintenant, je ne voyais que deux possibilités, sans être sûr de leur « fondement scientifique » :

1° Mon métabolisme est du genre puissant à faire cramer toutes les réactions chimiques de fabrication et de dégradation des molécules, d’où le fait que j’ai souvent chaud et que mon appétit soit élevé. C’est une cocotte-minute à deux pattes quoi !

2° Mes intestins torchent leur boulot en prélevant juste ce qu’il faut pour les besoins de mon organisme et le reste, zou chié comme un malpropre ! Pas étonnant que ma douce se plaigne de, enfin bref, passons passons comme disait le sage.

Et 3°… Oui, il existe une troisième possibilité : le rôle de la flore intestinale dans l’ingestion des aliments. Il faut savoir que nous avons un sacré paquet de bactéries dans notre tube digestif : des milliards et des milliards (le tout faisant 1 kg) pour une variété d’espèces assez spectaculaire : 1000 environ : c’est le microbiote. Au départ stérile, le tube digestif du nouveau-né est rapidement colonisé (en 24 h) par le microbiote des parents et de l’environnement. Le plus remarquable est que 2/3 des bactéries est spécifique à chaque personne et ceci pour toute sa vie. Cet équilibre du microbiote est bénéfique pour tous : les bactéries vivent pépères dans nos tripes, en se nourrissant de nos aliments tandis qu’elles facilitent notre digestion, renforcent notre système immunitaire, etc.

Allons plus loin : et si notre capacité à prendre du poids dépendait de notre microbiote ? C’est ce Peter Turnbaugh et Jeffrey Gordon ont démontré en 2006 : la flore intestinale diffère entre les souris obèses et minces. Mieux : le transfert du microbiote d’une souris obèse à une souris mince la faisait grossir ! Courant 2009, la même équipe a fait une nouvelle expérience en transférant la flore intestinale provenant de caca humain à des souris « stérilisées », c’est à dire dépourvu de microbiote depuis la naissance suite à une manipulation génétique. Elles sont normalement insensibles à un régime hypercalorique et elles ne deviennent pas obèses. Suite au transfert de la flore intestinale, elles contiennent maintenant un microbiote humain qui se transmet à leur descendance. Nourries avec des aliments gras, les voilà qui se mettent à grossir ! L’expérience est répétée en transplantant la flore des souris soumises à ce régime dans l’intestin des souris « stérilisées ». Résultat : ces dernières ont également connu une prise de poids.



Ainsi, l’obésité pourrait s’expliquer en partie par la colonisation du tube digestif du nouveau-né par le microbiote de parents obèses. Ceci reste à confirmer et ne peut exclure d’autres facteurs comme la génétique, le mode alimentaire, etc.


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