samedi 19 septembre 2009

Israel le maux de la Terre.

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Le refus du sénat américain de libérer l’espion américain pro israélien Jonathan Pollard (1), le 19 juin 2009, suivi du démantèlement un mois plus tard, le 23 juillet, d’un vaste réseau de corruption ayant des ramifications jusqu’en Israël, mettant en cause une quarantaine d’élus dont cinq rabbins soupçonnés de blanchiment d’argent et de trafic d’organes, se superposant au scandale Madoff, une faillite frauduleuse de l‘ordre de 65 milliards de dollars, à l’affaire Larry Franklin, un analyste de haut rang du Pentagone suspecté d’espionnage au profit d’Israël, à la naissance enfin d’un nouveau lobby juif américain de gauche J-Street, ont donné à penser que l’AIPAC (American Israël Public Affairs Committee), le principal lobby juif américain, mettrait en sourdine son outrecuidance habituelle dans son opposition à la politique de rééquilibrage du Président Obama

Mais la récente promotion d’un inconditionnel d’Israël au poste de conseiller spécial du président pour la «Région Centrale» (Afghanistan Palestine) pourrait remettre en question ce savant échafaudage diplomatique dans la mesure où le nouveau promu, Dennis Ross, l’un des dirigeants du Washington Institute for Near East Policy (WINEP), un think tank satellite de l’AIPAC, passe pour être un ultra faucon proche du néo conservateur Paul Wolfowitz, l’un des artisans de l’invasion de l’Irak sous l’administration de George Bush.

Dennis Ross est tout à la fois l’auteur du discours de M. Obama devant l’AIPAC au lendemain de sa confirmation comme candidat démocrate à la compétition présidentielle et l‘un des co-auteurs d’un rapport prônant la manière forte à l’égard de l’Iran (2). Sa désignation pourrait être interprétée comme la marque de la gratitude présidentielle à l’égard d’un collaborateur efficace dans la collecte de voix juives durant la campagne électorale.

Sa propulsion, toutefois, à un poste de responsabilité sur un secteur qui sous tend les points chauds de l’arc de crise allant d’Israël Palestine au Pakistan en passant par l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak, la Syrie, le Liban, dans le prolongement de la nomination d’un ancien réserviste de l’armée israélienne, Rahm Emmanuel, au poste stratégique de secrétaire général de la Maison Blanche, et la démission, sous la pression de ce même lobby, de Charles W. Freeman, ancien ambassadeur américain en Arabie saoudite (1989-1992) de son poste de président du National Intelligence Council, tendrait à accréditer l’idée d‘un président américain otage du lobby juif. Le lymphatisme américain devant l‘accélération de la colonisation israélienne de Jérusalem et de la Cisjordanie, de même que le mutisme d’Obama face à la destruction de Gaza, en janvier 2009, donnent une consistance complémentaire à cette hypothèse.

Sauf à y voir le souci du nouveau président américain de calmer les appréhensions concernant ses origines ethnico religieuses, un métis de père kenyan de confession musulmane, la concentration sans précédent de personnalités pro israéliennes au sein du noyau dur de la présidence Obama pose dans toute son acuité, en tout état de cause, volens nolens, qu’on le veuille ou non, bon gré mal gré, la question de la marge de manoeuvre dont dispose le président américain dans la définition de sa propre politique en direction du Moyen-orient.

L’approche occidentale pourrait se heurter aussi à la nouvelle configuration régionale résultant de la convergence entre L’Iran, la Syrie et la Turquie sur le problème Kurde, leur détonateur commun, à l’effet de renforcer leur coopération interrégionale pour maintenir une parité diplomatique face à l’axe israélo américain et son prolongement egypto-saoudien. L’Iran, la Syrie et la Turquie, qui disposent de fortes minorités kurdes, sont hostiles à l’idée que le Kurdistan irakien fasse office de plateforme américaine de déstabilisation régionale. La nomination de l’universitaire kurde Mohammad Reza Rahimi Ghorve’ei, professeur de Droit à l’Université Azad- Téhéran et ancien gouverneur du Kurdistan iranien, au poste de vice premier ministre du gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad, traduit cette préoccupation.

En prévision de cette échéance, tant Israël que l’Iran ont multiplié les actes d’autorité, dans ce qui apparaît comme une démonstration de force pour le leadership régional alors que le camp arabe paraît marginalisé par sa fragmentation et que les deux pays musulmans non arabes de la zone, La Turquie pour le compte sunnite, et l’Iran pour le compte chiite, tentent de suppléer la défaillance du leadership arabe en tentant de s’imposer comme interlocuteurs incontournables du camp occidental.

