jeudi 5 novembre 2009

Les mangroves valent de l’or


On le savait, mais il n’y a pas de mal à le répéter: la protection des mangroves est indispensable pour préserver la pêche. C’est ce que concluent des chercheurs après avoir étudié en détail la Baie de Californie, au Mexique. Ils ont tenté d’évaluer la valeur économique des mangroves, de véritables nurseries à poisson. Elle s’élèverait en moyenne à 24 000 euros par an et par hectare. (1)

Un peu partout sur la planète, les mangroves reculent. Ces forêts aquatiques sont rasées pour creuser des bassins pour l’élevage de crevettes, asséchées pour gagner des terres et construire des infrastructures touristiques, etc. Selon un rapport de 2008 de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 20% des mangroves (soit 3,6 millions d’hectares) ont disparu entre 1980 et 2005. Et si le rythme s’est ralenti, ces forêts aquatiques perdent encore cent mille hectares par an. Et pourtant, outre le action positive pour la biodiversité, les mangroves sont aussi des barrières contre la force des éléments: en Asie du Sud-Est, notamment en Thaïlande, les régions côtières dont la mangrove avait été rasée ont connu beaucoup plus de dégâts que les autres lors du tsunami de décembre 2004.

Au Mexique, Enric Sala et ses collègues se sont penchés sur treize régions de pêche le long des côtes de la Baie et du Golfe de Californie. Ils constatent une étroite corrélation entre l’abondance de la mangrove et les quantités de poissons et de crustacés pêchés: celles-ci sont directement proportionnelle à la racine carrée de surface de la mangrove avoisinante. L’équipe conduite par Enric Sala évalue la valeur économique des mangroves dans une fourchette de 17000 a 34000 euros l’hectare, sans compter les retombées possibles du tourisme. En moyenne, c’est deux cent fois plus que la valeur fixée par la Commission mexicaine des forêts… Sala et ses collègues soulignent que, compte tenu de la demande en protéines animales, le potentiel économique des mangroves devrait continuer à croître. De quoi faire réfléchir les autorités de Mexico, non?

(1) Sala et al. Annales de l’Académie américaine des sciences du 15 juillet 2008





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