vendredi 24 juillet 2009

Coup de poing aux sciences génétiques!

(Agence Science-Presse) –


Une bonne partie de la recherche en génétique vient de recevoir un coup de poing qui risque de l’obliger à revenir de quelques années en arrière : il est possible que votre code génétique ne soit pas exactement le même, dans toutes les cellules de votre corps.

C’est en effet une des choses qu’on croyait acquises : notre ADN est le même, quelle que soit la cellule sur laquelle on l’a prélevé. De là un gros courant de recherche qui, depuis une décennie, vise à associer tels gènes à telle maladie.

Mais les choses pourraient se compliquer, s’il s’avère qu’une équipe montréalaise a raison : celle-ci a découvert des différences entre les gènes contenus dans les cellules sanguines d’une poignée de personnes, et les gènes contenus dans les tissus d

’une partie du coeur de la même poignée de personnes.

L’équipe, dirigée par Morris Schweitzer, Bruce Gottlieb et Lorraine Chalifour, de l’Université McGill, recherchait les causes génétiques de l’anévrisme de l’aorte abdominale (AAA), et orientait ses tirs sur le gène BAK, un gène qui contrôle la mort cellulaire.

L’AAA est l’une des rares maladies cardiaques pour lesquels des échantillons de tissus sont prélevés dans le cadre du traitement. Ce qui a fourni aux chercheurs cette opportunité pour les analyser puisque d’habitude, en génétique, on n’analyse que le sang.

« Dans des maladies multi-factorielles autres que le cancer, explique le généticien Bruce Gottlieb, nous ne pouvons d’ordinaire analyser que le sang » (le cancer est une exception, parce que les mutations recherchées sont dans la tumeur). « Nous supposions que le sang nous dirait tout ce qui se passait dans le tissu. Il semble maintenant que ce ne soit pas le cas. »

Dans ce cas-ci en effet, ils ont découvert trois mutations du gène BAK qui étaient présentes dans les cellules du tissu de l’aorte abdominale, mais pas dans les cellules du sang.

Leur étude est parue dans la dernière édition de la revue Human Mutation, et le communiqué de presse, lui, est accompagné d’un commentaire de Gottlieb :

L’arrivée des études d’association [entre gène et maladie] a été accompagnée d’un énorme battage publicitaire il y a plusieurs années, et les gens s’attendaient à des percées extraordinaires. On allait prélever des échantillons sanguins de milliers ou de centaines de milliers d’individus, et découvrir les gènes responsables de la maladie. Malheureusement, la réalité est que ces études ont été très décevantes, et notre découverte pourrait certainement apporter une des raisons.

Reste aussi à savoir si la nature de l’AAA n’en fait pas une exception : c’est une maladie du coeur, donc on peut s’attendre à ce qu’elle affecte autant le sang que les tissus entourant le coeur.

Dans tous les cas, pour les pessimistes, cela complique considérablement la recherche en génétique : à l’avenir, on pourrait être obligé, avant d’identifier le gène, de devoir identifier la bonne cellule. Pour les optimistes, c’est la porte ouverte à un tout nouveau potentiel de découvertes et de diagnostics, à partir des tissus plutôt que des seules cellules sanguines.

Pascal Lapointe









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