lundi 20 octobre 2008

Botanique

Si Aristote est le fondateur de la botanique (vers 347 av. J.-C.); c'est à Théophraste que l'on doit le plus ancien ouvrage qui soit resté (l'Histoire des plantes, composé en 320 av. J.-C. A peine née, cette science a rapidement décliné. Ni les successeurs de Théophraste, ni les naturalistes romains ne lui ont fait accomplir de progrès. Au Moyen âge, et spécialement dans le monde Arabe, on s'intéresse surtout aux usages médicinaux des plantes. Vers la fin du XVe siècle de notre ère, c'est-à-dire avec l'effervescence tous azimuts qui définit la Renaissance, l'étude des plantes prit une nouvelle activité, et au siècle suivant parurent les travaux de Fuchs, Bock, des frères Bauhin, Césalpin et de plusieurs autres. Les travaux de Tournefort (fin du XVIIe siècle) servirent de modèle à Linné qui basa sa classification des plantes sur les différences des étamines et des pistils (1733), et son système fut dès lors adopté et resta en usage dans toutes les écoles de botanique. Linné imagina le système binomial de nomenclature, désignant chaque plante par un nom générique et spécifique.

Après Linné, Bernard de Jussieu adopta un arrangement d'après les affinités naturelles des plantes que publia son neveu, Antoine-Laurent (Paris, 1789). Les botanistes ultérieures ont apporté de nombreuses modifications au système de Jussieu. Candolle, dans son Prodromus Systemalis Naturalis Regni Vegetabilis, description de toutes les espèces connues (ouvrage commencé en 1818 et terminé en 1876), adopte les séries descendantes; c'est-à-dire qu'il décrit d'abord les végétaux dont l'organisation est considérée comme la plus complète et qu'il passe ensuite à ceux qui sont d'une structure plus simple. John Lindley, dans son Vegetable Kingdom (1846), adopte, au contraire, les séries ascendantes. Le Genera Plantarum de Hooker et Bentham (1er vol. 1867), restera ensuite pendant quelque temps le guide pour l'établissement des herbiers et des flores locales. A la mort de Linné, en 1778, on avait décrit 11 800 espèces de plantes; on en connaît environ 100 000 à la fin du XIXe siècle. Il pourrait y en avoir aujourd'hui plus du triple.

Les principes établis par tous les naturalistes, depuis Jussieu et son concept de subordination des caractères, ajoutés à ceux introduits par les idées évolutionnistes, articulés autours du concept de phylogénie, sont la base toutes les classifications des végétaux publiées jusqu'à nos jours. Parallèlement à ces préoccupations systématiques, d'autres approches ont investi la botanique à partir de la découverte du microscope (vers 1624). On s'est ainsi intéressé à l'anatomie des végétaux, dont les fondateurs, au XVIIe siècle, sont Malpighi et Grew. En 1667, Hooke découvre la cellule. Mais il faudra encore attendre le XIXe siècle, pour que Oken (1805) et Schleiden (1838), mettent sur pied la théorie cellulaire. Celle-ci restera inchangée dans ses grandes lignes jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle, quand de nouvelles techniques d'investigation (microscope électronique), et de nouvelles approches (biologie moléculaire), conféreront à la botanique son visage actuel.

L'Antiquité


On considère Aristote comme le fondateur de la botanique (IVe siècle av. J.-C.). Ses divers écrits sur les végétaux, notamment sa Théorie des Plantes, ont été perdus, mais les quelques fragments qui en restent en donnent une petite idée. A côté de nombreuses idées hypothétiques ou erronées, énoncées dans divers mémoires, Aristote a notamment émis une opinion fort juste an sujet de l'analogie de l'embryon animal avec l'embryon végétal, de la séparation des sexes dans certaines plantes, de leur durée, etc. Des disciples d'Aristote qui cultivèrent la botanique, Phanias, Dicéarque et Théophraste, le dernier seul a laissé, 350 ans avant notre ère, deux ouvrages importants : une Histoire des Plantes et Causes des Plantes, tous deux objets de nombreux commentaires et souvent réédités.

Bien que, dans ces ouvrages, Théophraste n'ait été inspiré par aucune méthode digne de ce nom, il faut reconnaître qu'il sut apporter dans l'étude des végétaux des idées en grande partie dépourvues des préjugés de son époque et, en affirmant que la nature agit conformément à ses propres plans, et non dans l'intention d'être utile aux humains, il pensait en véritable naturaliste. Il créa des termes nouveaux pour désigner des modifications particulières de la structure végétale; il parle clairement de la fibre ligneuse et du parenchyme du bois, en donnant à ce dernier le nom de chair; enfin, il décrit exactement la différence qui existe entre le bois du Palmier et celui des arbres à couches concentriques. Ainsi, en fait, la découverte de la différence qui existe entre le bois des Dicotylédones et des Monocotylédones, s'avère vieille d'environ vingt-deux siècles, quoique ce soit seulement le début du XIXe siècle qu'on a fondé sur elle la grande division systématique des végétaux phanérogames. Le nombre des plantes qu'il a énumérées et en partie décrites est d'environ cinq cents, toutes de la région orientale du bassin méditerranéen. Mais il est bien difficile de pouvoir assimiler ces espèces à celles que nous connaissons

