samedi 23 octobre 2010

Une rétine artificielle pour recouvrer la vue?


http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/64878.htm
De nombreuses maladies provoquent aujourd'hui une perte partielle ou totale de la vision chez l'être humain. Ces maladies ont des origines différentes (génétiques, infections bactériennes, dégénérescences liées à l'age, etc.) et affectent des parties différentes du système oculaire (cornée, rétine, nerf optique) [1]. A ces maladies s'ajoutent les accidents provoquant une perte partielle ou totale de la vision. Dans un rapport publié sur le site de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les chiffres font état de plus de 161 millions de personnes souffrant de handicap visuel dans le monde en 2002. Le nombre d'aveugles est estimé à 37 millions pour la même année [2]. Aux Etats-Unis, on estime à 10 millions le nombre de personnes atteintes d'un handicap visuel lié à une maladie de la rétine. Nous reportions récemment dans un article les progrès réalisés à l'Université de Californie Irvine (UCI) concernant la création de rétines synthétiques à base de cellules souches (voir BE Etats-Unis 210 "Un premier tissu tridimensionnel obtenu à partir de cellules souches embryonnaires " [3]). La semaine dernière, c'est une équipe de l'University of Southern California (USC) qui a été récompensée par un prix Popular Mechanics Breakthrough.

L'équipe, menée par Mark Humayun et James Weiland de la faculté de médecine de USC, a mis au point un système, appelé Argus II, qui permet de restaurer une vision partielle chez les personnes rendues aveugles par des maladies dégénératives rétiniennes telles que les dégénérescences maculaires et les rétinites pigmentaires. Le système Argus II comprend une caméra vidéo intégrée à une paire de lunettes de soleil, dont le flux vidéo est transféré à un microprocesseur externe. Ce dernier transforme l'image obtenue en une série de signaux électriques envoyés à un réseau d'électrodes implanté directement sur la rétine, qui stimule alors les cellules rétiniennes encore viables situées sous la couche de cellules compromises [4]. Ces cellules transfèrent alors un signal au cerveau via le nerf optique, comme dans le cas d'un oeil sain, provoquant la formation d'une image. La résolution de cette image dépend du nombre de cellules stimulées et donc du nombre d'électrodes implanté. Actuellement, l'implant en comprend 60 et offre donc une vision en niveaux de gris constituée d'une grille de 60 carrés. Le niveau de gris de chaque pixel dépend de l'intensité lumineuse reçue. Une nouvelle génération est en cours de développement et comprend 240 électrodes. La prochaine étape consiste à créer un implant comprenant 1024 électrodes, un problème complexe car il nécessite la mise au point d'un design permettant d'inclure ces électrodes dans un volume compatible avec une implantation dans l'oeil tout en évitant les interférences liées à la superposition des champs électriques quand ces électrodes fonctionnent. Mais, même une fois cette étape atteinte, la vision offerte par cette prothèse sera toujours bien en deçà de la vision humaine normale, qui s'appuie sur un réseau de 100 à 125 millions de photorécepteurs.

Les essais cliniques actuels portent sur une trentaine de personnes, qui ont chacune reçu l'implant comprenant 60 électrodes. Totalement aveugles il y a peu, elles sont aujourd'hui capables de lire des lettres de grande taille, repérer un passage piéton ou un arrêt de bus dans la rue. La résolution actuelle n'est pas assez fine pour permettre de reconnaître un visage mais les résultats obtenus sont très encourageants et montrent que la technologie fonctionne. Le projet de développement d'Argus II mobilise 5 laboratoires d'état [5], 4 universités [6] et un partenaire industriel en charge de la manufacture des systèmes : Second Sight Medical Products Inc.

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[4] Dans ce cas, les cellules ganglionnaires

[5] Lawrence Livermore National Lab (NL), Sandia NL, Oak Ridge NL, Argonne NL et Los Alamos NL

[6] Faculté de Médecine de USC, Ecole d'Ingénieur de USC, Université de Californie Santa Cruz et Institut de Technologie de Californie


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