Opérée vendredi dernier, Sefika Altintas a vu son rein greffé prélevé par erreur par le praticien. La Vernolitaine de 67 ans a été évacuée par hélicoptère à Paris. Ses enfants dénoncent une erreur médicale grave.
Ce devait être une opération chirurgicale banale, classique, sans difficulté majeure. Cela a viré au fait-divers douloureux pour Sefika Altintas, 67 ans, domiciliée à Vernouillet. Venue pour une cure d'éventration du flanc gauche, vendredi dernier, à la clinique Saint-François de Mainvilliers, elle a subi, par erreur, une ablation de son rein greffé. Le praticien dit l'avoir confondu avec une tumeur.
La vieille dame a dû être évacuée de toute urgence par un hélicoptère à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre. Elle s'y trouve toujours. En réanimation. Son pronostic vital n'est pas engagé. « Elle ne devrait pas sortir avant au moins trois semaines », expliquait une de ses filles, domiciliée à Luray, près de Dreux, qui se rend chaque après-midi au chevet de sa maman. Et envisage de porter plainte.
« J'ai envoyé un courrier recommandé à la clinique. Ils ont huit jours pour m'envoyer le dossier.» Sefika Altintas n'a plus de rein fonctionnel. Et celui prélevé par erreur semble avoir été abîmé de façon irrémédiable. Elle devra patienter avant d'en trouver un autre.
« Le jour de Pâques, elle avait très mal »
Cette mère de quatre enfants d'origine turque a appris à vivre avec des problèmes rénaux depuis de nombreuses années. « Elle a été sous dialyse pendant onze ans », explique sa fille. Sefika Altintas subit finalement une greffe d'un rein en 2003. Elle s'accommode bien de son organe greffé mais prend du poids - 88 kg pour 1,60 m selon le compte rendu opératoire. Une surcharge pondérale qui s'accompagne d'une éventration (hernie abdominale) du flanc gauche, la région où est logé le rein greffé. « Le jour de Pâques, elle avait très mal. Je l'ai emmenée chez le médecin. Il m'a dit qu'il fallait opérer mais que ce n'était pas urgent. Il fallait enlever des graisses et réinstaller les intestins », explique la fille qui, ne souhaitant pas aller à l'hôpital de Dreux - « je n'avais pas confiance » - se tourne vers Le Kremlin-Bicêtre.
« C'est là qu'elle avait été opérée. Là-bas, on m'a renvoyée vers Saint-Louis et finalement on m'a dit de voir sur Chartres car c'était une opération simple. On m'a donné le nom d'un docteur. »
« Il dit avoir confondu avec une tumeur »
La fille de Sefika avait hésité pour la date de l'opération. « Car on devait partir en Turquie cet été. » Rendez-vous est finalement pris à Mainvilliers. « On a vu le docteur dix jours avant. Il a dit, ce n'est pas une intervention compliquée. Elle pourrait même partir en vacances . » Sefika entre à la clinique jeudi. Pour être opérée vendredi. Vers 13 h 15, une des filles appelle la clinique. « On lui a dit de venir rapidement à Mainvilliers. » Angoisse.
La famille est reçue par le chirurgien et l'anesthésiste. « Il a mis du temps à nous expliquer ce qui s'était passé. Il a finalement dit qu'il avait confondu le rein et la tumeur », explique le fils de Sefika pas totalement convaincu par cette version. « S'il avait eu un doute, il aurait pu faire un prélèvement et faire analyser ! À Paris, ils nous ont dit qu'ils n'avaient jamais vu ça ! »
" Cela ne remet pas en cause la clinique
Interrogée par téléphone lundi après-midi, la directrice de la clinique Saint-François de Mainvilliers estime que cette affaire « ne remet pas en cause l'organisation administration de la clinique ». La directrice dit « comprendre l'inquiétude » des membres de la famille de la sexagénaire. « Je leur ai envoyé le dossier.»
Malgré nos sollicitations, le praticien mis en cause par la famille ne nous a pas recontactés. Enfin, rappelons qu'un autre accident aux conséquences tragiques avait eu lieu en janvier dernier à la clinique Saint-François de Mainvilliers. Un bébé avait succombé quelques heures avant sa naissance. Le couple de parents, de Lèves, a porté plainte contre une des quatre gynécologues, le Dr Londo.
Thierry Châtellier.
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