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Serait-ce le retour de E.T ? Pas loin, ou plutôt un super-hommage de près de deux heures à l’ex-wonder boy du ciné populaire américain (également co-producteur du projet, c’est plus simple), hommage qu’on sent d’ailleurs sincère de la part de Abrams. Pas un plan ou un détail qui ne fasse référence aux éléments de base de Rencontres du Troisième Type, Jurassic Park ou des autres productions Spielberg, les Goonies en tête. Super 8 mixe le tout récréant avec un plaisir d’antiquaire l’ambiance des seventies finissantes (un air de Blondie, l’arrivée du walkman) et présentant un groupe d’ados, ici lancés dans le tournage d’un film de zombies amateur, soudainement changé par l’irruption du surnaturel.
Un vrai « Retour vers le passé » qui fait la part belle à l’innocence de ses mini-héros soutenue par la candeur et fraîcheur de ses jeunes interprètes (la bouille de bébé de Joel Courtney, la très juste Elle Fanning). Sur ce plan-là, Super 8 retrouve parfois l’appréhension de cet « âge des possibles » autrefois à l’oeuvre dans Stand By Me (autre référence évidente). Hélàs, qui dit blockbuster dit action grand public et nous ne sommes plus en 1982… Si à cette époque, l’aspect artisanal des effets spéciaux deSpielberg conférait un côté féerique à son cinéma, le Hollywood de 2011 voit tout en effets numériques et grand spectacle patapouf : déraillement de trains, irruptions de l’armée, attaques de bus … et bébête extra-terrestre surdimensionnée.
Du E.T. puissance mille indéniablement spectaculaire (la catastrophe ferroviaire épate, mais pourquoi si gigantesque?) surmultipliant du coup l’invraisemblance de l’histoire et déréalisant le propos. Quant au giga-monstre assez risible visuellement, on voit bien qu’il n’intéresse pas Abrams, qui fait bien de le laisser dans l’ombre … pas encore assez, on voit que les techniciens hollywoodiens sont toujours influencés/traumatisés par Alien !
Le plus gênant, c’est le côté appuyé des emprunts spielbergiens qui restitue surtout les défauts de son cinéma souvent maladroit : personnages adultes simplistes et à l’inverse des enfants, mal défendus par leurs interprètes, mélo sur-signifiant (c’est dur, le travail de deuil), bons sentiments triomphants (pour échapper à un monstre, suffit de l’émouvoir!) culminant dans un final franchement ridicule : ah, ce symbole lourdaud du pendentif qu’on laisse échapper pour aller mieux, on ne les changera décidément pas ces américains.
Bien sûr dans un film de l’été, on ne s’embarrasse pas de subtilités, et rayon pop-corn movie, on a vu pire d’autant que le film remplit sa mission de divertissement. Si ce reboot du cinéma de Tonton Steven peut échapper in fine au jugement de simple « copié-collé spielbergien », c’est pour la tendresse qu’il réserve à ses ados se débattant avec les doutes et espoirs de leur jeune âge. Mais surtout pour l’amour du cinéma au cœur de son sujet et l’atmosphère du cinéma de genre de l’époque qu’il ressuscite (Joe Dante, George Romero et John Carpenter auquel on songe souvent). Un amour à l’oeuvre dans la finalement meilleure scène : celle du film réalisé par les enfants, pastiche de film amateur à ne surtout pas rater sur le générique de fin. Et là, pas de mensonge, c’est bien du Super 8.
Franck Rousselot
Super 8 (2011)
Film d’aventure américain de J.J. Abrams
Durée : 1h50 mn
Avec Joel Courtney, Elle Fanning, Ryley Griffiths…
Sortie : 3 août 2011
La bande-annonce :Film d’aventure américain de J.J. Abrams
Durée : 1h50 mn
Avec Joel Courtney, Elle Fanning, Ryley Griffiths…
Sortie : 3 août 2011
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