lundi 15 décembre 2008

L'Homme, violent et anti-nature depuis toujours?

DINotoxtrA, la mémoire de l'Histoire des Hommes

De DinotoxtrA


L’homme a toujours été violent et anti-écologique


Ce n’est pas nouveau de savoir que si l’Homo sapiens a gagné la grande bataille de l’évolution humaine, c’est parce qu’il a su mieux exploiter les ressources naturelles. Mais pour le paléoanthropologue Jean-Jacques Hublin, c’est une occasion de s’insurger comme une prétendue "vision politiquement correcte et idéalisée des chasseurs-cueilleurs de la préhistoire".

Il y a environ 200 000 ans en Afrique, il y aurait existé beaucoup d’espèces d’hominidés. En quelques sortes, des espèces humaines avant l’homme moderne, l’Homo Sapiens. Peut-être une dizaine dont l’homme de Neandertal.

D’un point de vue intellectuel, c’est assez enivrant de savoir cela, d’imaginer qu’il y eut plusieurs germes, plusieurs pousses d’espèces humaines, vaguement parallèles, du moins du point de vue génétique si ce n’est chronologique, et que, finalement, une seulement a survécu, l’Homo sapiens, commencée comme homme de Cro-Magnon.


Et si nous n’étions pas seuls sur Terre ?

Si plusieurs germes avaient survécu, on aurait alors pu imaginer une multi-humanité. Sans doute encore plus de problème de discriminations (des hominidés plus privilégiés que d’autres), et peut-être même, un plus grand degré d’appartenance chez les Homo sapiens, quelles que soient les petites différences quasi-invisibles génétiquement comme la couleur de la peau, des cheveux, des yeux, la forme du nez etc. Y aurait-il eu plusieurs sociétés parallèles, avec des niveaux d’intelligence différents ou similaires, une indifférence entre espèces ?

Des questions aussi inutiles que n’importe quelle masturbation intellectuelle, puisque, au final, seul l’Homo sapiens a subsisté.


Pourquoi nous et pas eux ?

La question scientifique essentielle, c’est de comprendre pourquoi toutes les autres espèces d’hominidés ont disparu, et en particulier, pourquoi l’homme de Neandertal a disparu alors que pendant quelques milliers d’années, il fut contemporain des premiers hominidés Homo sapiens. Une exposition récente au Musée de l’Homme avait abordé en automne 2006 ce thème crucial.

On a cherché beaucoup de raisons à ces disparitions, notamment des transformations climatiques (mais on a aussi démontré que les Néandertaliens avaient survécu à pas mal de grosses variations climatiques) ou encore la chute d’une météorite.


Réponse assez banale

Pourtant, la réponse semble aussi ordinaire que pour n’importe quelle autre espèce du règne animal : lorsque deux espèces sont en concurrence dans la même niche écologique, à terme, l’une d’elle disparaît face à l’autre. S’efface derrière l’autre.

C’est sans doute ce qu’il se serait passé avec l’homme de Neandertal et l’Homo sapiens.

Les Homo sapiens ont su mieux utiliser à leur profit l’écosystème dans lequel ils vivaient. C’est à partir de la colonisation de l’Europe par les Homo sapiens que de grandes espèces mammifères ont disparu comme l’ours des cavernes. Notre espèce humaine a su exploiter très efficacement son environnement animal et végétal.

En sachant mieux chasser, par exemple, l’Homo sapiens a rendu plus difficile la chasse des Néandertaliens voués à la famine. En sachant mieux se servir d’outils, il a pu mieux se défendre voire mieux attaquer les autres espèces d’hominidés.


Le péché originel ?

L’homme de Neandertal ne serait donc pas disparu uniquement par une moindre faculté concurrentielle face à l’Homo sapiens, mais sans doute aussi par le fait de quelques massacres provenant de ce dernier.

Notre espèce humaine ne serait donc pas toute innocente dans sa victoire sur l’évolution. D’ailleurs, c’est un peu normal quand on évoque la sélection naturelle.

On parle même de pratiques de cannibalisme dans certaines régions où on a retrouvé des os rayés par des outils pour enlever la chair humaine et qui n’ont rien d’un élément de rituel funéraire.

De DinotoxtrA


Rien de révolutionnaire

Tout ce qui je viens d’évoquer n’a rien de très nouveau et semble même plutôt la pensée majoritaire actuellement.

C’est même très commun de penser que l’Homo sapiens, dès le début de son apparition, a su exploiter au mieux toutes les ressources naturelles dont il a cherché la maîtrise, et a toujours voulu coloniser son environnement, en allant en Australie et même sur la Lune, peut-être dans quelques décennies, sur Mars.

Que c’est sans doute seulement depuis une quinzaine d’années que les humains ont pris conscience qu’à force d’exploiter sans réfléchir toutes les ressources terrestres, notamment le pétrole, il pourrait y avoir de gros problèmes pour le futur de l’humanité et qu’il s’agirait, d’une part, de prendre en compte cette gestion de fin de stocks, et d’autres part, de limiter tout ce qui pourrait dépraver l’environnement.


Pourquoi donc Jean-Jacques Hublin s’insurge-t-il ?

Mais alors, comment expliquer que le paléoanthropologue Jean-Jacques Hublin veuille en faire comme un élément nouveau dans la pensée sinon pour vendre avant les fêtes de Noël un peu mieux son nouveau livre co-écrit avec Bernard Seytre
"Quand d’autres hommes peuplaient la Terre, Nouveaux regards sur nos origines" (éd. Flammarion) ?

En effet, dans le dernier numéro de
"Sciences et Avenir" (n°742 de décembre 2008), Jean-Jacques Hublin parle d’un « fantasme d’un âge d’or du Paléolithique » en laissant entendre qu’une « idéologie post-soixante-huitarde et une mauvaise conscience post-coloniale biaisent aujourd’hui la recherche en préhistoire ».


Rendre polémique ce qui ne l’est pas ?

Par des petits mots, Jean-Jacques Hublin prétend que sa thèse est originale, nouvelle et même polémique alors qu’à ma connaissance, elle ne fait
que reprendre les réflexions et les recherches actuelles sur la question.

Par exemple, c’est le cas quand il s’écrie :
« Je vais faire hurler, mais pour moi, Neandertal, qui avait survécu à bien des variations climatiques avant la venue de Cro-Magnon, n’est que l’une de ses victimes. Il a été progressivement éliminé comme les autres grands compétiteurs carnivores : en lui ravissant ses proies et ses territoires, parfois aussi en le tuant. Mais c’est une interprétation taboue aujourd’hui. ».

Mais en quoi serait-ce une interprétation taboue ? pourquoi faudrait-il hurler ? Être péremptoire n’est pas forcément être révolutionnaire.

Il insiste en évoquant un fantasme, celui de croire que, à l’époque paléolithique,
« les hommes auraient été des pacifistes et des écologistes gérant leurs ressources » (mais qui aurait prétendu une telle affirmation ?) alors qu’ils « ne sont pas exempts ni de violence ni de hiérarchie ».


Une autre raison que commerciale ?

Et une phrase de l’interview laisse soudain découvrir que le responsable du département d’évolution humaine de l’Institut Max-Planck de Leipzig (qu’il a fondé en 2004) n’aurait peut-être pas que des préoccupations commerciales :
« On cherche, à travers des causes climatiques ou extérieures, à exonérer les ancêtres des Amérindiens ou des Aborigènes de toute responsabilité dans la disparition des mammouths ou des kangourous géants. ».

Depuis l'excellent site Agoravox!

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