Jackie Chan grimace lorsqu’il est présenté comme l’un des acteurs les plus reconnus de sa génération, à l’occasion de la conférence 'Bidges' sur la paix organisée mercredi dernier par la International Peace Foundation, . Et pourtant ses films - le Flic de Hong Kong 1 et 2, les indénombrables Police Story, les Rush Hour, pour ne citer qu’une filmographie sélective - ont sans conteste cartonné au box office chinois, asiatique, voire mondial. Et d’ailleurs qui ne connaît pas Jackie Chan ?
Renaissance
"Pardonnez mon pauvre anglais, c’est à peine si je comprends le chinois. Enfant, j’étais trop concentré sur l’apprentissage des arts martiaux. Je voulais devenir bonze puis boxer !". Jackie Chan emporte le public, alors écrasé par la température de la salle avoisinant les 40°C. Il enchaîne sur son engagement pour la paix dans le monde sans avoir l’air d’une Miss France. Il est simple, accessible, drôle, éloquent. "L’amour n’a pas de frontières", "le monde nous appartient", "la Chine vous appartient et le Cambodge m’appartient", "si tout le monde voulait la paix, on éviterait bien des massacres", tant de phrases qui sembleraient fort naïves si elles n’étaient pas prononcées par un homme convaincu et convaincant.
En 1986, au cours du tournage de Mister Dynamite en Yougoslavie, Jackie Chan a un accident très grave. Le nez cassé, les dents fendues, les côtes brisées, les cicatrices n’ont pas lieu de l’inquiéter. En revanche, ce trou dans la tête après une chute de 10 mètres, qui a failli lui faire passer l’arme à gauche, le bouleverse profondément. "Dans ma chambre d’hôpital, je réfléchissais. Ai-je jamais fait quelque chose de bien ? Pour ma famille, pour le pays, pour la société ? Non, jamais. J’ai donc décidé qu’avant de mourir, je devais changer ça. Je voulais que l’on se souvienne de moi. Comment ? D’abord, je dois faire de bons films. Ensuite, je dois faire des œuvres de charité. Je me suis alors promis que si je parvenais à me rétablir, je créerais une fondation. Et j’ai guéri."
Décision prise
Jackie Chan commence par développer la Jackie Chan Foundation à Hong-Kong en 1988, et étend ses actions à l’Asie et au monde. Puis, en 2005, il en fonde une nouvelle, la Dragon’s Heart Foundation, pour venir en aide aux enfants et personnes âgées défavorisés des régions isolées de la Chine. Aujourd’hui, ces associations pèsent lourd. Grâce à elles des écoles s’ouvrent, des régions entières sont petit à petit reconstruites (En 2008, J.C. fait une donation de 1,57 million de dollars aux victimes du tremblement de terre du Sichuan), des enfants reçoivent des livres ou deviennent des artistes, des personnes âgées sont soignées correctement etc. Jackie Chan est perçu comme un pitre, un clown, un danseur, un acteur-scénariste-réalisateur-cascadeur-producteur, un chanteur… mais c’est aussi un homme d’une grande générosité et disponibilité. Il voyage, rencontre, discute, apprend et enseigne, des Philippines aux Etats-Unis en passant par le Cambodge.
Il continue également de tourner des films mais devient plus pointilleux sur ses choix. En1994, sortie de Combats de Maître 2. Il regrette amèrement d’avoir incarné Wong Fei-Hung dans le premier volet, dans lequel il apprend la danse de l’homme saoul et sort les poings au moindre mot ou regard de trop, après s’être préalablement gorgé de vin. Dans cette suite qu’il considère comme un correctif, selon lui le message est clair : "Don’t drink, don’t fight" (ne bois pas, ne te bats pas).
A force de travail et d’acharnement, ses vœux émis il y a plus de vingt ans dans une chambre d’hôpital lugubre de Yougoslavie sont exaucés. Monsieur Chan a son étoile à Hong Kong, à Hollywood, l'acteur est culte, ses œuvres aussi bien cinématographiques que caritatives font date, et sa parole vaut de l’or. "Je ne changerai peut-être pas le monde, mais au moins je fais de mon mieux pour essayer".
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