Encelade est en passe de devenir la nouvelle vedette du système solaire. Selon les dernières données transmises par la sonde euro-américaine Cassini, ce petit satellite de Saturne, d'à peine 500 kilomètres de diamètre, renfermerait de l'eau. Certes, il ne s'agit que de preuves indirectes. Mais c'est la première fois que l'on recueille des indices sérieux attestant de la présence d'eau liquide ailleurs que sur notre bonne vieille Terre !
En effet, si la molécule H2O est abondante dans l'Univers, les astronomes n'y ont pour l'instant détecté que de la glace ou de la vapeur. C'est notamment le cas sur Europe, la lune gelée de Jupiter, ou sur Mars dont les pôles sont recouverts d'épaisses calottes. En outre, si des fleuves ont coulé sur la planète rouge, c'était il y a plus de quatre milliards d'années… «Il s'agit d'une découverte majeure et totalement inattendue, se réjouit le professeur André Brahic (CEA-université Paris-VII). Personne n'aurait parié au début de la mission Cassini qu'Encelade prendrait une telle importance.»
Tout a commencé en décembre 2005, lorsque des images prises par la sonde à 165 kilomètres d'altitude ont mis en évidence des geysers de particules glacées et de vapeur d'eau s'échappant du pôle sud d'Encelade dont l'origine intrigue les astronomes. Ces mystérieux jets proviendraient-ils de poches d'eau souterraines ?
«Traces de vie extraterrestre»
De nouvelles données collectées en juillet et en octobre 2008 par le spectromètre INMS de Cassini, et publiées mercredi dans la revue Nature, ont permis de déceler dans ce brouillard cosmique une multitude de composés chimiques, notamment du deutérium, de l'argon 40 et, surtout, de l'ammoniac. Lequel est un puissant antigel qui a la propriété d'abaisser la température critique de l'eau. À son contact, celle-ci ne gèle plus qu'à - 97 °C (au lieu de zéro degré). «Étant donné que la température près des failles d'où s'échappent les geysers est de - 93 °C, nous pensons avoir un excellent argument pour dire qu'il y a de l'eau sous forme liquide à l'intérieur d'Encelade», conclut Hunter Waite (Southwest Research Institute, San Antonio), le responsable scientifique de l'instrument INMS.
D'autant qu'il s'agit du deuxième indice. Il y a un mois, en effet, des sels de sodium ont été détectés dans les particules de glace de l'anneau E de Saturne qui a la particularité d'être «alimenté» par les fameux geysers d'Encelade (Nature, 25 juin). Toujours grâce à Cassini. «Nous pensons que ces sels minéraux s'échappent de roches situées au fond d'un océan souterrain», a déclaré le responsable de l'étude, Frank Postberg, du Max Planck Institute de Heidelberg (Allemagne). «La présence d'eau liquide, mais aussi de chaleur et de composés organiques, fait d'Encelade un candidat sérieux dans la recherche des premières traces de vie extraterrestre», souligne Bruno Bézard, chercheur du CNRS à l'Observatoire de Paris. Il ne reste plus maintenant qu'à y envoyer une mission spatiale.
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