Après Théophraste, la botanique en tant que science disparaît complètement; car on ne peut pas véritablement qualifier de botanistes des auteurs, comme Dioscoride (60 ans environ ap. J.-C.), ou, à Rome, comme Pline l'Ancien (70 ans ap. J. -C.), qui ne comprenaient pas toujours les auteurs qu'ils copiaient, ou encore comme Columelle (50 ans ap. J.-C.), se bornaient à décrire les procédés agricoles usités de leur temps. On ne se désintéressent sans doute pas des plantes, mais cette situation durera tout tout de même pendant tout le Moyen Âge, et c'est seulement à la Renaissance que la botanique a véritablement pris son essor.

Le Moyen âge


La frontière que l'on trace entre les derniers auteurs romains ou grecs et les premiers auteurs médiévaux est bien sûr tout artificielle, et, comme dans bien d'autres domaines, le Moyen âge, quand il aborde les plantes, s'inscrit dans une continuité d'autant moins engageante que depuis Théophraste peu de progrès avaient été faits dans les derniers siècles de l'Antiquité. Ainsi, bien que le Traité de matière médicale de Dioscoride se soit, avec l'Histoire des Plantes de Théophraste, partagé l'autorité scientifique dans l'étude des végétaux pendant tout le Moyen âge jusqu'au XVIe siècle, ni l'un ni l'autre ne saurait être considéré, de même que la partie de l'Histoire naturelle de Pline consacrée aux plantes, que comme une énumération plus ou moins bien présentée des faits botaniques connus des Anciens. Au point de vue de la constatation de cette connaissance, ces ouvrages présentent sans doute un intérêt réel, mais ils ne renferment aucune idée à même d'imprimer un élan au progrès des connaissances. Cela ne signifie pas qu'on s'en désintéresse pour autant. Les médecins arabes qui connurent un certain nombre de plantes médicinales ou économiques, tout comme dans les mondes byzantin et latin, on trouve des auteurs qui ont écrit, soit des poèmes sur les végétaux, soit des ouvrages plus spéciaux.

La Renaissance


A partir du XVIe siècle, de même que toutes les autres branches de la science, devint l'objet de travaux assidus. La découverte de l'Amérique a sans doute aussi été déterminante pour ce qui concerne la botanique. Des missionnaires, des médecins, des voyageurs tels que Lopez de Gomara, F. Hernandez, Fernandez de Oviedo, Martin del Barco, Jérôme Benzoni, André Thevet, ont, les premiers, initiés aux richesses botaniques du Nouveau monde, et leurs ouvrages ont inauguré, pour la botanique, non pas l'ère de la renaissance comme on l'a dit, cette science n'ayant jamais été jusque-là bien cultivée, mais simplement une ère de progrès sans précédent.

L'une des plus importantes manifestations de ce développement fut la création de Jardins botaniques. C'est en Italie d'abord (cf. encadré ci-dessous), puis en Hollande, à Leyde en 1577, enfin en France à Montpellier en 1597 et à Paris en 1598, que furent successivement installées les premières collections de plantes vivantes.
-
Les jardins botaniques


Les jardins botaniques sont des établissements dans lesquels on cultive des plantes de tous les pays et de tous les climats, pour servir à leur étude scientifique.

Le premier jardin botanique fut établi à Salerne par Matthieu Silvaticus au commencement du XIVe siècle. En 1333, Venise créa un jardin médicinal public. Vinrent ensuite les jardins botaniques de Ferrare, de Padoue (1525), de Pise (1543), et de Bologne (1568). Celui de l'Université de Leyde date de 1577. Le plus ancien de France est celui de Montpellier (1597), et on en établit un à Paris en 1635.

L'Angleterre et l'Allemagne n'ont créé de jardins botaniques que depuis la fin du XVIe siècle : Leipzig en 1580, Koenigsberg en 1591 Breslau en 1587, Heidelberg en 1593, Geissen en 1605, Ratisbonne, Iéna et Ulm en 1629, Goettingen en 1727; Oxford en 1640, Chelsea en 1752, Kew en 1760.

Celui qu'Olaüs Rudbeck fonda à Upsala en Suède, en 1657, est le plus important après celui de Paris. Aujourd'hui il n'est pas de grande ville qui n'en possède.

