jeudi 13 novembre 2008

Le lemming disparu?


Qu’arrive-t-il aux lemmings? Dans les années soixante-dix, on leur attribuait volontiers un instinct suicidaire tant ils mouraient d’épuisement certaines années, à traverser les fjords norvégiens à la nage. Le simple effet d’une surpopulation cyclique qui finissait par les affamer. Mais depuis quinze ans, ces explosions démographiques ont quasiment cessé. Selon des travaux publiés dans Nature la semaine dernière, c’est la modification du climat du nord de la Scandinavie qui expliquerait cette évolution (1).



Le lemming est en principe un animal prolifique. Il vit trois à quatre ans, mais chaque femelle peut donner naissance à trois portées par an, avec jusqu’à douze petits à chacune! Régulièrement, tous les trois à cinq ans, la démographie du rongeur explosait donc au point qu’il fallait parfois déblayer les routes norvégiennes au chasse-neige pour ôter les cadavres écrasés sur le bitume. Puis, faute de nourriture, les animaux se jetaient dans une chasse désespérée, n’hésitant pas à traverser fjords et rivières. Un voyage souvent fatal… Mais voilà, depuis quinze ans, les lemmings se font rares. Selon l’équipe conduite par le norvégien Kyrre L. Kausrud (Université d’Oslo), avec la complicité du français Bernard Cazelles (CRNS-IRD), c’est une modification de la qualité de neige qui tombe l’hiver qui pourrait expliquer cette relative disparition.

L’hiver, les lemmings profitent de la zone de contact entre le sol et la couche neige. D’ordinaire, un espace libre s’y forme au contact de la terre, plus chaude, où le lemming peut se protéger du froid, et se nourrir. La neige reste meuble, ce qui lui permet de creuser. Mais Kausrud et ses collègues démontrent qu’avec des hivers plus chaud, la surface de neige font légèrement, avant de geler en formant une couche dure qui empêche le rongeur d’aller se réfugier sous la neige. Il souffre du froid, peine à se nourrir, et devient une proie plus facile pour ses prédateurs.

A partir des données climatiques et des informations sur les populations de lemming et d’autres rongeurs sur les vingt-sept dernières années, les chercheurs ont construit un modèle statistique qui reproduit fidèlement les variations de population du lemming. Et ce modèle laisse penser que d’autres populations animales pourraient souffrir de la fin des épidémies démographiques du lemming: privés de cette nourriture abondante, les renards, par exemple, se tourneraient vers d’autres proies. Une hypothèse qui demande encore à être vérifiée, relèvent deux chercheurs britanniques appelés à commenter les travaux norvégiens dans Nature.

(1) Edition du 6 novembre 2008

Image: © Erika Leslie/Nature
source:monde durable



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