Le parti socialiste n'a jamais été proche de l'éclatement. Dix députés PS viennent de prendre une initiative : former un groupe de travail commun et public avec les trois députés verts. Cela a provoqué (et on le comprend), la fureur de Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée nationale. Il ne faut pas s'y tromper, ce n'est pas un groupe de travail, enfin pas que ça. Il s'agit tout simplement de travaux d'approche d'un certain nombre de députés socialistes pour rejoindre Europe Ecologie avec armes et bagages. Vu la discipline qui règne au groupe PS, une telle initiative publiquement assumée est un signe fort. Pour l'instant, ils ne sont que treize dans cet "intergroupe". Il faut quinze députés pour créer un groupe parlementaire. On peut y arriver très vite, surtout si aucune sanction sérieuse (à savoir l'exclusion du groupe PS) n'est prise rapidement.
Pour l'instant, on en est aux travaux préparatoires, les amarres ne sont pas rompues pour les dix députés PS. Cet intergroupe peut très bien se dissoudre rapidement sans rien donner, mais il peut aussi être l'embryon d'un nouveau groupe parlementaire. Tout dépend en fait des résultats des régionales. Si le PS se prend une grosse baffe (ce qui est fort possible) et se fait tailler des croupières à gauche par Europe Ecologie, ce pourra être le signal de la débandade. Imaginez par exemple que Jean-Paul Huchon soit dépassé par les Verts au premier tour et contraint à une fusion où c'est un Vert qui est tête de liste et qui devient président de la région Ile-de-France en battant Valérie Pécresse. C'est un séisme politique national. Ce n'est pas un scénario absurde (c'est même selon moi le plus probable). Au passage, le PS perd d'autres régions et dans celles qu'il conserve, il est obligé de laisser une plus grande place aux Verts d'un coté, et au Front de gauche.
Le PS ne tient plus que par une chose : il y a des places à prendre, des postes à distribuer. A partir du moment où les meilleures perspectives pour se placer, ce n'est plus d'être au PS, vous allez voir une véritable convoi quitter la rue de Solférino. Si comme on peut le penser, Georges Frêche est réélu en Languedoc-Roussillon, il aura montré qu'on peut diriger et conserver son fief sans être au PS, ce sera le signal de l'hallali. Les grands barons locaux vont rester formellement PS, mais en prenant une liberté totale sur le terrain, passant des alliances tantôt avec le Modem, tantôt les Verts ou le front de gauche. La seule menace que peut brandir la rue de Solférino, c'est l'exclusion. Martine n'a pas fini d'avaler des couleuvres. Elle risque de finir comme Gorbatchev, présidente d'une structure vide qui un beau jour disparait sans qu'on ne s'en rende compte.
Aux régionales, le PS joue sa survie. Une défaite aussi lourde qu'aux Européennes et c'est l'hémorragie fatale, le coma dépassé.