Parallèlement, l'invention de l'imprimerie à caractères mobiles permit la publication d'ouvrages consacrés aux plantes, et plus spécialement d'herbiers, qui seront les premiers atlas du monde végétal. Tout au long du siècle, se succéderont ainsi avec ces ouvrages une foule d'éveilleurs à la botanique, tels Brassavola, Mattioli, Ruel, Brunfels, Fuchs, Turner, etc, encore très attachés aux auteurs de l'Antiquité (Dioscoride et Théophraste sont les plus prisés).

D'autres - leurs contemporains - font un pas de plus en avant, et commencent à élaborer des méthodes, des approches nouvelles (Manardi, Bock, Gessner, etc.); Lobel, Clusius, Dodoens, les frères Bauhin et d'autres sauront vite faire leur profit de ces semences. Le grand nom de la botanique au XVIe siècle restant cependant celui de Césalpin : dans son De plantis publié en 1583, il inaugure véritablement la botanique moderne.

Le XVIIe siècle


La botanique ne fut pas cultivée avec moins de zèle dans le cours du XVIIe siècle qu'elle ne l'avait été à la Renaissance (La botanique à la Renaissance). Le début du siècle reste encore marqué par l'influence des travaux des frères Bauhin, et des autres naturalistes de la fin du XVIe siècle. Mais peu à peu, on voit éclore, à côté d'avancées en anatomie et en physiologie végétale, avec les contributions d'Aromatari, Boyle, Hooke, Spiegel, plusieurs systèmes de classification comme ceux de Parkinson, (1640), Jung et d'autres, mais dont les plus remarquables sont ceux de John Ray (1680), de Rivin (1690), et de Pitton de Tournefort (1694).

Quoique Rivin soit le premier qui ait rejeté la division des végétaux en arbres et herbes, que Ray et Tournefort eurent le tort de conserver, son système est bien inférieur à ceux de ces derniers, car il est uniquement fondé sur la considération de la corolle. Ray, au contraire, envisage les divers organes du végétal, et sait en tirer des groupes ou des classes conséidérées comme parfaitement naturelles. C'est ainsi, par exemple, que la seule considération du mode de nervation des feuilles lui fait établir la distinction des Monocotylédones et des Dicotylédones : néanmoins, en fondant cette grande division, il néglige l'étude de l'embryon. Il partage ensuite les Dicotylédones en Monoclines et Diclines, en se fondant sur la contiguïté fruit avec la fleur ou sur leur séparation.

Malgré son mérite, la classification de Ray fut complètement éclipsée par celle de Tournefort. La première distinction établie par ce dernier entre les végétaux repose sur la grandeur et la consistance de la tige; il sépare ainsi les herbes et les sous-arbrisseaux d'avec les arbres. Les plantes herbacées fournissent les 17 premières classes et les plantes ligneuses les 5 dernières. Il fonde, comme Rivin, ses classes sur la considération des enveloppes florales. Le succès de Tournefort tient surtout à ce qu'il sut le premier distinguer avec précision les genres, les espèces et les variétés qui s'y peuvent rapporter, et débrouiller ainsi le chaos créé par ses prédécesseurs. Le botaniste termina ainsi dignement le XVIIe siècle en préparant l'oeuvre de Linné, au siècle suivant.

Mais déjà à la même époque, la botanique avait pris une face nouvelle en progressant sur d'autres fronts, grâce à la découverte du microscope, qui ouvrit à l'observation un champ immense de recherches et de découvertes. Les travaux de Grew (1682) et ceux de Malpighi (1676) jetèrent ainsi les bases de l'organographie végétale. Néhémiah Grew fut le premier à étudier, à l'aide du microscope, la structure des plantes. Ses ouvrages présentent un ensemble de recherches remarquables sur les organes végétaux, notamment l'ovule et la graine. Marcello Malpighi fit, de l'étude anatomique des organes végétaux et animaux, l'objet de toutes ses recherches. Il décrivit l'évolution de la feuille et de l'ovule naissant, la structure des tissus végétaux composés d'utricules, les fibres et les trachées. Après eux les découvertes ne furent pas aussi rapides qu'on le pourrait supposer. Méritent cependant une mention spéciale les travaux de R.-J. Camerarius sur le sexe des plantes, de Leeuwenhoek sur le tissu cellulaire, de Claude Perrault sur la circulation de la sève, de Dodart sur la physiologie de la tige, de Mariotte sur l'ascension de la sève.

Le XVIIIe siècle


Les botanistes du XVIIIe siècle ont poursuivi les recherches initiées par leurs aînés sur la physiologie des plantes. Bazin, Hales, Guettard, etc. étudient la nutrition des plantes et le circuit de la sève; les études Bonnet de de Duhamel du Monceau préparent, pour leur part la découverte de la fonction respiratoire des feuilles (Priestley, J. Ingenhouz, J. Senebier). Morland et Vaillant, de leur côté étudient la sexualité des plantes. Mais c'est surtout par les nouveaux systèmes taxinomiques proposés par Linné et les Jussieu que se signale ce siècle.

