dimanche 13 mars 2011

Amour et gloire sont sur Facebook.



On les a découverts il y a trois ans avec «L'open space m'a tuer», succès de librairie sur l'univers impitoyable des bureaux à l'américaine. Alexandre des Isnards et Thomas Zuber récidivent et publient «Facebook m'a tuer», une satire piquante du plus grand des réseaux sociaux.

En déclinant les saynètes comiques parodiant les travers des adeptes connectés, les deux Français plantent l'air de rien un regard caustique sur la façon dont Facebook est en train de modifier nos relations sociales. Leur thèse: «Facebook n'est pas qu'un site Internet, c'est devenu un mode de vie.» Alors autant faire son autocritique avant qu'il ne soit trop tard...

D'autant que nous sommes de plus en plus nombreux à être accros. Les auteurs admettent, eux-mêmes, une certaine addiction: «Je me suis «intoxiqué» pour voir comment ça marchait et préparer le livre, mais maintenant il faut admettre que je fais toujours de l'errance numérique le soir en rentrant à la maison», rigole Thomas Zuber.

Comme dans le monde de l'open space, dans celui des réseaux sociaux on adapte son attitude en fonction des autres. Forcément, puisqu'on y est jaugé - ou en tout cas susceptible de l'être - en permanence. Et tout comme l'open space, Facebook fait le lit d'une convivialité toute utopique. Bien sûr, on lui attribue de nobles résultats, comme celui d'avoir joué un rôle de catalyseur dans les récents mouvements d'émancipation des peuples arabes. Mais sous nos latitudes, quand on est sur Facebook, «on ne polémique pas, on s'aime», relèvent les auteurs.

Bien plus que dans la vraie vie, on s'échange des compliments, on se dit qu'on «s'adooooore». «Facebook ressemble à un salon de thé», ironise Alexandre des Isnards. «Les relations y sont souvent aseptisées, on se critique peu, explique Thomas Zuber. On est à la fois dans le voyeurisme et dans le nombrilisme. On a envie de voir ses amis, mais aussi d'être applaudi par eux. Bien sûr, Facebook n'a pas inventé le narcissisme, mais il le révèle, il l'amplifie.»

Sur l'écran se joue en boucle la comédie du bonheur. La surenchère en prime. «On veut être plus heureux que ses amis, alors on se met en scène, on montre des photos de ses enfants, des clichés de ses vacances, comme si on ne profitait pas de sa vie si on ne le faisait pas», relève Thomas Zuber.

Ce n'est pas bien méchant au fond, mais à double tranchant. «Quand les gens vont mal, par contre, ils ne publient pas sur leur mur qu'ils viennent de sortir de chez le médecin ou qu'ils prennent des antidépresseurs», raille le Français.

Sur Facebook, on expose son bon profil. A l'extrême souvent: sa première échographie, les prouesses de ses enfants, la bonne qualité de son transit, de celui de ses enfants... Une transparence inédite et un brin sournoise, selon les auteurs: «Si vous ne vous exposez pas, les gens se disent: «Il n'a pas de vie!» ou: «Il doit avoir quelque chose à cacher». En somme, si vous ne vous exposez pas, vous n'existez pas. Ce qui était l'apanage des stars s'est généralisé à tout le monde...»


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