Par Pilipenko
Deux semaines avant qu'une sonde de la Nasa n'aille s'écraser près du pôle sud de la Lune, pour détecter ou non la présence d'eau dans l'analyse du nuage de poussière et de débris soulevé par l'impact, trois observations viennent confirmer cette présence. Les auteurs de la première étude ont utilisé les données fournies par un instrument de la Nasa baptisé Moon Mineralogy Mapper ou M3, transporté à bord de Chandrayyan-1, premier satellite indien à avoir été placé sur orbite lunaire en 2008 et ayant cessé de fonctionner récemment. Cet instrument de cartographie minéralogique de la Lune analyse la réflexion de la lumière du soleil sur la surface lunaire pour déterminer sa composition. La lumière se reflète en longueurs d'onde différentes selon la nature des minéraux et les chercheurs peuvent utiliser ces variations pour déterminer la composition de la couche supérieure du sol de la Lune.
Le M3 a détecté une longueur d'onde lumineuse indiquant un élément chimique liant l'hydrogène et l'oxygène, Ils précisent que cela prouve la présence d'eau, formée de deux atomes d'hydrogène liés à un atome d'oxygène.
Jusqu'à cette découverte, les scientifiques avançaient la théorie, non prouvée, de la présence de glace dans des zones d'obscurité permanente au fond de cratères situés aux pôles et pensaient que le reste de la Lune était totalement sec. Puisque les roches et les sols de la Lune contiennent environ 45% d'oxygène, il reste à déterminer d'où provient l'hydrogène observé par les instruments des trois sondes. Ces chercheurs pensent qu'il pourrait provenir des vents solaires. Le soleil émet constamment des particules, surtout des protons chargés d'atome d'hydrogène dans le processus de fusion nucléaire, qui bombardent le sol lunaire. Selon les estimations des scientifiques il pourrait y avoir 25% d'eau par tonne de sol lunaire.
Ces informations données par la Nasa relance toutes les spéculations sur la possibilité d'utiliser cette eau pour des astronautes. Elle tombe plutôt bien voire trop bien alors que le programme lunaire de la Nasa est sur la sellette.
Le bombardement lunaire, effectué le 9 octobre dernier, avait laissé les spectateurs sur leur faim. Malgré la réussite technique l'étage de fusée et la sonde LCROSS avaient parfaitement fait leur boulot les scientifiques n'avaient pu faire de science "en direct". Pire, malgré l'armada de télescopes spatiaux et terrestres mobilisés pour observer le bombardement, presque rien n'avait été vu, à part un vague signal thermique. Alors que la Nasa avait annoncé un "panache" spectaculaire de matériaux éjectés.
Plus de quatre semaines d'analyse des données enregistrées par la sonde lors de ses dernières minutes de vie, avant qu'elle s'écrase elle aussi sur le cratère ont donc été nécessaires pour apporter une réponse positive à la question : "Y a t-il de la glace, probablement des débris de comètes, au fond des cratères lunaires qui sont en permanence dans l'obscurité ?"
Il faut tout de même souligner que les informations données par la Nasa sont encore fragmentaires, aucun article scientifique n'ayant été publié. L'image du choc provoqué par la chute de l'étage de fusée Centaur n'a pas été si facile que cela à fournir. Autrement dit, la tache du panache que l'on voit ici distinctement n'était sûrement pas visible avec un tel contraste sur l'image brute. Les analyses spectrométriques, ont elles aussi donné manifestement du fil à retordre aux scientifiques.
Quant à l'eau, il est utile de reproduire le texte précis du communiqué de la Nasa. "We are ecstatic," said Anthony Colaprete, LCROSS project scientist and principal investigator at NASA's Ames Research Center in Moffett Field, Calif. "Multiple lines of evidence show water was present in both the high angle vapor plume and the ejecta curtain created by the LCROSS Centaur impact. The concentration and distribution of water and other substances requires further analysis, but it is safe to say Cabeus holds water."
"Nous sommes extasiés," a dit Anthony Colaprete, LCROSS projette le scientifique et l'enquêteur principal au Centre de recherches Ames de la NASA dans le Champ Moffett, la Californie "les lignes Multiples de preuve montre que l'eau était présente tant dans la haute plume de vapeur angulaire que dans le rideau éjecta créé par l'impact de Centaure LCROSS. La concentration et la distribution d'eau et d'autres substances exigent la nouvelle analyse, mais il est sûr de dire que Cabeus tient de l'eau."
Un peu plus tard, Colaprete parlera d'une «dizaine de seaux d'eau de 7,5 litres»... Si l'on pense que le cratère creusé par le bombardement était censé faire entre 20 et 30 mètres de profondeur, pour cent ou deux cents mètres de diamètre, c'est à la fois beaucoup et pas tant que cela... et Colaprete donne un chiffre sans sa barre d'erreur... dont nous n'avons pas idée. Parle t-il du haut ou du milieu de la fourchette ?
Ces remarques peuvent sembler ironiques et déplacées. Après tout, l'idée de pouvoir compter sur une ressource en eau pour une base lunaire est précieuse si l'on veut utiliser notre astre nocturne pour y installer, par exemple, des laboratoires scientifiques ou des instruments d'astronomie mettant à profit son environnement.
Donc, malgré mes réserves, je n'ai qu'une attente : qu'on aille y voir de plus près. Juste par curiosité, ce vilain défaut qui joue un si grand rôle dans l'histoire des hommes. Faut-il y envoyer des robots foreurs ? Des astronautes ? La réponse n'est manifestement pas technique, mais liée aux raisons politiques qui sont à l'origine des vols habités depuis Gagarine et Glenn.
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