Burkhardt avait proposé, dès 1702, de prendre les organes sexuels de végétaux pour base de la classification botanique. Un plan qui fut mis à exécution par Linné, en même temps prit pour modèle beaux travaux de Tournefort (fin du XVIIe siècle). Linné qui basa sa classification des plantes sur les différences des étamines et des pistils (1735), et son système artificiel fut dès lors adopté et resta en usage dans toutes les écoles de botanique. Linné adopta le système binomial de nomenclature, désignant chaque plante par un nom générique et spécifique. Bien qu'elle soit aujourd'hui tout à fait hors d'usage, la classification de Linné est encore intéressante à étudier.

Bernard de Jussieu adopta un arrangement d'après les affinités naturelles des plantes; et comme il ne publia jamais sa méthode, ce fut à son neveu, Antoine-Laurent, qu'incomba la tâche de faire connaître le système naturel dans ses : Genera Plantarum secundum Ordines Naturales disposita (Paris, 1789), donnant la description de plus de 20 000 espèces, et célèbres comme un merveilleux monument de sagacité, de profondeur, de science et comme un chef-d'oeuvre d'élégance et de précision.

Le XIXe siècle


Les cryptogames, qui avaient été singulièrement négligés par les anciens botanistes, ont été particulièrement l'objet de recherches persévérantes au XIXe siècle. La théorie de la morphologie proprement dite a été fondée au commencement du siècle par Goethe, et l'organogénie végétale a été créée de toutes pièces par un observateur aussi ingénieux que patient, Schleiden. Le globe, parcouru dans tous les sens, sans cependant avoir été régulièrement exploré, a déjà fourni un tel nombre de nouvelles espèces qu'un ne saurait l'évaluer à la fin du XIXe siècle à moins de 90 000 (on en Comptait 10 000 au plus au temps de Linné). Nonobstant ces acquisitions nouvelles, les familles établies par Jussieu sont restées; il a suffi ou d'élargir le cadre de certaines familles ou de dédoubler les autres. Quant à la coordination des familles entre elles sous des titres plus généraux, nombre d'auteurs ont proposé des modifications à la série établie par Jussieu; Candolle, Lindley, Brongniart, Bentham et Hooker, Caruel et beaucoup d'autres (Agardh, Dumortier, Bartling, Fries, Endlicher, Meissner, etc.) ont ainsi apporté des perfectionnements à la systématique rendus nécessaires par l'accroissement prodigieux du chiffre des espèces végétales




Les cryptogames, qui avaient été singulièrement négligés par les anciens botanistes, ont été particulièrement l'objet de recherches persévérantes au XIXe siècle. La théorie de la morphologie proprement dite a été fondée au commencement du siècle par Goethe, et l'organogénie végétale a été créée de toutes pièces par un observateur aussi ingénieux que patient, Schleiden. Le globe, parcouru dans tous les sens, sans cependant avoir été régulièrement exploré, a déjà fourni un tel nombre de nouvelles espèces qu'on ne saurait l'évaluer à la fin du XIXe siècle à moins de 90 000 (on en Comptait 10 000 au plus au temps de Linné). Nonobstant ces acquisitions nouvelles, les familles établies par Jussieu sont restées; il a suffi ou d'élargir le cadre de certaines familles ou de dédoubler les autres. Quant à la coordination des familles entre elles sous des titres plus généraux, nombre d'auteurs ont proposé des modifications à la série établie par Jussieu; Candolle, Lindley, Brongniart, Bentham et Hooker, Caruel et beaucoup d'autres (Agardh, Dumortier, Bartling, Fries, Endlicher, Meissner, etc.) ont ainsi apporté des perfectionnements à la systématique rendus nécessaires par l'accroissement prodigieux du chiffre des espèces végétales.

Jalons Les botanistes taxinomistes


A mesure que les découvertes de plantes nouvelles sont venues augmenter le nombre des espèces et des genres, faire connaître des affinités jusque-là ignorées, et que l'étude de plus en plus approfondie de l'organisation des végétaux a permis de mieux saisir leurs relations, les classifications ont dû varier et tenir compte de faits récemment acquis. La première méthode qui, après celle de A.-L. de Jussieu, marqua un progrès réel, fut proposée par Augustin Pyrame de Candolle (1778-1841), dans sa Théorie élémentaire de la Botanique (Paris, 1813), et modifiée par lui dans la seconde édition de ce même ouvrage en 1819. La particularité de cette classification réside dans la division des végétaux en vasculaires ou embryonés et en cellulaires ou inembryonés et dans la subdivision des vasculaires en exogènes et endogènes, distinction fondée sur une erreur anatomique de Daubenton et Desfontaines au sujet du mode de formation du bois des Dicotylédones et des Monocotylédones.

