vendredi 24 février 2012

Pourquoi dormir 8 heures?

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Combien d'entre-nous avons l'angoisse de nous réveiller pour de bon au milieu de la nuit ? Ce que nous enseigne la science du sommeil ainsi que l'histoire est que nous ne dormons pas vraiment comme avant. En particulier, le sommeil quasi-continu d'une durée de 8 heures serait peu naturel. 

Au début des années 90, un psychiatre du nom de Thomas Wehr a réalisé une étude peu orthodoxe : des volontaires devaient rester dans le noir durant 14 heures chaque jour du mois (cela correspond à une journée sans lumière artificielle). Les volontaires ont mis un peu de temps à voir leur sommeil se réguler. Toutefois, après 3 semaines, on retrouvait un mode de sommeil généralisé. Les volontaires dormaient durant 4 heures environ, restaient éveillés durant une heure ou deux, puis, las, se rendormaient pour 4 heures supplémentaires environ. Cette étude a frappé les spécialistes, mais l'idée de dormir 8 heures en continu reste dans les esprits. 

Ce n'est pas tout, en 2001, un historien américain du nom de Roger Ekirch a conclu après 16 ans de recherches historiques que la grande majorité des humains avaient pour habitude de dormir en deux étapes successives. C'est le résultat de déclarations dans des agendas personnels, dans les livres médicaux et la littérature. En général, les gens s'endormaient deux heures après la tombée de la nuit, se réveillaient durant une ou deux heures, puis s'endormaient à nouveau. 

Que faisaient les gens durant ce réveil au beau milieu de la nuit ? Ils restaient au lit, dormaient, écrivaient ou priaient (il y avait même des livres pour les prières à réaliser à ce moment). Bien entendu, nombreux d'entre-eux en profitaient pour parler avec le conjoint ou faire un « gros câlin sous la couette ». Un manuel de médecin du seizième siècle affirmait justement que c'était le moment le plus naturel pour faire un enfant. 

Les mentions de ces deux périodes de sommeil ont commencé à disparaître à la fin du dix-septième siècle, d'abord dans les hautes couches sociales en Europe. Cela s'est ensuite généralisé et correspond à l'arrivée de l'éclairage artificiel et à l'ouverture de cafés tard dans la nuit. Bientôt, de la sorte, les gens ont eu des activités sociales durant la nuit. En 1667, les grandes rues de Paris furent allumées grâce à des bougies. Lille suivit puis Amsterdam ; vinrent alors les lampes à huile. A la fin du siècle, plus de 50 villes européennes étaient éclairées la nuit. 

Passer beaucoup de temps allongé dans le lit devint progressivement une perte de temps dans la tête des gens. Une ville relativement petite comme Leipzig en Allemagne donnait du travail à 100 hommes pour veiller sur les 700 lampes. La révolution industrielle a accru cette notion de rendement du temps éveillé. Un journal médical de 1829 exhortait les parents à ne plus faire dormir leurs enfants en deux fois. 


De nos jours, nous sommes souvent frappés d'insomnies et surtout, on se réveille en pleine nuit en pleine forme et en ayant du mal à revenir à un sommeil réparateur. Le fait de vouloir dormir en une fois pourrait être l'origine du mal. On irait à l'encontre de notre physiologie naturelle, avant l'avènement de l'éclairage artificiel. Ceux qui se réveillent en pleine nuit deviennent anxieux de ne plus pouvoir se rendormir. 

30 % des problèmes que les médecins doivent résoudre ont une origine dans un sommeil perturbé, directement ou indirectement. Les médecins restent toutefois peu formés à ces problèmes de sommeil. Fut une époque où les gens étaient heureux de se réveiller en pleine nuit pour méditer sur ce qu'ils venaient de réveiller. On passe moins de temps à penser tranquillement (et pas à des choses stressantes). De là, l'abus de substances et le bond des dépressions ?


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