ANTROPOLOGIE • L’homme moderne, cette mauviette
Un archéologue australien a tenté de comparer les performances physiques de l’être humain depuis 30 000 ans : elles n’auraient jamais été aussi faibles qu’aujourd’hui.
Ils sont nés environ 30 000 ans trop tôt. Si les hommes et les femmes de Néandertal avaient participé aux premiers Jeux olympiques, en 776 ans avant J.-.C, ou à ceux de Pékin l’an dernier, l’homme moderne n’aurait pas eu la moindre chance. Tout se serait joué entre néandertaliens. Aujourd’hui, personne ne leur arriverait à la cheville sur le plan des capacités physiques. C’est du moins la conclusion de l’Australien Peter McAllister, archéologue et paléoanthropologue de Perth, qui a rassemblé données historiques, études de fossiles et observations ethnologiques dans un livre intitulé Manthropology : The Secret Science of Modern Male Inadequacy [Andropologie : la science secrète de l’inadéquation de l’homme moderne]. McAllister s’intéresse aux performances physiques de l’humanité depuis l’apparition d’Homo sapiens ; et il juge que sur ce plan l’homme actuel fait bien pâle figure par rapport à ses ancêtres.
Les soldats romains, plus costauds que nos sportifs
Le paléoanthropologue se fonde par exemple sur les empreintes de pieds fossilisées laissées par des Aborigènes sur un sol glaiseux d’Australie au cours d’une chasse, il y a près de 20 000 ans : six hommes poursuivant un animal à pleine vitesse. Après avoir analysé ces empreintes, McAllister affirme que ces chasseurs devaient se déplacer à 37 km/h. A titre de comparaison, Usain Bolt, détenteur du record mondial, court le 100 mètres à 42 km/h. “Si ces chasseurs aborigènes s’entraînaient dans les conditions actuelles, avec des chaussures spéciales et en courant sur une piste d’athlétisme recouverte d’un revêtement synthétique, ils pourraient facilement atteindre les 45 km/h”, poursuit le chercheur.
McAllister retrouve également ce genre de supériorité sportive chez les anciens Tutsis du Rwanda. Des photos prises par des anthropologues il y a une centaine d’années montrent que certains étaient capables, lors de cérémonies rituelles, de sauter sans aide jusqu’à 2,52 mètres de haut, ce qui constituerait un record mondial aujourd’hui.
Certaines données sur les civilisations antiques révèlent également que les hommes de cette époque étaient capables de performances sportives remarquables. Les soldats romains parcouraient chaque jour une distance équivalent un marathon et demi, et ce avec un équipement complet qui correspondait à la moitié de leur poids. Mais les marathoniens d’aujourd’hui ne seraient pas les seuls à paraître lamentables face à leurs lointains prédécesseurs. Les équipes de rameurs modernes se feraient laminer par les 30 000 rameurs qu’Athènes utilisait sur ses navires. Et les Aborigènes, non contents d’être d’excellents coureurs, auraient également fait des lanceurs de javelot hors pair, capables de propulser leur lance jusqu’à 110 mètres.
Mais ce qui fascine le plus McAllister, ce sont les aptitudes sportives des néandertaliens. “Les femmes de Neandertal possédaient une masse musculaire supérieure de près de 10 % à celle des hommes européens d’aujourd’hui. Dotées de bras nettement plus courts, elles auraient pu, avec un entraînement adapté, battre Arnold Schwarzenegger au bras de fer, même au temps de sa splendeur”, affirme l’anthropologue.
Bence Viola, de l’institut anthropologique de l’université de Vienne, est du même avis. “Nous savons que les premiers chasseurs-cueilleurs étaient beaucoup plus musclés que les hommes d’aujourd’hui. Cela se voit à leurs squelettes, incroyablement robustes”, explique Viola, qui dirige notamment les travaux sur le site paléolithique le plus connu d’Autriche, à Willendorf, non loin du Danube.
L’homme de Néandertal aurait toutefois eu un ancêtre encore plus balèze, Homo heidelbergensis. Avec ses 120 kilos, Homo heidelbergensis redonne espoir à ses arrière-arrière-arrière petits-enfants accros au fitness. “La masse osseuse et musculaire de l’homme s’adapte aux charges qu’il est amené à porter, un peu comme le bras d’un joueur de tennis”, explique Viola.
La sédentarisation, ennemie de la force physique
Tout n’est malheureusement pas qu’une question d’entraînement. Il existe aussi des facteurs climatiques qui déterminent la longueur des extrémités. Une règle d’or veut que les membres des habitants des régions chaudes soient plus fins et plus étirés que ceux des peuples des zones froides, car les premiers ont besoin de pouvoir rejeter beaucoup plus de chaleur. Chacun pourra se convaincre de la validité de cette loi naturelle en comparant les longues extrémités des Massaïs, des Tutsis ou d’autres peuples d’Ethiopie à celles des Inuits, par exemple. McAllister fait remonter la décadence de l’homme moderne au début de la révolution industrielle, mais pour Viola cette perte osseuse et musculaire est beaucoup plus ancienne et date de la sédentarisation de l’homme et de l’abandon de la chasse. “Nos os longs étaient déjà plus fragiles après la révolution du néolithique, car l’agriculture nécessitait moins de capacités que la chasse.” Sans compter que la force physique n’est plus aussi sexy aujourd’hui. “Les chances d’accouplement ne dépendent plus de nos qualités de chasseur mais du montant de notre salaire. Or on gagne plus aujourd’hui en travaillant dans un bureau que sur un chantier de construction”, conclut Viola.
Quelles limites pour les sprinteurs ?
