jeudi 13 novembre 2008

Le champignon qui fabrique du pétrole



On a toujours besoin d’un plus petit que soi. Les travaux de Gary Strobel, à l’Université du Montana (Etats-Unis) le prouvent une fois de plus. Le scientifique a découvert que le champignon Gliocladium roseum produit des hydrocarbures quand l’oxygène vient à manquer. Un cocktail de substance qui n’est pas sans rappeler le gazole.

Strobel n’est pas un inconnu. Il parcourt le monde à la recherche de micro-organismes utiles installés sur les plantes. On lui doit notamment la découverte en 1993 d’un champignon qui a permis de concevoir le Taxol, un puissant anti-cancéreux. Il a également découvert une bactérie dont on tire aujourd’hui une cinquantaine de molécules antibiotiques (1). Mais en 1987, il avait conduit un essai bactériologique illégal dans une forêt du Montana pour tenter de guérir des arbres victimes de la maladie hollandaise de l’orme, qui avait failli ruiner sa carrière. Très controversé, le chercheur n’a jamais cessé sa quête de micro-organismes.






Ce mois-ci, la revue Microbiology publie donc la découverte des vertus énergétiques de Gliocladium roseum. Un champignon qui a déjà été utilisé dans la lute biologique contre la pourriture grise des fraises. A l’air libre, dans les arbres du nord de la Patagonie où Strobel les a découvert, le micro-champignon émet des gaz. Mais dans une atmosphère appauvrie en oxygène, ce sont toute une série de molécules volatiles hydrocarbonées qu’on trouve d’ordinaire dans le gazole qui sont libérées. Le micro-organisme se nourrit de cellulose. De quoi susciter l’intérêt des industriels qui cherchent des moyens de produire des agrocarburants sans entrer en compétition avec l’alimentation.

Strobel a bien évidemment verrouillé ses arrières. Son “myco-diesel” est breveté, et il a commencé à décoder le génome du parasite pour découvrir les gènes responsables de la production des hydrocarbures. Mais il faudra probablement des années pour savoir si le salut de l’automobile se trouve dans un micro-champignon.

(1) La revue scientifique Science a consacré un portrait à Strobel dans son édition du 31 mai 2002
source:monde durable




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