Sous ses airs de puzzle-game psychédélique, ColorZ est un jeu d'adresse archi pointu qui arrive à point nommé dans le catalogue WiiWare pour ravir les joueurs en mal de challenge. Jouable en solo et en multijoueur, ce titre aurait pu nous faire craquer si sa difficulté exponentielle ne venait pas rapidement calmer nos ardeurs.
Pour commencer, précisons que ColorZ est réalisé par le studio français Exkee, déjà auteur du sympathique I-Fluid dans lequel on devait faire évoluer une simple goutte d'eau dans des niveaux piégés. Toujours en quête de concepts originaux, l'équipe de développement revisite cette fois le principe même d'Ikaruga, shoot'em up très hardcore qui compte parmi les références du genre. Dans ColorZ, le noir et blanc laisse la place au spectre des couleurs mais le contexte reste très similaire. Noyé dans un amas de boulettes qui vous tuent au moindre contact, vous devez survivre en slalomant entre ces sphères mortelles et ne pouvez passer qu'à travers celles qui ont la même couleur que vous. Mais ici, pas question de tirer pour se défendre. Les boules disparaissent lorsque vous les traversez, toute la difficulté étant de faire preuve de suffisamment de dextérité pour éviter tout le resteDeux mots tout de même sur le scénario de ColorZ, puisqu'il en possède un. Les mondes que l'on explore dans le jeu sont des planètes contaminées par des virus qui prennent la forme de sphères colorées et qui mutent parfois pour vous empêcher de les éliminer. Le vaisseau que vous contrôlez est un OVNI rouge piloté par un extraterrestre, l'appareil ayant la faculté d'absorber les bactéries à condition que leur couleur soit la même que celle de votre vaisseau au moment où il passe dessus. Pour changer de couleur, vous devez soit attendre qu'un bonus spécial vous y autorise, soit prendre le contrôle d'un autre OVNI de couleur bleue ou verte. Le soft joue sur le spectre des couleurs de manière logique et pertinente en nous donnant la possibilité de fusionner deux vaisseaux pour obtenir des couleurs supplémentaires. Si vous apercevez par exemple un barrage de sphères jaunes, vous devez fusionner un OVNI rouge et un OVNI vert pour adopter vous aussi la couleur jaune. Même chose si vous désirez traverser des boulettes violettes (rouge + bleu) ou mauves (bleu + vert). Avec trois vaisseaux, vous pouvez même obtenir une fusion de couleur blanche composée des trois lumières primaires.
Mais alors comment jouer en solo si deux ou trois OVNIS doivent intervenir en même temps ? Pour les développeurs, la réponse est évidente : vous allez contrôler les trois vaisseaux en même temps ! Seul problème, l'être humain lambda n'est pas franchement habitué à effectuer autant de tâches différentes en parallèle. En somme, c'est comme si on nous demandait de nous dédoubler pour jouer à la place d'un deuxième et d'un troisième joueur. Il nous faut garder les yeux braqués sur trois objets qui évoluent indépendamment les uns des autres, mais qui doivent agir en complémentarité dans des niveaux où le moindre écart de parcours est lourdement sanctionné. C'est seulement une fois la manette en main qu'on se rend compte de la difficulté de la tâche qui nous est imposée. Le premier vaisseau suit le pointeur de la Wiimote, le deuxième avance selon les mouvements imprimés sur le stick du Nunchuk et le troisième se dirige grâce à la croix directionnelle de la Wiimote. Si le gameplay était limité à seulement deux OVNIS (ce qui est le cas dans les premiers niveaux), les choses seraient surmontables. Mais le challenge devient surhumain avec ce troisième vaisseau dont la présence complexifie encore plus le système des fusions de couleurs.
La goutte d'eau qui fait déborder le vase en solo...
Le concept ingénieux de ColorZ est cependant suffisamment bien pensé pour nous pousser à recommencer en cas d'échec. Mais ici la persévérance ne suffit pas à venir à bout des niveaux les plus difficiles. Les choses se corsent beaucoup trop vite et les tableaux ne sont pas assez nombreux pour nous laisser le temps d'apprivoiser le maniement anti-naturel qu'on nous demande d'exécuter à la perfection. Dès la fin du deuxième monde, le rythme s'accélère, la vitesse de défilement augmente, la perspective s'éloigne ou se rapproche sans prévenir, les virus se multiplient et nous attaquent, l'écran étant bien souvent surchargé de bactéries entre lesquelles on doit slalomer tant bien que mal. Imaginez que vous jouez à un shoot'em up avec trois vaisseaux à la fois et vous comprendrez tout de suite le calvaire...
La solution résiderait-elle alors dans le multijoueur ? Plus ou moins. Contre toute attente, les parties à deux ou à trois joueurs s'effectuent indépendamment de la progression en solo, dans des niveaux différents et moins nombreux. A plusieurs, le gameplay devient quand même beaucoup plus abordable et le fait que les joueurs soient obligés de coopérer pour fusionner au bon moment rend les parcours très intéressants. Pourtant, la difficulté se révèle encore une fois abusive trop rapidement, ce qui nous empêche de profiter pleinement des idées mises en place sur les différents tableaux. Avec un challenge plus progressif et mieux calibré, davantage de niveaux et un système de contrôle moins délicat en solo, ColorZ aurait pu constituer une très bonne surprise. Les développeurs semblent avoir voulu proposer un titre très hardcore qui laissera sur le carreau la majeure partie des joueurs. Dommage, car l'idée de base est franchement bien trouvée.
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