Les programmes de réintroduction du loup dans son milieu d'origine posent problème aux Etats-Unis tant par les difficultés soulevées à l'occasion de leur mise en oeuvre que par les répercussions engendrées par leur réussite. Ainsi, si le projet de réintégration dans la région des rocheuses peut être considéré comme un succès, les experts se retrouvent maintenant face à des problématiques de surpopulation, les meutes existantes migrant vers de nouveaux espaces. A contrario, le projet de la région du sud ouest (frontière américano-mexicaine, désert du Sonora) ne donne pas de résultat, le nombre de bêtes recensées chaque année ayant récemment diminué.
Classées sur la liste des espèces en danger au titre de l' "Endangered Species Act" en 1974, les sous-espèces de loups gris, tel le loup gris du Mexique présent dans les états transfrontaliers (Arizona, Nouveau Mexique) ou le loup gris des Rocheuses ayant élu domicile dans la région de Yellowstone, étaient alors menacées d'extinction. Quasiment absentes du paysage américain dans les années 80, elles furent alors l'objet de plusieurs programmes de réintroduction de la part de l'agence fédérale en charge de la protection de la faune et de la flore sauvage ("Fish & Wildlife Services" - FWS).
Une vingtaine d'années plus tard, le bilan est contrasté. Si les populations du nord-ouest ont pu bénéficier de conditions exceptionnelles de réinsertion au sein du parc national de Yellowstone, ce n'est hélas pas le cas du loup gris du Mexique, dont la réintégration a eu lieu dans des espaces délimités et principalement dédiés à l'élevage et aux loisirs (chasse...). A la croisée d'intérêts économiques et environnementaux, le loup gris du Mexique n'a pu bénéficier d'un milieu d'accueil naturel, rendant ainsi vulnérable la survie de l'espèce.
Mis en place en 1987, le "Northern Rocky Mountain Wolf Recovery Plan", a fait appel à des populations sauvages de loup gris des Rocheuses vivant au Canada pour repeupler le nord-ouest des Etats-Unis. Ne bénéficiant pas de prédateurs et évoluant dans des espaces naturels protégés depuis un siècle, ces meutes se sont rapidement appropriées ce nouvel habitat. Le FWS dénombre aujourd'hui plus de 1 700 individus alors qu'il n'en recensait que quelques spécimens en 1994. La réussite de ce programme a par ailleurs poussé les autorités des états de l'Idaho et du Montana à lever leur protection du loup gris. Retiré de la liste des espèces en danger en 2009, il peut maintenant être chassé lorsque qu'il s'attaque aux élevages. Il reste toutefois protégé au sein des parcs nationaux des deux états et dans le Wyoming.
Dans les états du sud-ouest, ne présentant plus aucune population endémique de loup gris du Mexique, les experts ont alors fait appel à des projets de reproduction en captivité entre 1977 et 1980 sur des populations originaires du Mexique. Cette initiative a donné lieu à la mise en place d'un programme de réintroduction en 1998 ("Mexican Gray Wolf Recovery Plan") dont le succès laisse à désirer, 27 animaux ayant été recensé cette année en Arizona et seulement 15 au Nouveau Mexique. Selon Benjamin Tuggle, directeur de FWS, la difficulté du plan de réintégration du loup gris du Mexique tient à la nécessité de délimiter son habitat aux zones déterminées par la loi. Ainsi, toute bête trouvée en dehors de la zone définie est immédiatement rapatriée, empêchant ainsi l'espèce d'évoluer librement. Par ailleurs, Tuggle souligne la différence de milieu d'habitat entre les deux programmes. Si le loup des rocheuses a bénéficié de conditions exceptionnelles, le cadre de réintégration au Nouveau Mexique avait fortement été impacté par les activités humaines (chasse, élevage) au préalable.
Des différences culturelles et médiatiques dans la perception de la réapparition du loup gris peuvent par ailleurs être relevées entre les deux régions. Si le loup gris des rocheuses a fait l'objet d'une couverture médiatique favorable (notamment en raison de l'écotourisme entourant le parc de Yellowstone), ce ne fut le cas des états du sud, où la réapparition de l'espèce n'a pas fait l'unanimité auprès des éleveurs de bétail. Peu convaincus de l'intérêt du programme (les générations actuelles n'ayant pas eu à côtoyer le loup gris), les éleveurs n'ont cessé de déposer des plaintes. Selon Jess Caray, enquêteur dans un comté du Nouveau Mexique, les loups seraient responsables de 200 attaques, ayant entrainé la mort de bétail ou d'animaux domestiques (bien que la réalité soit probablement bien plus importante).