Tableau général de la méthode de A.- P. de Candolle

-
I. Végétaux vasculaires
ou Cotylédonés exogènes
Du dicotylédones à périanthe double à pétales distincts, hypogynes 1. Thalamiflores
à pétales distincts, ou plus ou moins soudés entre eux, périgynes 2. Caliciflores
à corolle monopétale, hypogyne 3. Corolliflores
à périanthe simple 4. Monochlamydés
endogènes ou
Monocotylédones à fructification visible, régulière 5. Phanérogames
à fructification cachée, inconnue ou irrégulière 6. Cryptogames
II. Végétaux cellulaires ou Acotylédonés ayant des expansions foliacées 7. Foliacées
n'ayant pas d'expansions foliacées 8. Aphylles

F.-Th. Bartling dans son Ordines Plantarum (Goettingen, 1830, in-8) pensa pouvoir concilier les deux méthodes de Jussieu et de Candolle en créant des familles et des ordres nouveaux et en divisant les Monocotylédones en Chlamydoblastes (embryon couvert) et Gymnobiastes (embryon nu) et les Acotylédones en Homonémées (germes en filaments égaux) et Hétéronémées (germes en filaments inégaux). La même année, Lorenz Oken (1799-1851) divisait les végétaux en sept classes subdivisées en quatre ordres, chaque ordre en quatre tribus, et chaque tribu en quatre familles suivant le principe des pythagoriciens (Systema orbis vegetabilium, Greifswald, 1830, in-8).

John Lindley (né en 1799), admit d'abord la méthode de Candolle, mais plus tard (The vegetable kingdom, Londres, 1845-1847), tenant compte de considérations nouvelles, il proposa une classification différente, comprenant sept classes, cinquante-six alliances ou groupes intermédiaires et trois cent trois familles.

Tableau de la méthode de Lindley

-
Végétaux sans fleurs.
(Acotylédones ou Cryptogames). thalle, sans tige ni feuilles 1. thallogènes
tige et feuilles distinctes 2. Acrogènes
Végétaux à fleurs.
(Phanérogames). Fleur naissant d'une formation analogue à un thalle 2. Rhizogènes
Fleur naissant d'une tige Bois le plus jeune au centre; un seul cotylédon. (Monocotylédones). Feuilles persistantes à nervures parallèles; bois de la tige confus 4. Endogènes
Feuilles caduques à nervures en réseau; bois en cercle autour de la moelle 5. Dictyogènes
Bois en couches concentriques, le plus jeune en dehors; deux cotylédons. (Dicotylédones). graines nues 6. Gymnogènes
graines dans un péricarpe 7. Exogènes

Sous le nom de Rhizogènes, Lindley rangeait des plantes parasites sans chlorophylle; sous celui de Dictyogènes, il réunissait les Monocotylédones qui présentent dans leur port ou leurs feuilles une certaine analogie avec les Dicotylédones; enfin, il distingua les Gymnospermes sous le nom de Gymnogènes. Vers la même époque, Ach. Richard (1794-1852), introduisait dans la classification les termes nouveaux de tribus, pour grouper les familles, et de sous-familles pour rattacher les genres aberrants à un type nettement défini.

Stephen Endlicher (1804-1849), dans un ouvrage d'une importance considérable, le Genera plantarum secundum ordines naturales disposita (Vienne, 1836-1840), dans lequel sont décrits 277 familles et 6895 genres, groupa les familles en 52 classes et ces classes furent, à leur tour, réunies en régions, sections et cohortes. Dans cette méthode, les végétaux sont partagés en deux grands groupes : 1° Thallophytes, 2° Cormophytes, suivant qu'ils sont dépourvus ou pourvus d'un axe et de feuilles. Les Thallophytes sont les Cryptogames inférieures; les Cormophytes sont à leur tour subdivisées en Acrobryés, comprenant les Cryptogames supérieures et quelques Phanérogames (Cycadées), en Amphibryés ou Monocotylédones et Acramphibryés Conifères, Gymnospermes; Apétales, Monochlamydées; Monopétales, Gamopétales, et Polypétales, Dialypétales.

