Il y a 28 000 ans, des Néandertaliens vivaient encore à Gibraltar. Ailleurs, ils avaient disparu plusieurs milliers d'années auparavant, après avoir occupé l'Europe et la partie occidentale de l'Asie pendant au moins 200 000 ans. Ainsi, le dernier message de l'autre espèce humaine européenne consiste en quelques outils de pierre abandonnés près d'un feu de camp et retrouvés à Gibraltar ; et la péninsule Ibérique, avec son climat agréable et ses riches faune et flore, fut son mouroir. Nous allons voir que les recherches récentes suggèrent que l'énigmatique disparition de l'homme de Neandertal résulte d'un ensemble complexe de différents facteurs de stress.
Le premier fossile néandertalien fut trouvé en 1856 non loin de Düsseldorf, dans la petite vallée de Neander. Depuis cette découverte, les paléoanthropologues s'interrogent sur la façon de placer les Néandertaliens dans le genre Homo, constitué par notre espèce et par celles qui lui sont proches. Deux théories concurrentes dominent les discussions : selon la première, les Néandertaliens (Homo neanderthalensis) constitueraient une espèce humaine distincte de la nôtre, que les hommes anatomiquement modernes (Homo sapiens) auraient anéantie à leur arrivée en Europe ; selon la seconde, les Néandertaliens en constitueraient plutôt une variante archaïque, qui aurait évolué vers l'espèce humaine moderne, ou aurait été assimilée par elle.
Les messages cachés dans les gènes de Neandertal
L'étude des gènes des Néandertaliens a livré quatre informations : l'homme de Neandertal était distant génétiquement de nos ancêtres ; sa lignée est ancienne ; il n'a pas contribué à notre patrimoine génétique ; peu nombreux, ils ont occupé un vaste territoire.
Anna Degioanni, Virginie Fabre et Silvana CondemiLe séquençage du génome de l'homme de Neandertal progresse. Son adn mitochondrial a déjà été entièrement séquencé (cet adn est contenu dans les mitochondries, des organites cellulaires produisant l'« énergie » des cellules et transmis par les femmes).
Svante Pääbo et son équipe de l'Institut Max Planck de Leipzig espèrent terminer dans les mois qui viennent une première ébauche de séquençage complet de son adn nucléaire. Ces études génétiques ne vont pas tout révéler sur l'homme de Neandertal, mais elles ont déjà livré quatre informations importantes, que nous allons examiner.
La première de ces informations est l'importance de la distance génétique entre nous et l'homme de Neandertal.
Les mitochondries contiennent un ruban d'adn comportant presque 16 000 bases.
Le séquençage de ce ruban fut lent tant le matériel génétique néandertalien bien conservé est rare. Il a commencé en 1997 par 379 bases extraites du premier fossile néandertalien jamais découvert : Feldhofer 1.
Puis une quinzaine de fragments d'adn mitochondrial ont été séquencés. Ce travail difficile a bénéficié de grands progrès méthodologiques. Avant le séquençage, il est nécessaire d'effectuer des amplifications ciblées de l'adn, par des pcr (la réplication des séquences géniques par réaction enzymatique). En 2004, David Serre, alors à l'Institut Max Planck de Leipzig, et ses collègues ont mis au point une procédure qui amplifie spécifiquement l'adn...
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