Le fossile, vieux de 60 millions d'années, a été trouvé dans un gisement de phosphates au Maroc.
Eritherium Azzouzorum , le plus vieil ancêtre des éléphants, n'était pas plus gros qu'un chat. Découvert au Maroc par des chercheurs franco-marocains, ce petit mammifère pesait à peine 5 kilos et vivait il y a environ 60 millions d'années, au tout début de l'ère tertiaire. Selon ses «inventeurs», il s'agit du plus ancien représentant de l'ordre des éléphants (proboscidiens) et des ongulés africains (paenungulés) connu à ce jour. Extraordinairement primitif, il fournit un nouveau point de datation capital pour comprendre l'évolution des mammifères placentaires.
Emmanuel Gheerbrant, du Centre de recherche sur la paléodiversité et les paléoenvironnements (CNRS/université Pierre-et-Marie-Curie/Muséum national d'histoire naturelle), travaillait à l'identification de cet animal depuis un an, en collaboration avec l'Office chérifien des phosphates. Les résultats de cette recherche, publiée cette semaine dans la revue américaine PNAS, témoignent du «caractère primitif extraordinaire» de cet animal.
Mis au jour à partir de 2001, les restes fossiles de cet herbivore proviennent du gisement de phosphates des Ouled Abdoun (Maroc). Là même où fut découverte en 1996 par la même équipe, dans des couches sédimentaires plus élevées, l'espèce qu'il détrône. À savoir Phosphaterium escuilliei (55 millions d'années), qui était jusqu'alors le plus vieil ancêtre de l'éléphant.
Sans trompe ni défense, Eritherium ressemble plutôt à un daman, petit ongulé primitif d'Afrique et du Moyen-Orient, qu'à un éléphant.Un Daman
Mais sa première incisive en forme de pelle, grandissant vers l'avant, et son orbite oculaire en position antérieure en font bel et bien un proche de Dumbo et Babar.
Les archives fossiles des mammifères placentaires sont rares dans l'hémisphère Nord. L'ordre des proboscidiens n'est représenté aujourd'hui que par trois espèces, mais il a une longue et riche histoire évolutive comprenant pas moins de 180 espèces fossiles. Les phosphates dans lesquels ont été découverts les restes d'Eritherium sont très favorables à la conservation des vertébrés. À l'époque du Paléocène (entre - 65 et - 53 millions d'années), la mer était calme dans cette région et il y avait donc peu de transports de cadavres.
Une diversification très rapide
L'identification d'Eritherium inédite indique une diversification très rapide des ongulés africains, après la crise Crétacé-Tertiaire, il y a 65 millions d'années où de nombreuses espèces vivantes, comme les dinosaures, furent rayées de la carte. Jusqu'ici, seuls cinq ordres antérieurs à l'ère éocène (53 millions d'années) avaient été recensés : les primates, les carnivores, les insectivores, les rongeurs et les xénarthres (paresseux).
Enfin, la découverte d'Eritherium permet de mieux comprendre l'évolution rapide des proboscidiens après le passage à l'éocène, telle que l'augmentation de la taille des éléphants : un caractère qui leur a permis de survivre jusqu'à nos jours.
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