Le FWS souligne ainsi le conflit latent entre les intérêts économiques (l'élevage représentant la première source de revenus pour de nombreux comtés de la région du sud ouest) et les enjeux environnementaux, à savoir la préservation de la biodiversité et des milieux naturels. La difficulté de faire aboutir ces programmes de réintégration révèle par ailleurs la nécessité de prendre en compte la perception culturelle de ces projets dans chaque région.
Classées sur la liste des espèces en danger au titre de l' "Endangered Species Act" en 1974, les sous-espèces de loups gris, tel le loup gris du Mexique présent dans les états transfrontaliers (Arizona, Nouveau Mexique) ou le loup gris des Rocheuses ayant élu domicile dans la région de Yellowstone, étaient alors menacées d'extinction. Quasiment absentes du paysage américain dans les années 80, elles furent alors l'objet de plusieurs programmes de réintroduction de la part de l'agence fédérale en charge de la protection de la faune et de la flore sauvage ("Fish & Wildlife Services" - FWS).
Une vingtaine d'années plus tard, le bilan est contrasté. Si les populations du nord-ouest ont pu bénéficier de conditions exceptionnelles de réinsertion au sein du parc national de Yellowstone, ce n'est hélas pas le cas du loup gris du Mexique, dont la réintégration a eu lieu dans des espaces délimités et principalement dédiés à l'élevage et aux loisirs (chasse...). A la croisée d'intérêts économiques et environnementaux, le loup gris du Mexique n'a pu bénéficier d'un milieu d'accueil naturel, rendant ainsi vulnérable la survie de l'espèce.
Mis en place en 1987, le "Northern Rocky Mountain Wolf Recovery Plan", a fait appel à des populations sauvages de loup gris des Rocheuses vivant au Canada pour repeupler le nord-ouest des Etats-Unis. Ne bénéficiant pas de prédateurs et évoluant dans des espaces naturels protégés depuis un siècle, ces meutes se sont rapidement appropriées ce nouvel habitat. Le FWS dénombre aujourd'hui plus de 1 700 individus alors qu'il n'en recensait que quelques spécimens en 1994. La réussite de ce programme a par ailleurs poussé les autorités des états de l'Idaho et du Montana à lever leur protection du loup gris. Retiré de la liste des espèces en danger en 2009, il peut maintenant être chassé lorsque qu'il s'attaque aux élevages. Il reste toutefois protégé au sein des parcs nationaux des deux états et dans le Wyoming.
Dans les états du sud-ouest, ne présentant plus aucune population endémique de loup gris du Mexique, les experts ont alors fait appel à des projets de reproduction en captivité entre 1977 et 1980 sur des populations originaires du Mexique. Cette initiative a donné lieu à la mise en place d'un programme de réintroduction en 1998 ("Mexican Gray Wolf Recovery Plan") dont le succès laisse à désirer, 27 animaux ayant été recensé cette année en Arizona et seulement 15 au Nouveau Mexique. Selon Benjamin Tuggle, directeur de FWS, la difficulté du plan de réintégration du loup gris du Mexique tient à la nécessité de délimiter son habitat aux zones déterminées par la loi. Ainsi, toute bête trouvée en dehors de la zone définie est immédiatement rapatriée, empêchant ainsi l'espèce d'évoluer librement. Par ailleurs, Tuggle souligne la différence de milieu d'habitat entre les deux programmes. Si le loup des rocheuses a bénéficié de conditions exceptionnelles, le cadre de réintégration au Nouveau Mexique avait fortement été impacté par les activités humaines (chasse, élevage) au préalable.
Des différences culturelles et médiatiques dans la perception de la réapparition du loup gris peuvent par ailleurs être relevées entre les deux régions. Si le loup gris des rocheuses a fait l'objet d'une couverture médiatique favorable (notamment en raison de l'écotourisme entourant le parc de Yellowstone), ce ne fut le cas des états du sud, où la réapparition de l'espèce n'a pas fait l'unanimité auprès des éleveurs de bétail. Peu convaincus de l'intérêt du programme (les générations actuelles n'ayant pas eu à côtoyer le loup gris), les éleveurs n'ont cessé de déposer des plaintes. Selon Jess Caray, enquêteur dans un comté du Nouveau Mexique, les loups seraient responsables de 200 attaques, ayant entrainé la mort de bétail ou d'animaux domestiques (bien que la réalité soit probablement bien plus importante).
Le FWS souligne ainsi le conflit latent entre les intérêts économiques (l'élevage représentant la première source de revenus pour de nombreux comtés de la région du sud ouest) et les enjeux environnementaux, à savoir la préservation de la biodiversité et des milieux naturels. La difficulté de faire aboutir ces programmes de réintégration révèle par ailleurs la nécessité de prendre en compte la perception culturelle de ces projets dans chaque région.
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