vendredi 26 mars 2010

Un cousin de Sibérie.

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Pendant longtemps les Cro-Magnons et les Néandertaliens ont tenu la vedette de la période préhistorique. Mais ce face-à-face est désormais obsolète: ils n’étaient pas les seuls à vivre en Europe et en Eurasie il y a 30.000 à 40.000 ans. Un nouveau membre de la famille des Homo a été découvert en Sibérie, dans les montagnes de l’Altaï, annoncent aujourd’hui des chercheurs dans la revueNature.

En 2008, des chercheurs trouvent une phalange dans la grotte de Denisova, dans l’Altaï. Difficile de dire à qui appartenait ce petit bout d’os. Jusqu’à ce que l’équipe de Svante Pääbo et Johannes Krause, de l’Institut Max Planck de Leipzig (Allemagne), s’en mêle. Ces chercheurs se sont illustrés par le séquençage de l’ADN nucléaire de l’homme de Neandertal. A partir de quelques dizaines de milligrammes de poudre d’os, ils sont parvenus à extraire et séquencer l’ADN mitochondrial (contenu dans de petites organites de la cellule) de l’inconnu de Denisova. Et à le comparer avec l’ADN mitochondrial (ADNmt) d’Homo sapiens sapiens (l’homme moderne) et d’Homo neandertalensis.

Un homme nouveau

Première conclusion: il s’agit d’un type d’Homo différent qui était très probablement contemporain et voisin des Néandertaliens et des premiers hommes modernes. A 100 km de Denisova, dans les montagnes de l’Altaï, des restes de Néandertaliens ont été retrouvés.

Seconde conclusion: ce nouveau venu partageait un ancêtre commun avec les premiers hommes modernes et les Néandertaliens il y a environ un million d’années (contre 500.000 ans environ pour les deux autres). L’ADN mitochondrial, transmis par la mère, permet de reconstruire des lignées et donc de placer un individu dans un arbre phylogénétique.

Une autre sortie d'Afrique

Les implications de cette découverte sont nombreuses. Elle contraint à revoir une nouvelle fois les routes suivies par les différentes branches d’Homo depuis l’Afrique vers l’Asie, l’Eurasie ou l’Europe de l’ouest. L’homme de Denisova ne serait pas issu de la branche d’Homo erectus (ou ergaster africain) sortie d’Afrique il y a presque 2 millions d’années, analysent Pääbo et Krause. Il ne serait pas non plus issu des Homo heidelbergensis, ancêtres présumés des Néandertaliens, qui auraient eux quitté le berceau africain il y a entre 300.000 et 500.000 ans. Conclusion : il faut envisager une autre sortie d’Afrique.

Multiples vérifications

Pour s’assurer que le matériel génétique issu de la phalange n’est pas contaminé, les chercheurs du Max Planck utilisent plusieurs niveaux de vérification : 1/ l’extraction est réalisée deux fois, 2/ la séquence est comparée avec de l’ADNmt moderne pour vérifier qu’il s’agit bien de l’ADN d’un seul individu, 3/ les caractéristiques connus d’un ADN ancien ayant subi des dégradations permet de confirmer qu’il ne s’agit pas de l’ADN d’un chercheur!

Ces travaux témoignent de la portée des nouvelles méthodes d’analyses de l’ADN ancien en anthropologie. Sans l’extraction de l’ADNmt, ce petit bout d’os de la main n’aurait jamais pu permettre de déterminer de quel type d’Homo il s’agissait. Extraire l’ADN nucléaire, la fameuse molécule abritée par le noyau de la cellule, donnerait accès à davantage d’informations encore. Mais il est plus difficile à récupérer que l’ADN des mitochondries, dont chaque cellule contient plusieurs milliers de copies.

Cécile Dumas
Sciences et avenir.fr


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