Ils sont nés environ 30 000 ans trop tôt. Si les hommes et les femmes de Néandertal avaient participé aux premiers Jeux olympiques, en 776 ans avant J.-.C, ou à ceux de Pékin l’an dernier, l’homme moderne n’aurait pas eu la moindre chance. Tout se serait joué entre néandertaliens. Aujourd’hui, personne ne leur arriverait à la cheville sur le plan des capacités physiques. C’est du moins la conclusion de l’Australien Peter McAllister, archéologue et paléoanthropologue de Perth, qui a rassemblé données historiques, études de fossiles et observations ethnologiques dans un livre intitulé Manthropology : The Secret Science of Modern Male Inadequacy [Andropologie : la science secrète de l’inadéquation de l’homme moderne]. McAllister s’intéresse aux performances physiques de l’humanité depuis l’apparition d’Homo sapiens ; et il juge que sur ce plan l’homme actuel fait bien pâle figure par rapport à ses ancêtres.
Les soldats romains, plus costauds que nos sportifs
Le paléoanthropologue se fonde par exemple sur les empreintes de pieds fossilisées laissées par des Aborigènes sur un sol glaiseux d’Australie au cours d’une chasse, il y a près de 20 000 ans : six hommes poursuivant un animal à pleine vitesse. Après avoir analysé ces empreintes, McAllister affirme que ces chasseurs devaient se déplacer à 37 km/h. A titre de comparaison, Usain Bolt, détenteur du record mondial, court le 100 mètres à 42 km/h. “Si ces chasseurs aborigènes s’entraînaient dans les conditions actuelles, avec des chaussures spéciales et en courant sur une piste d’athlétisme recouverte d’un revêtement synthétique, ils pourraient facilement atteindre les 45 km/h”, poursuit le chercheur.
McAllister retrouve également ce genre de supériorité sportive chez les anciens Tutsis du Rwanda. Des photos prises par des anthropologues il y a une centaine d’années montrent que certains étaient capables, lors de cérémonies rituelles, de sauter sans aide jusqu’à 2,52 mètres de haut, ce qui constituerait un record mondial aujourd’hui.
Certaines données sur les civilisations antiques révèlent également que les hommes de cette époque étaient capables de performances sportives remarquables. Les soldats romains parcouraient chaque jour une distance équivalent un marathon et demi, et ce avec un équipement complet qui correspondait à la moitié de leur poids. Mais les marathoniens d’aujourd’hui ne seraient pas les seuls à paraître lamentables face à leurs lointains prédécesseurs. Les équipes de rameurs modernes se feraient laminer par les 30 000 rameurs qu’Athènes utilisait sur ses navires. Et les Aborigènes, non contents d’être d’excellents coureurs, auraient également fait des lanceurs de javelot hors pair, capables de propulser leur lance jusqu’à 110 mètres.
Mais ce qui fascine le plus McAllister, ce sont les aptitudes sportives des néandertaliens. “Les femmes de Neandertal possédaient une masse musculaire supérieure de près de 10 % à celle des hommes européens d’aujourd’hui. Dotées de bras nettement plus courts, elles auraient pu, avec un entraînement adapté, battre Arnold Schwarzenegger au bras de fer, même au temps de sa splendeur”, affirme l’anthropologue.
Bence Viola, de l’institut anthropologique de l’université de Vienne, est du même avis. “Nous savons que les premiers chasseurs-cueilleurs étaient beaucoup plus musclés que les hommes d’aujourd’hui. Cela se voit à leurs squelettes, incroyablement robustes”, explique Viola, qui dirige notamment les travaux sur le site paléolithique le plus connu d’Autriche, à Willendorf, non loin du Danube.
L’homme de Néandertal aurait toutefois eu un ancêtre encore plus balèze, Homo heidelbergensis. Avec ses 120 kilos, Homo heidelbergensis redonne espoir à ses arrière-arrière-arrière petits-enfants accros au fitness. “La masse osseuse et musculaire de l’homme s’adapte aux charges qu’il est amené à porter, un peu comme le bras d’un joueur de tennis”, explique Viola.
La sédentarisation, ennemie de la force physique
Tout n’est malheureusement pas qu’une question d’entraînement. Il existe aussi des facteurs climatiques qui déterminent la longueur des extrémités. Une règle d’or veut que les membres des habitants des régions chaudes soient plus fins et plus étirés que ceux des peuples des zones froides, car les premiers ont besoin de pouvoir rejeter beaucoup plus de chaleur. Chacun pourra se convaincre de la validité de cette loi naturelle en comparant les longues extrémités des Massaïs, des Tutsis ou d’autres peuples d’Ethiopie à celles des Inuits, par exemple. McAllister fait remonter la décadence de l’homme moderne au début de la révolution industrielle, mais pour Viola cette perte osseuse et musculaire est beaucoup plus ancienne et date de la sédentarisation de l’homme et de l’abandon de la chasse. “Nos os longs étaient déjà plus fragiles après la révolution du néolithique, car l’agriculture nécessitait moins de capacités que la chasse.” Sans compter que la force physique n’est plus aussi sexy aujourd’hui. “Les chances d’accouplement ne dépendent plus de nos qualités de chasseur mais du montant de notre salaire. Or on gagne plus aujourd’hui en travaillant dans un bureau que sur un chantier de construction”, conclut Viola.
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1 commentaire:
Write commentsQuand je le dis que plus on avance, plus on dégénère !!! Je m'en doutais bien un peu, mais là, cette éclatante confirmation devient inquiétante... A mon avis, nous allons crever d'affaiblissement général et de dégénération, oui !
RépondreSupprimerLamentable.
Puis-je reprendre cet article chez moi ? Je te remercie d'avance !
Bises !
Tinky :-)