Pour court-circuiter les pirates…
imitons-les! Après une phase de répression à
outrance, l’industrie musicale croit enfin avoir trouvé le
moyen de ramener dans ses filets les mélomanes qui
téléchargent des chansons illégalement: la
gratuité. C’est ce qui ressort des panels d’experts
du Midem, le grand marché de la musique qui
s’achève aujourd’hui à Cannes.
Il faut dire que c’est un peu la dernière qui sonne
pour les modèles économiques traditionnels. Le
déclin des ventes de disques se poursuit inexorablement (moins
7% au niveau mondial en 2008 par rapport à 2007). Et la
progression des ventes numériques, en ralentissement, ne suffit
pas à compenser les pertes. A quoi il faut ajouter que les
intermédiaires, comprenez les magasins en ligne du genre iTunes
ou Amazon MP3, avalent une partie de ces nouveaux revenus.
- Le modèle gratuit. Enfin presque.
Alors que faire? S’adapter aux habitudes des internautes,
acquises au contact des réseaux d’échange
«pair-à-pair» ou de sites légaux tels que
Deezer.com ou Last.fm, financés par la pub. A savoir offrir un
accès à la musique illimité. Et gratuit.
C’est le pari tenté par le leader mondial de la
téléphonie mobile, Nokia. Du moins en apparence. Son
offre Comes With Music, disponible depuis l’automne en Angleterre
et courant 2009 en Suisse, permet à l’abonné de
télécharger toute la musique qu’il veut pendant un
an. Moyennant l’achat d’un téléphone de la
gamme XpressMusic et un supplément sur sa facture.
Gratuité sous condition, donc. L’astuce n’a
d’ailleurs pas échappé aux consommateurs anglais.
La semaine dernière, le Financial Times révélait
que les ventes de combinés Comes With Music «n’ont
pas crevé le plafond» pour l’instant.
Nokia, qui a passé des accords avec les quatre majors de
l’industrie musicale, croit pourtant dur comme fer à son
modèle «propriétaire». Sa plate-forme de
distribution en ligne, Nokia Music Store, ouvrira sa branche suisse le
11 février prochain. Comme iTunes, le service sera payant. Sauf
pour les abonnés Comes With Music.
- La licence globale. D’autres proposent
une solution beaucoup plus radicale: la licence globale. Soit un
forfait compris dans le prix de la connexion Internet, qui permettrait
à l’abonné de télécharger toute la
musique qu’il souhaite. comme il le souhaite. L’industrie
s’y était toujours opposée, mais a-t-elle encore le
choix?
Au Danemark, un système similaire a déjà
été introduit à titre d’essai par un
fournisseur d’accès Internet. Au large des côtes
irlandaises, la petite île de Man, paradis fiscal sous
juridiction anglaise, s’apprête, elle aussi, à
adopter la licence globale. Une révolution qu’elle est
venue présenter au Midem.
Sous ce règlement, les internautes de l’île
pourront télécharger librement n’importe quel
fichier, y compris en utilisant les réseaux
«pirates» — qui deviendraient du coup parfaitement
légaux. Une taxe prélevée sur l’abonnement
sera ensuite reversée à l’industrie musicale.
Conclusion d’un officiel de Man: «Nous ne parviendrons
jamais à stopper les pirates. Alors embrassons leurs
méthodes.»
Aucun commentaire:
Write comments