jeudi 31 mars 2011

Supprimer les RSA et RMI aux étrangers!



Dans le très instructif portrait de Patrick Buisson que publie cette semaine Paris-Match, cette phrase, au détour d'un paragraphe : "Il plaide ["il", c'est donc Buisson, le très écouté expert ès opinion de Nicolas Sarkozy] pour une grande loi de réhabilitation du travail ; elle lutterait contre l'assistanat en réservant par exemple le RSA et le RMI aux Français qui ont un travail."
Nous y voilà.
Tout commence par les mots. Depuis un certain temps, on redoutait que la dérive droitière de la rhétorique sarkozyste ne débouche sur un tournant radical. Dans les faits et plus seulement dans les mots.
Jusqu'ici, en effet, cette stratégie a produit l'inverse du but recherché. Le président-candidat espérait enrayer la fuite de ses électeurs vers l'extrême-droite. Il n'a réussi qu'à élargir la voie d'eau. Débat sur l'identité nationale, discours de Grenoble liant immigration et insécurité... A chaque fois, Marine Le Pen monte dans les sondages, et aussi dans les urnes (voir les cantonales). Avec ce beau résultat : Nicolas Sarkozy est désormais devancé par elle dans les intentions de vote et menacé – humiliation suprême - de se voir éliminé au premier tour de 2012.
S'il décide de persévérer dans cette voie – et il y paraît bien décidé, malgré les mises en garde d'un Fillon, d'un Baroin et d'autres, qui l'adjurent de délaisser la thématique national-sécuritaire et de se recentrer sur les questions économiques et sociales (chômage et pouvoir d'achat) -, il est condamné à passer à l'acte.
Exclure les étrangers du RSA et du RMI, c'est très exactement ce que réclame le Front national. C'est même une des rares constantes et peut-être la mesure la plus emblématique de son programme. La traduction directe du slogan de la "préférence nationale". Cela marquerait une rupture radicale avec la tradition républicaine, avec la philosophie même qui fonde notre protection sociale. Ce serait jeter des dizaines de milliers de familles dans la misère absolue.
On se dit que c'est trop énorme, que Sarkozy n'oserait pas. Mais celui qui réclame cette mesure n'est pas n'importe qui. C'est, comme le note Paris-Match, "l'éminence grise de Sarkozy". L'homme qui a "inventé" le ministère de l'Identité nationale, trouvaille à laquelle Nicolas Sarkozy pense devoir sa victoire de 2007. Le théoricien de la ligne nationale-populiste que l'on voit aujourd'hui prospérer.


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