Comme bon nombre d'œuvres d'art, le Penseur n'est pas devenu ce qu'il était censé devenir à sa réalisation : la partie centrale du Linteau de la Porte de l'Enfer, œuvre inachevée et inspirée de l'Enfer de Dante qui devait être une porte monumentale d'un musée d'art décoratif. Une œuvre qui aurait dû rassembler un riche ensemble de statues qui n'existeront jamais ensemble mais séparément (Fugit Amor, Le Baiser ou encore Francesca). Le Penseur, débuté autour de 1880-1882 et qui était nommé par Rodin "Dante" ou le "Poète", devait donc être placé au dessus d'une série de condamnés sculptés en bas relief, en méditation sur leur sort, d'où la position de la statue. Un bref regard suffit à comprendre l'importance de cette méditation où le personnage semble être imperturbable et perdu dans les profondeurs de son âme. Ce rapport à l'âme est ici l'essentiel du travail de Rodin. Pourtant pleine d'une force et d'une puissance retenue, mise en valeur par le travail de la musculature, la statue ne donne à la force physique que l'image de l'apparence extérieure. La véritable force existe davantage à travers l'évocation d'une puissance intérieure, comme l'expression des tourments de l'âme, des angoisses humaines. La première exposition de l'œuvre en France en 1904 provoque le mépris ou l'amusement d'un partie du public et de la presse. En réaction est lancée une souscription pour couler la statue et une version définitive, plus grande, est offerte à la mairie de Paris en 1906: il s'agit de celle qui est aujourd'hui dans les jardins de l'hôtel Biron à Paris, à savoir le musée Rodin depuis 1919.
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