Tandis que se poursuit le débat sur les bénéfices et les risques des biocarburants, trois chercheurs américains apportent une nouvelle donnée au problème. Grâce à une comparaison chiffrée, ils montrent qu’il est plus intéressant de transformer la biomasse en électricité pour ensuite charger les batteries de véhicules électriques, que de transformer cette biomasse en carburant pour remplir les réservoirs.
Elliot Campbell (University of California, USA) et ses collègues ont ainsi calculé que pour une même surface cultivée, un véhicule "bio-électrique" parcourt en moyenne sur l’autoroute une distance 81% plus longue qu’un véhicule roulant au biocarburant. Pour une acre cultivée (un peu moins d’un demi-hectare), la première parcourt 22.500 km, contre 14.500 km pour la seconde.
Les chercheurs ont pris en compte l’intégralité des filières pour bâtir leur comparaison, incluant les dépenses énergétiques de chaque technologie, de la production des carburants et des véhicules. Ils ont comparé les rendements obtenus pour différents types de biomasse, maïs ou graminées (Panicum virgatum ou "switchgrass").
La différence flagrante entre l’électricité issue de la biomasse et les biocarburants s’explique d’abord par le fait que le rendement des moteurs à combustion est beaucoup moins bon que celui des moteurs électriques, selon les chercheurs. Campbell estime même qu’un véhicule hybride utilisant les bioéthanols dernière génération ne ferait pas mieux qu’un véhicule électrique rechargé grâce à la biomasse.
D’autant plus que la voiture "bio-électrique" a un second avantage non négligeable, toujours selon Campbell et ses collègues : elle permet de réduire davantage les émissions de CO2 que la voiture roulant aux biocarburants. Pour une acre de panicum, une voiture "bio-électrique" évite le rejet de 10 tonnes de CO2 par rapport à une voiture de même calibre brûlant des carburants fossiles. L’économie est deux fois plus importante qu’avec un véhicule roulant au bioéthanol versus un véhicule classique.
Faut-il alors abandonner la filière du bioéthanol au profit de centrales électriques à la biomasse ? Les chercheurs, dont les travaux sont publiés dans la revue Science (datée du 8 mai), soulignent que d’autres éléments, comme la pollution atmosphérique, la consommation de l’eau ou le coût de production des véhicules doivent également être pris en compte avant de réaliser un tel choix.
Sciences-et-Avenir.com
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