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mercredi 16 décembre 2009
Les premières traces humaines en Europe.
Une équipe mixte du Muséum national d’Histoire naturelle et du CNRS vient de mettre au jour un site archéologique d’exception dans la vallée de l’Hérault (Sud de la France). La carrière de basalte de la commune de Lézignan-la-Cèbe révèle en effet l’existence d’une nouvelle faune « villafranchienne1 » du Pléistocène inférieur (entre 1,8 million d’années et 780 000 ans), couplée à un cortège d’objets fabriqués par l’homme (aussi appelés artéfacts). Cette découverte assez inédite et fortuite est en partie due à un autochtone de la commune voisine. Une première expertise patrimoniale du site menée fin août 2008 met en exergue son intérêt et l’opportunité qu’il offre pour mieux comprendre l’arrivée des premiers Hominidés en Europe. Les résultats de ces études sont publiés dans les derniers Comptes-Rendus PALEVOL et ont fait l’objet d’une note préliminaire présentée par Yves COPPENS dans les Comptes-rendus de l’Académie des Sciences.
Juillet 2008, un résident du village voisin de Lézignan-la-Cèbe, dans l’Hérault, révèle à une équipe de chercheurs le fruit de ses découvertes (lot d’os et de dents de mammifères fossiles) au sein de la carrière de basalte de cette commune. Suite à cette révélation, une première expertise patrimoniale est menée. Elle permet d’identifier une vingtaine de taxons différents de vertébrés2 parmi lesquels : des bovidés, des cervidés, des équidés, des rhinocérotidés, des proboscidiens (il est fort probable qu’un Mammuthus meridionalis soit présent sur le site), des carnivores, des rongeurs, des insectivores (taupe), des reptiles et même des oiseaux. Les restes d’équidés sont les plus nombreux, indice d’un milieu ouvert, mais malgré tout arboré compte tenu de la diversité des cervidés et carnassiers retrouvés. Ces découvertes témoignent également d’un climat chaud et assez humide ainsi que de la présence d’un cours d’eaux vives sur le terrain de Lézignan-la-Cèbe au Pléistocène inférieur.
La datation de la coulée de basalte qui coiffe la zone ayant livrée ces précieux objets avoisine les 1,57 million d’années, et permet donc d’estimer à ce même âge le site et son contenu. Par la suite, les pluies automnales de 2008 ont dévoilé une vingtaine d’artéfacts de type pebble culture4, confectionnés à partir de supports assez divers (quartzite, basalte, micro-granite…). La présence de choppers (détachement d’un ou deux éclats sur un galet), de chopping-tools (outils plus travaillés, présentant deux faces tranchantes) et d’éclats non Levallois5 récoltés en surface semblent prometteuse, sachant que les niveaux dont proviennent ces objets n’ont pas encore été fouillés.
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Il est rare que les faunes de vertébrés terrestres du Pléistocène inférieur européen soient associées à des restes humains ou à des artefacts. Seuls les sites d’Atapuerca en Espagne (vers 1,2-1,1 million d’années) et de Kozarnika en Bulgarie (vers 1,4-1,2 million d’années) font état d’une telle association, et moins de 10 sites européens associent faune et artefacts. Aussi, une découverte aussi riche que celle de la vallée de l’Hérault offre une opportunité réelle de mieux comprendre l’Europe de cette période. Rappelons que les premiers Hominidés fabricants d’outils apparaissent en Afrique de l’Est dès 2,5 millions d’années, et sont présents aux portes de l’Europe en Transcaucasie vers 1,8 million d’années. Jusqu’à présent, les plus anciennes occupations en Europe Occidentale étaient attestées à partir de 1,2-1,4 million d’années (Bulgarie, Espagne et Italie). Aussi, la découverte présente repousse de 200 000 ans la présence attestée d’hominidés en Europe. Le site de Lézignan-la-Cèbe est donc d’une importance fondamentale pour comprendre l’arrivée des premiers Hominidés en Europe, mais aussi afin de mieux appréhender le Pléistocène ancien européen.
Les potentialités du site restent grandes, et les chercheurs espèrent une récolte d’artefacts plus nombreux.
De nouvelles investigations sont planifiées dans le courant de l’année 2010 afin de préciser le contexte de cette ancienne occupation humaine de plein air. Le contexte géologique apparaît en effet favorable à la présence de restes humains. De même, une étude taphonomique6 des os collectés doit suivre dans le but de comprendre les traces de charognages, mâchonnements ou impacts de crocs relevés sur de nombreux restes osseux.
1. Relative à une période située entre le pliocène (entre 5,3 à 1,8 million d’années) et le pléistocène (entre 1,8 million d’années et 11 430 ans).
2. Les premières opérations de terrain ont été financées par le Conseil général de l’Hérault. De son côté, l’association ASPROGEO gère le budget et assure la logistique.
3. Petits mammifères surnommés « lièvres siffleurs »
4. Entre 2 500 000 et 1 600 000 ans.
5. La méthode Levallois correspond à une méthode de taille des pierres préhistoriques.
6. Etude des processus intervenant depuis la mort d’un organisme vivant jusqu’à sa fossilisation.
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1 commentaire:
Write commentsYoupi ! Voilà qui prouve que même les Homo erectus ne manquaient pas d'audace ! Bravo, les ancêtres ! Respect !
RépondreSupprimerA part ça, bises tout le monde !
Tinky :-D