La plus importante des méthodes naturelles proposées à la fin du XIXe siècle est certainement celle qu'Adolphe Brongniart appliqua à la plantation nouvelle de l'École de Botanique au Muséum d'Histoire naturelle, en 1843, et qu'il publia dans son Énumération des genres de plantes cultivées au Muséum d'histoire naturelle de Paris (1850, in-8). Pour Brongniart, la série des plantes est ordonnée, elle va (en adoptant un ordre par complexité décroissante) des I. Phanérogames et descend jusqu'aux II. Cryptogames et par des embranchements successifs comprenant des groupes de moindre importance ou classes au nombre de 68, qui enferment 296 familles. Le point principal de cette classification est la division des Phanérogames en deux embranchements : les Gymnospermes(Conifères, etc.) et les Angiospermes (Monocotylédones et Dicotylédones) qui sont aujourd'hui adoptés par les botanistes.
Tableau de la méthode de Brongniart
I.
Dicotylédones
Angiospermes gamopétales périgynes 68. Campanulinées, 67. Astéroïdées, 66. Lonicérinées, 65. Cofféinées.
hypogynes anisogynes isostémonées 64. Asclépiadinées, 63. Convolvulinées, 62, Aspérifoliées, 61. Solaninées.
anisostémonées 60. Personées, 59. Sélaginoïdées, 58. Verbérinées.
isogynes (carpelles symétriques) 57. Primulinées, 56. Ericoïdées, 55. Diospyroïdées.
Dialypétales hypogynes;
fleur complète;
calice persistant polystémonées 54. Guttifères, 53. Malvoïdées.
oligostémonées
(étamines peu nombreuses) 52. Crotoninées, 51. Polygalinées, 50. géranioïdées, 49. Térébinthinées, 48. Hespéridées, 47. Aesculinées, 46. Celastroïdées, 45. Violinées.
caduc; albumen nul ou très mince 44. Cruciférinées.
épais, charnu ou corné 43. Papavérinées, 42, Berbérinées, 41. Magnolinées, 40. Renonculinées.
double 39. Nymphéinées.
incomplète; corolle 0 38. Pipérinées, 37. Urticinées, 36. Polygonoïdées.
périgynes cyclospermées (embryon courbe) 35. Caryophyllinées, 34. Cactoïdées.
périspermées (embryon droit) 33. Crassulinées, 32. Saxifraginées, 31. Passiflorinées, 30. Hamamelinées, 29. Ombellinées, 28. Santalinées, 27. Asarinées.
apérispermées (albumen 0) 26. Cucurbitinées, 25. Oenothérinées, 24. Daphnoïdées, 23. Protéinées, 22. Rhamnoïdées, 21, Mystoïdées, 20. Rosinées, 19. Légumineuses, 18. Amentacées.
Gymnospermes 17. Conifères, 16. Cycadoïdées.
Monocotylédones
Apérispermées 15. Fluviales, 14. Orchidoïdées.
Périspermées périanthe double; albumen farineux 13. Scitaminées, 12. Bromélioïdées.
périanthe double ou 0; albumen sans amidon 11. Liroïdées, 10, Phoenicoïdées, 9. pandanoïdées.
périanthe nul ou non pétaloïde; albumen amylacé 8. Aroïdées, 7. Joncinées, 6. Glumacées.
II. acrogènes 5. Filicinées, 4. Muscinées.
amphigènes 3. Lichénées, 2. Champhignons, 1. Algues.
Peu de temps après la publication de cette classification, Maurice Wilkomm (Anleitung zum Studium der wissenchaftichen Botanik, etc.; Leipzig, 1854, in-8), proposa dans chacune des deux grandes divisions du règne végétal (Sporophytes = Cryptogames et Spermatophytes = Phanérogames), des subdivisions parallèles Angiospores (Champignons, Lichens, Algues), et Gymnospores (Fougères, Equisétacées, etc.), pour la première; Angiospermes et Gymnospermes pour la seconde.

A la fin du XIXe siècle, plusieurs autres méthodes luttaient pour la prépondérance dans la classification des végétaux et qui, malgré de nombreux points communs d'origine ou de conséquence, présentaient néanmoins certains côtés originaux destinés à éclairer les naturalistes sur la valeur des systèmes ou sur les rapports des groupes naturels.

On mentionnera tout d'abord, le magistral ouvrage de G. Bentham et J. D. Hooker (Genera Plantarum, etc., 1862-1883), monument érigé avec une patience, une sagacité et une science remarquables. Dans cette méthode offrant des analogies avec celle de Candolle, les familles sont disposées en séries, moins naturelles, semble-t-il, que les groupes correspondants de Lindley, d'Endlicher ou de Brongniart. Enfin, ce n'est pas sans une certaine hésitation que les auteurs anglais ont conservé la division des Gymnospermes de Brongniart.

Tableau de la méthode de Bentham et Hooker (phanérogames).


