jeudi 14 janvier 2010

Diane Kruger au Festival du Film de Venise.

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Quelle année! Ultrablonde et sans peur dans le dernier Tarantino, la voici brune et amoureuse dans Mr. Nobody. En sept ans, la plus Française des Allemandes est vraiment devenue quelqu'un.
Pendant que d'autres s'égarent dans d'improbables aventures musicales ou des soirées mondaines, elle se présente à l'heure à ses interviews (même téléphoniques, comme c'est le cas aujourd'hui) et bosse. De plus en plus : on n'est pas près de l'oublier en espionne allemande dans Inglourious Basterds (près de 3 millions d'entrées en France). On la retrouve aujourd'hui dans Mr. Nobody, drame torturé et futuriste du Belge Jaco Van Dormael, dans lequel elle vit un amour fou avec Jared Leto et s'offre un beau voyage sur la planète Mars. Mars, où l'ancien mannequin, nouvelle égérie de L'Oréal, pourrait décrocher l'oscar du meilleur second rôle. Et c'est tout sauf de la science-fiction.
Votre nom a figuré au générique de cinq films en 2009, dontInglourious Basterds. Quel bilan tirez-vous de cette année particulière ?
Contrasté. C'est une année très riche, pleine de challenges, très payante au niveau professionnel, mais épuisante sur le plan personnel. Mon compagnon [NDLR : l'acteur canadien Joshua Jackson] vit à Vancouver. Dès que j'ai trois jours de repos, je file le voir. J'ai l'impression d'avoir passé mon année dans des avions.
A un tel rythme de tournages, ne craignez-vous pas de passer à côté de bonheurs personnels importants ?
Non, non, je fais tout pour que cela n'arrive plus. J'ai rencontré l'homme qu'il me faut. Je sais où sont mes priorités.






























































Avez-vous néanmoins l'impression d'avoir franchi un palier grâce à la comédie d'espionnage de Tarantino ?
C'est la première fois que je joue dans un film plébiscité à la fois par la critique et par le public et c'est très agréable. Dans la rue, il arrive que l'on me parle de certains de mes films, comme Pour elle [NDLR : de Fred Cavayé, sorti en 2008]. Ça aussi, c'est nouveau, et cela fait très plaisir. Ce qui a changé, c'est mon degré d'exigence : je ne veux plus tourner pour tourner, comme j'ai pu le faire à mes débuts. Le regard des autres, en tout cas à Hollywood, n'est plus tout à fait le même non plus. Avant, on me considérait comme européenne, c'est-à-dire fine, fragile, blonde. Maintenant, on m'offre des rôles plus audacieux, par exemple dans le film que je m'apprête à tourner avec Liam Neeson, j'incarne une immigrée serbe.
Un nouveau tournage à Berlin, alors que vous n'avez jamais joué dans votre langue natale.
Oui, je sais, c'est étrange... La première fois que j'ai tourné à Berlin, je m'y sentais une étrangère. Aujourd'hui, j'apprécie beaucoup la ville, même s'il fait un froid terrible en hiver. J'y vivrais volontiers pendant quelques mois.
Votre pays d'origine ne vous en veut-il pas un peu de l'avoir abandonné ?
Il m'est arrivé de me le demander... Au début de ma carrière, la presse populaire allemande s'est montrée très dure avec moi et je l'ai très mal vécu. Le journal Bild espérait sans doute que je lui glisse des indiscrétions sur Hollywood, ce que j'ai refusé. Maintenant, je ne me pose plus trop de questions. Je suis fière de mes racines. J'aime mon pays, je m'y rends volontiers pendant les fêtes, mais j'ai vécu la moitié de ma vie entre la France et les Etats-Unis et ça me va très bien comme ça.
Qui vous appelle encore Fraulein Heidkrüger ?
A part les policiers lors du contrôle des passeports, plus grand monde !
Dans Mr. Nobody, vous incarnez Anna, une jeune femme qui patiente durant des années avant de retrouver par hasard l'homme qu'elle aime. On vous imagine beaucoup moins attentiste que votre personnage.
C'est vrai, j'admire la patience d'Anna, surtout en amour ! [Rires.] Je suis très volontaire, mais je n'ai pas tout obtenu à la force du poignet pour autant. J'ai eu beaucoup de chance, aussi. J'adore la poésie deMr. Nobody, l'idée que notre vie peut se réécrire sans cesse, que notre destin est multiple.



Vous avez forcé le vôtre en quittant votre village natal d'Algermissen, au sud-est de Hanovre, pour devenir danseuse, puis mannequin, puis comédienne.
Je suis pleine de doutes, je flippe avant chaque tournage, mais j'ai toujours cru en moi. Ce métier est tellement dur, surtout pour les filles. Si on n'a pas la foi soi-même, qui d'autre peut l'avoir pour vous ? J'ai toujours rêvé de monter sur scène. Petite, j'étais insupportable avec ma mère, je me rebellais contre les soeurs de mon école catholique, je rêvais de voyager. L'idée de rester bloquée dans mon village où tout le monde connaissait tout le monde m'était insupportable. Je ne remercierai d'ailleurs jamais assez ma mère de m'avoir laissée partir à 15 ans pour Paris. Partir a été la meilleure décision de ma vie.
Que vous ont enseigné vos années de mannequinat ?
Plein de choses, comme bien prendre la lumière, être à l'aise devant un objectif, et savoir m'habiller, ce qui n'était pas gagné ! C'était une période assez magique. Je vivais entre New York et Paris, où j'ai toujours un appartement. Je ne parlais pas un mot de français, je sortais beaucoup et pas toujours avec les bonnes personnes, mais j'ai beaucoup appris.
Restez-vous un peu Parisienne, malgré votre carrière internationale ?
Je possède un appartement à Los Angeles pour des raisons pratiques mais, oui, j'aurais beaucoup de mal à me passer de Paris. Le café de Flore reste mon bureau préféré et il m'arrive encore de rêver en français ! Le problème, c'est que mon coeur ne se trouve pas en France en ce moment. Mais je fais en sorte de tourner au moins un film par an là-bas. Je n'oublie pas que c'est la France qui m'a donné mes meilleurs rôles, et que c'est l'Europe qui m'a permis de faire ce métier.
C'est aussi Guillaume Canet, votre ex-mari, qui vous a offert votre premier rôle important, dans Mon idole, en 2002.
Oui, Guillaume reste celui qui m'a donné ma première chance. Je l'en ai souvent remercié, d'ailleurs.
On murmure votre nom pour l'oscar du meilleur second rôle, en mars prochain. Vous arrivez à ne pas trop y penser ?
C'est très difficile de répondre... Cela me semble tellement surréaliste d'entendre parler des Oscars. Ce qui est sûr, c'est que, quoi qu'il arrive le 7 mars prochain, j'ai d'ores et déjà gagné à la loterie grâce àInglourious Basterds. Tourner pour Quentin, c'est vraiment une aventure. En ce moment, toute l'équipe fait campagne pour parler du film. Je dîne avec des metteurs en scène que j'adore, comme Darren Aronofsky. J'espère vraiment que le film sera nominé.
Votre compagnon n'est-il pas effrayé par votre nouvelle notoriété aux Etats-Unis ?
Oh non, il est beaucoup plus connu que moi, là-bas ! C'est plutôt moi qui prends des photos de lui quand il est avec ses fans !

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