mardi 1 décembre 2009

Anti-Flag contre les Majors?


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The People Or The Gun ne dure qu’une trentaine de minutes et il semblerait, d’après ce que j’ai lu, que ce soit volontaire. Pourquoi teniez-vous tellement à ce qu’il soit court ?
En fait, ce n’était pas un but en soi. Ce que l’on voulait, c’était faire un disque intense avec des morceaux rapides et agressifs. Or, généralement, les titres de cette trempe tournent autour des deux/trois minutes et, quand on les met bout à bout, on obtient un album court. Ce qui ne nous gênait nullement dans la mesure où certains de nos disques fétiches le sont tout autant.

Oui, mais il faut penser à ceux qui achètent les CDs. Si votre album a la durée d’un EP, il devrait aussi en avoir le prix. Et c’est loin d’être le cas.
C’est vrai mais, pour en avoir discuté avec beaucoup de fans, je n’ai pas l’impression qu’ils associent le prix et la durée. Ce qu’ils nous disent, c’est qu’ils veulent de bons morceaux — et non du remplissage. Depuis l’avènement du CD, on peut faire tenir quatre-vingt-dix minutes sur un album. Mais faut-il absolument utiliser tout l’espace disponible ? Je ne crois pas. Cela étant, je ne prétends pas avoir raison dans l’absolu. C’est juste ce que, nous, nous avons décidé en connaissance de cause. On est très sensibles à la problématique du prix, car nous voulons évidemment que tout le monde puisse avoir accès à notre musique. Mais on a pu constater que baisser le prix n’était pas forcément une solution parce que les intermédiaires en profitent alors souvent pour augmenter leurs marges au détriment du client.

J’ai récemment interviewé le chanteur de Peter And The Test Tube Babies et il me disait qu’ils comptaient mettre leur prochain album en téléchargement gratuit sur leur site Internet. Qu’est-ce que cela t’inspire ?
C’est une vaste question : quelle est la valeur de la musique ? Si l’on considère qu’elle est nulle et que tout devrait être gratuit, alors il n’y aura bientôt plus de musique parce que les artistes devront retourner bosser à l’usine et qu’ils n’auront plus le temps de composer. Moi, je n’ai pas besoin d’une Ferrari, mais je considère qu’il est légitime d’être rétribué quand on consacre trois mois à enregistrer un disque.

Pourquoi êtes-vous repassés d’une major à un indé, alors ? Y a-t-il un rapport avec la controverse suscitée à l’époque par votre signature avec RCA parce que c’est une société capitaliste et vous un groupe anticapitaliste ?
Le fait est que RCA est bel et bien capitaliste et nous anticapitalistes. Mais l’expérience a été enrichissante : c’était intéressant de voir de l’intérieur comment le "Diable" opère. On s’était mis d’accord avec eux, on devait faire deux albums, on a rempli nos obligations et on s’est séparés ensuite. Puisque cela a quand même plus de sens de travailler avec des labels indépendants, on est retournés dans notre "milieu naturel". Mais, d’un point de vue artistique, on n’avait rien à reprocher à RCA. On a gardé un contrôle total sur notre musique, notamment.

Donc les expérimentations à base de chœurs d’enfants et d’instruments inhabituels, c’était une idée à vous ?
Oui. Tout ce que l’on peut entendre sur nos deux CDs chez RCA, que ce soit génial ou nul, vient de nous.

Et que cherchiez-vous à accomplir, exactement ?
On est un groupe de punk-rock et on a toujours fait des disques de punk-rock depuis le début. Mais là, pour une fois, on bénéficiait d’un budget d’enregistrement nettement plus élevé et on avait la possibilité de travailler avec des gens plus créatifs comme Tony Visconti, qui avait bossé avec David Bowie, Paul McCartney et bien d’autres. On s’est donc dit que l’on devrait voir ce que pourrait donner Anti-Flag avec un son plus riche que d’habitude. Certains ont apprécié notre démarche, d’autres non, mais on s’en fout, on est contents du résultat.

Sur The People Or The Gun, vous avez un morceau qui s’intitule Sodom, Gomorrah, Washington DC. Faut-il en déduire que vous voudriez que Washington soit détruite pour ses péchés ?
(Rires) Non, je ne pense pas que quoi que ce soit doive être détruit pour quelque raison que ce soit. Et surtout pas pour une histoire de péchés, ce qui impliquerait que je m’estime meilleur qu’autrui. En réalité, cette chanson explique que des guerres de religion continuent d’empoisonner les États-Unis et que c’est l’industrie de l’armement qui tire les ficelles. Quant aux fondamentalistes des trois grandes religions, ils profitent de ces guerres afin de consolider leur pouvoir et c’est très mauvais pour tout le monde.

En parlant d’armes, vous avez sorti le EP A Benefit For Victims Of Violent Crime parce que la sœur de votre bassiste a été assassinée avec son copain. Or, habituellement, quand ce genre de drame survient aux États-Unis, les bien-pensants y vont de leur petit couplet en incriminant les jeux vidéo ou Marilyn Manson. Alors comment l’expliquerais-tu, toi qui n’es pas du même bord ?
Ce n’est certainement pas aussi simple que de blâmer Marilyn Manson ou n’importe qui d’autre, en tout cas ! Le problème, aux USA, c’est qu’il y a beaucoup trop de grosses raclures qui ont amassé beaucoup trop d’argent. Il faut redistribuer tout cela — et on peut commencer par le peu que je possède, je suis d’accord ! La misère plonge beaucoup de gens dans le désespoir, lequel engendre à son tour la violence. C’est en faisant disparaître la pauvreté que l’on réduira la criminalité.







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