Dicotylédones Polypétales Thalamiflores (6 cohortes, 34 familles).
Disciflores (4 cohortes, 22 familles).
Caliciflores (5 cohortes, 27 familles).
Gamopétales Infères (3 cohortes, 9 familles).
Hétéromères (3 cohortes, 12 familles).
Bicarpellées (3 cohortes, 24 familles).
Monochlamydées Curvembryées (7 familles).
Multiovulées aquatiques (1 famille).
Multiovulées terrestres (3 familles).
Micrembryées (4 familles).
Daphnales (4 familles).
Achlamydosporées (3 familles).
Unisexuées (9 familles).
Ordres anormaux (4 familles).
Gymnospermes 3 familles
Monocotylédones Microspermées (3 familles).
Epigynes (7 familles).
Coronariées (8 familles).
Calicinées (3 familles).
Nudiflores (5 familles).
Apocarpées (3 familles).
Glumacées (5 familles).
T. Caruel, qui s'est acquis dans la morphologie végétale un nom justement célèbre, a publié en 1881 (Pensieri sulla tassinomia botanica, Rome, in-4) un essai de classification dans lequel les végétaux sont partagés en Divisions, Classes, Cohortes, Ordres, Familles, Tribus, Genres, Espèces. Rejetant le terme de Cryptogame, il établit quatre groupes parmi ces végétaux et les élève au rang de division. Parmi les Phanérogames, il fonde un groupe spécial pour les Loranthacées et les Viscacées de même valeur que ceux des Angiospermes et des Gymnospermes. Nous donnons ci-dessous le tableau synoptique de cette méthode, abstraction faite des familles.

Tableau de la méthode de Caruel


I. Phanerogamae Angiospermae Monocotylédones Lirianthae.
Hydranthae.
Centranthae.
Dicotylédones Dichlamydanthae.
Monochlamydanthae
Dimorphantae.
Anthospermae Dendroicae.
Gymnospermae Coniferae.
II. Prothallogamae Heterosporae.
Ispoporeae.
III. Schistogamae Puterae.
IV. Bryogamae Muscineae.
V. Gymnogamae Thalodeae Tetrasporophorae.
Zoosporophorae.
Conidiophorae.
Schizosporophorae.
Plasmodiaeae Plasmodiatae
Ph. Van Tieghem à l'exemple de T. Caruel divise les Cryptogames en un certain nombre de groupes qu'il considère comme égaux à celui des Phanérogames et qu'il qualifie d'embranchements. Dans sa classification en série ascendante il place les Gymnospermes entre les Cryptogames vasculaires et les Monocotylédones et tire une importance assez considérable de la situation supère ou infère de l'ovaire pour le rangement des Dicotylédones.

Tableau de la méthode de Van Tieghem


Thallophytes Champignons Myxomycètes.
Oomycètes.
Ustilaginées.
Urédinées.
Basidiomycètes.
Ascomycètes
Algues Cyanophycées.
Chlorophycées.
Phéophycées.
Floridées.
Muscinées Hépatiques Jugermaminées.
Marchantinées.
Mousses Sphagninées.
Bryinées.
Cryptogames
vasculaires Filicinées Fougères.
Marattiacées.
Hydroptéridées.
Equisétinées Isosporées.
Hétérosporées.
Lycopodinées Isosporées.
Hétérosporées.
Phanérogames Gymnospermes 3 familles.
Monocotylédonnes Graminidées.
Joncinées.
Liliinées.
Iridinées.
Dicotylédones Apétales Superovariées.
Inferovariées.
Dialypétales Superovariées Polystémones.
Méristémones à carpelles clos.
Méristémones à carpelles ouverts.
Diplostémones.
Isostémones.
Inferovariées.
Gamopétales Inférovariées.
Superovariées.
On peut, par les méthodes de Caruel et de Van Tieghem, se rendre compte des tendances à la fin du XIXe siècle dans l'établissement d'une classification générale. Tandis que les caractères des groupes supérieurs sont surtout empruntés à l'une des fonctions importantes du végétal ou à une conséquence inévitable morphologique ou physiologique de son mode de vie, les caractères des groupes inférieurs sont d'ordre purement morphologique. Enfin, la connaissance de plus en plus approfondie de la physiologie et de la structure interne permettent de faire intervenir dans une classification des considérations multiples qui rendent les affinités plus étroites, les divergences plus profondes, mais qui montrent aussi l'extrême difficulté, pour ne pas dire l'impossibilité, d'établir jamais la classification fixe, c.-à-d. véritablement naturelle, dont, prisonniers de l'optimisme scientiste de leur siècle, les naturalistes croient à portée de main.

L'évolution.

Il existait aussi une autre piste, prometteuse, élaborée tout au long du XIXe siècle, et qui, elle, d'emblée se donnait comme un outil de classification naturelle des êtres vivants : c'est la théorie de l'évolution. De fait, la diffusion et l'adoption, par nombre croissant de naturalistes, des idées évolutionnistes et transformistes, auxquelles les travaux de Lamarck, Geoffroy Saint-Hilaire, Darwin, Haeckel, etc., ont donné une si grande impulsion et une si considérable portée, ne pouvaient d'ailleurs manquer de faire chercher très tôt une classification conforme aux principes de cette approche, c'est-à-dire envisageant la série des êtres vivants, non plus comme simplement analogues ou semblables, mais comme issus les uns des autres, en un mot, une classification généalogique.