L’Iran a procédé au verrouillage de son dispositif, réprimant sévèrement la contestation électorale qui a suivi la reconduction du mandat du président Mahmoud Ahmadinejad, et, en dépit des injonctions de l’ONU, a poursuivi à un rythme soutenu un programme d’enrichissement d’uranium, affirmant son objectif civil alors que les Occidentaux y redoutent sa finalité militaire.

Dans son dernier rapport, l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) a établi que l’Iran avait accumulé 1,339 tonne d’uranium faiblement enrichi, un volume suffisant pour produire l’uranium hautement enrichi nécessaire à la fabrication d’une bombe nucléaire, assurant toutefois n’avoir “aucune preuve que l’Iran soit en train d’essayer de produire une arme nucléaire”.

L’Iran s’est assuré en outre, sur le plan militaire, d’une base de redéploiement dans le port d‘Assab, en Erythrée, à l’embouchure du golfe arabo-persique, et, s’est doté, sur le plan politique, d’un redoutable négociateur du dossier nucléaire, en la personne de M. Ali Akbar Saléhi, son ancien ambassadeur auprès de l’agence atomique de Vienne. Diplômé de physique (promotion 1977) de la prestigieuse université américaine du MIT (Massachusetts Institute of Technology), le nouveau chef de l’organisation iranienne de l’énergie atomique, est un homme d’expérience, bon connaisseur des dossiers, rompu aux méandres des négociations de la haute technologie et aux manoeuvres diplomatiques subséquentes. Sous la présidence Mohammad Khatami, il avait signé avec l’agence un protocole additif renforçant le contrôle des instances internationales sur la production iranienne.

Placé le 19 juillet 2009 à la tête de l’OIEA, Saléhi va superviser le programme nucléaire iranien, qui s’apprête à entrer dans une phase opérationnelle à Bouchehr (Sud). Le premier réacteur nucléaire du pays, construit et alimenté en combustible par la Russie, doit en effet entrer en service à la fin de l’année, tandis qu’à Natanz (Centre), 5 000 centrifugeuses ont déjà permis d’accumuler plus de 1,3 tonne d’uranium faiblement enrichi (UFE), une quantité suffisante pour alimenter en combustible d’éventuelles centrales nucléaires, dans l’hypothèse d’un passage à la production de la première bombe atomique iranienne.

Israël a, de son côté, ordonné la désarabisation des noms de 2.500 (deux mille cinq cents) villes et localités arabes d’Israël (3), prohibé la commémoration de la Nakba, la perte de la Palestine, en 1948, gommant même ce terme des ouvrages scolaires, et, accéléré la colonisation de la Cisjordanie et du secteur arabe de Jérusalem, dans le souci de rendre irréversible la situation sur le plan cadastral, sur fond d’importantes manoeuvres aéronavales.

Deux raids à long rayon d’action sur le Soudan prétextant un convoi d’armes pour le Hamas et un autre au dessus de la crête, ont eu lieu en janvier 2009, au moment de l’entrée en fonction de Barack Obama. Deux croiseurs lance-missiles israéliens de type sagger et un sous marin de type Dolphin, porteurs de charges nucléaires, ont par ailleurs traversé le canal de Suez en juillet 2009, en direction de la Mer Rouge, alors que la flotte des bombardiers israéliens effectuait un entraînement de longue portée fin juillet dans le désert du Nevada (Etats-Unis), parallèlement aux opérations de déstabilisation menées depuis la zone kurdophone d’Irak tant par les Américains que vraisemblablement par les Israéliens. Une subvention de l’ordre de vingt millions de dollars a été allouée à l’USAID (Agence des Etats ​Unis pour le développe­ment in­ter­na­tio­nal), proche de la CIA, pour «favoriser la démocratie et les Droits Humains en Iran».

Ces manoeuvres se veulent tout autant comme une démonstration de force à l’égard de l’Iran, qu’une volonté de pression sur les pays occidentaux en vue de maintenir le dossier nucléaire iranien en tête de l’ordre du jour de l’agenda diplomatique international, au détriment d’autres dossiers hautement prioritaires, tels le programme nucléaire nord-coréen autrement plus avancé que l’iranien, ou l’enlisement américain en Afghanistan ou encore la récession économique mondiale.

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