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Plus de 1700 nouvelles empreintes de dinosaures ont été mises au jour à Courtedoux dans le Jura. Le site est quatre fois plus grand que celui découvert en 2002, ont révélé les services archéologiques mercredi. Des portes ouvertes auront lieu à la fin du mois.
Avant d'être un "pré des vaches" comme son nom l'indique en patois, le lieu dit "Béchat-Bovais" était une plage de dinosaures. Il y a 152 millions d'années, une vingtaine de sauropodes (gigantesques reptiles herbivores à quatre pattes) ont marché sur ce site jurassien, qui était alors un îlot situé entre le Bassin de Paris au nord et la mer Téthys au sud. Aujourd'hui, "Béchat-Bovais" est un bois, qui se trouve dans la commune de Courtedoux, à l'ouest de Porrentruy.
S'enfonçant dans le sable sous le poids de leur imposant corps (entre 5 et 15 tonnes), ces dinosaures ont quitté la plage en laissant des empreintes derrière eux. Ce sont ces traces qui ont été retrouvées l'automne passé par les chercheurs de Paléontologie A16, de la section d'Archéologie et Paléontologie de l'Office de la culture du canton du Jura, qui collabore avec PaléoJura.
La plage de calcaire fait plus de 4000m2. Légèrement en pente et de couleur écrue, elle est parsemée de pas moins de 1700 traces de pas, montant à 8000 le nombre d'empreintes retrouvées dans la région. Certains pas ne font que 20 cm de diamètre, d'autres atteignant les 80 cm. Ces empreintes sont reconnaissables au bourrelet formé par la patte plongeant dans le sol. Le trou laissé est plus ou moins profond, les pattes s'étant surtout embourbées lorsque le terrain était mou ou que l'animal avançait lentement.
Certainement des diplodocus
A "Béchat-Bovais", on peut suivre les dinosaures à la trace, les fouilleurs ayant pu dégager des successions de pas. Au total, 24 pistes ont été identifiées. Si le nombre de pistes trouvées ne constitue pas un record pour le canton du Jura, l'étendue de la surface fouillée l'est. A titre d'exemple, le site de "Sur Combe Ronde", fouillé entre 2002 et 2003, était quatre fois plus petit.
La plus longue des pistes atteint environ 115m, ce qui est rarissime. Les pas sont très rapprochés les uns des autres, ce qui laisse supposer qu'il s'agissait de diplodocus. "Ces dinosaures ont un bassin étroit et une marche serrée. Leur squelette est tout à fait apte à laisser ce genre de traces", explique Wolfgang Hug, le responsable de Paléontologie A16.
Chaque individu n'aurait laissé qu'une seule piste. Les diplodocus marchent en troupeau et la probabilité que les animaux aient fait des allers-retours est très faible, estime Géraldine Paratte, responsable du chantier. Il y aurait donc eu 24 diplodocus sur cette plage, plus ou moins jeunes. Mais les données doivent encore être examinées de plus près.
Suivre les dinosaures à la trace
Du haut d'un gigantesque mirador, on peut suivre du regard chaque piste d'autant plus facilement que toutes les empreintes ont été détourées par de la peinture, dont la couleur varie avec chaque bête. Les traces sont le plus souvent celles laissées par les pattes arrière de l'animal. "Lorsque l'animal atteint une certaine vitesse de locomotion, il pose ses pieds là où il venait de planter ses mains", explique encore Wolfgang Hug.
Certaines pistes vont tout droit, d'autres bifurquent. Certaines sont parallèles, d'autres se croisent. Les paléontologues ont remarqué que si l'animal s'enfonce beaucoup dans le sable, il a tendance à ralentir sa cadence, à marcher sur ses propres pas, voire à changer de direction.
Ouvert au public
Pour l'heure, les chercheurs mesurent longueur, largeur et profondeur de chaque cavité ; ils étudient les directions, relèvent les axes, notent les rotations. Ainsi, ils pourront déterminer avec encore plus de précisions le poids et la taille des dinosaures, mais aussi leur allure et leur vitesse de marche. Et leur bonheur ne s'arrêtera pas là : une nouvelle couche d'empreintes se cache 15 cm sous la première !
Les amateurs de paléontologie pourront découvrir par eux-mêmes ces traces exceptionnelles les deux derniers week-ends du mois d'août. Les samedis soir, la surface sera même éclairée afin de bien distinguer les traces de pas. Un petit sentier devrait aussi permettre de s'approcher de certaines d'entre elles.
Caroline Briner
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