Les tentatives dans ce sens ont été nombreuses et les progrès incessants de la biologie, fécondée par ces idées nouvelles, continueront de guider les taxinomistes bien au-delà du XIXe siècle. Le premier "arbre botanique" ou "arbre généalogique des plantes" a été publié en 1801 par Augustin Augier dans son Essai d'une nouvelle classification des végétaux.

Cet arbre mérite son nom il a un tronc, des branches, des branchilles et des feuilles. Il se lit de bas en haut, même si l'échelle chronologique ne figure pas. L'arbre d'Augier illustre les relations entre les végétaux, les « rapports naturels », mais non la chronologie de leur production. Toutefois, il est permis de penser que cette chronologie est implicite. De bas en haut se succèdent diverses dichotomies et multifurcations sans connexion oblique. Le titre de l'ouvrage l'annonce fort éloquemment : cet arbre est « conforme à l'ordre que la Nature paraît avoir suivi dans le règne végétal ». Dans la droite ligne de A.-L. de Jussieu, Augier conçoit sa méthode comme une méthode naturelle de classification visant à expliquer les « rapports » entre les plantes. (Pascal Tassy, L'Arbre à remonter le temps, 1991-98).

Nous ne pouvons citer ici les diverses classifications qui ont suivi et étaient inspirées par ces mêmes idées. Nous nous bornerons à indiquer celle que Haeckel, l'un des plus fervents adeptes de la théorie de l'évolution de Darwin, a proposée et qui est un essai de généalogie des êtres végétaux, depuis les formes qu'il considère comme primordiales, les Protistes, jusqu'aux plantes gamopétales, réputées les plus élevées en organisation.

La généalogie des végétaux selon Haeckel.


Les autres visages de la botanique au XIXe siècle

Dès les premières années du XIXe siècle, les études de botanique ont pris un tel développement, les progrès de cette science ont été si nombreux et si rapides qu'il faudrait un espace bien autrement considérable que celui dont nous disposons ici pour les exposer même résumés. Nous nous bornerons maintenant à indiquer les points saillants des progrès de la botanique.

En botanique descriptive, on ne s'est pas contenté de rechercher la meilleure méthode de classification, ni de décrire le plus grand nombre de plantes possible, on s'est aussi attaché à réunir en un ensemble les faits épars dans les livres et les recueils de jour en jour plus nombreux. Dès 1818, A.- P. de Candolle publia le premier volume d'un vaste recueil où toutes les plantes connues furent décrites et rangées méthodiquement par divers botanistes des plus éminents (Prodromus Regni vegetabilis, Paris et Genève, 1818 , 17 vol. in-8, continué plus tard par C. de Candolle sur le même plan). L'influence de cet ouvrage, remarquable par la simplicité de son ordre, la netteté de ses descriptions, l'agencement typographique, aura été considérable. Malheureusement, après l'apparition du premier volume, bien des plantes nouvelles ont été découvertes et décrites de telle sorte que cet ouvrage a rapidement vieilli. Pour remédier à cet inconvénient on a, par la suite, publié des révisions des espèces; citons simplement les Annales et le Répertoire de Walpers, le Nomenclator de Steudel et celui de Pfeiffer. D'autres ouvrages généraux méritent d'être cités; ce sont le Genera et l'Enchiridion d'Endlicher, collection importante et inépuisable de faits botaniques, le Règne végétal de Spach dans les Suites à Buffon, le Genera de Bentham et Hooker, l'Histoire des Plantes de Henri Baillon, ouvrage d'une haute valeur et d'une grande portée, qui place son auteur au premier rang des botanistes, le Traité élémentaire de Botanique de Le Maout et Decaisne, qui par ses nombreuses figures a rendu d'éminents services; enfin les Familles des Plantes de Engler avec la collaboration de divers botanistes allemands, etc.

C'est à dessein, que nous ne parlerons pas ici des progrès accomplis au long du XIXe siècle en physiologie et organographie végétales. Outre que l'espace nous fait défaut, nous ne pourrions rester que dans des généralités parfois bien insuffisantes. Disons simplement que, dans les dernières années du siècle surtout, la botanique ayant profité des découvertes faites dans les autres sciences, zoologie, géologie, physique,. chimie, mécanique, mathématique, géographie, a singulièrement étendu son champ d'études et donné à leur résultat à la fois une précision et une généralité qui ont à jamais consacré l'importance et la fixité de cette science.
Source:cosmovisions.com

Ajoutez à vos favoris
mot qui s'afficheront si l'image n'est pas affichée

Rejoindre la communauté de BLOgixtrA





poster cet article sur Zapface





Promouvoir cet article


    Choose :
  • OR
  • To comment
Aucun commentaire:
Write comments