mercredi 6 août 2008

Le passé sous nos pieds



Des étudiants en archéologie nettoient une mosaïque de 6 mètres carrés datant de 50 ans avant notre ère, le 30 juillet 2008, près d'Alès, France. Cette mosaïque, exceptionnelle par sa taille et la polychromie de ses motifs, a été découverte lors de fouilles sur une colline dominant la ville. (Pascal Guyot/AFP/Getty Images)



Parfois, à force de regarder ce qui pousse dans la cour du voisin, on finit par oublier ce qu’il y a dans la nôtre. Le Pérou a le Machu Pichu; la Grande-Bretagne, Stonehenge; le Chili, l’île de Pâques… mais savez-vous que le Québec possède une des très rares épaves d’un bateau datant de la Conquête, des vestiges des premières tentatives de colonisation française dans la vallée du Saint-Laurent, donc parmi les premières colonisations de l’Amérique, ou encore des anciens postes de traite ou des villages autochtones où ont eu lieu les premiers contacts français-autochtones?

L’archéologie, cette science qui étudie le passé de l’Homme à travers les vestiges et artefacts présents dans le sol a débuté au Québec avec Samuel de Champlain qui a décrit dans son journal de bord les vestiges des habitations des premières colonies de Jacques Cartier.

C’est cependant dans les années 1850 que des historiens et naturalistes locaux commencent à vraiment s’intéresser à l’archéologie et fondent en 1862 la Société d’Archéologie et de Numismatique à Montréal pour protéger le patrimoine de la ville. L’archéologie demeure cependant un domaine d’amateurs jusqu’en 1950 où des spécialistes commencent à s’intéresser aux vestiges du sol québécois.

En 1961, on crée le Service d’Archéologie du ministère des Affaires culturelles et de plus en plus de chantiers de fouilles sont ouverts. Une loi intitulée la Loi sur les biens culturels sera adoptée en 1972 permettant une meilleure protection des différents artéfacts et protégeant ainsi les bâtiments patrimoniaux. Peu à peu, les universités québécoises emboitent le pas à cette nouvelle discipline: Université McGill, Université Laval, Université de Montréal puis l’Université du Québec à Montréal (dont le département est aujourd’hui fermé).

Le bateau de Phips
Parmi les projets les plus importants, on retrouve en 1994 le Projet Phips, du nom de cet homme d’origine anglaise, envoyé avec une flotte de 34 navires ayant plus de 2000 hommes à bord, afin de prendre Québec au gouverneur Frontenac et à qui ce dernier donna la fameuse réplique: «Je n’ai point de réponse à faire à votre Général que par la bouche de mes canons et à coups de fusils.» Après avoir perdu face aux troupes françaises, la flotte de vaisseaux de Phips est surprise par une tempête, elle y perd quatre navires et l’un d’eux fait naufrage à l’Anse aux Bouleaux près de Baie-Comeau. Cette épave, découverte par un plongeur le 24 décembre 1994, devint rapidement un chantier de fouilles parmi les plus importants dans la province. Mesurant 15 mètres, cette épave est l’une des seules qui subsistent encore de cette époque, et les nombreux artefacts qui y furent trouvés sont une source d’informations importantes quant au mode de vie des marins anglais, des expéditions de l’époque et sur la construction de ces bateaux.

Premières colonisations
Un autre chantier important est celui de Cartier-Roberval ouvert en 2005. Le site est celui de la première tentative de colonisation française dans la vallée du Saint-Laurent au 16e siècle. Occupé par Jacques Cartier en 1541-1542 et de 1542-1543 par Rocques de Roberval, le site permettra de donner d’importantes informations sur les premiers contacts avec les autochtones, le mode de vie des premiers colons et de mieux comprendre la situation politico-économique de l’époque.

Méganticois
L’archéologie du Québec ne s’intéresse cependant pas seulement à l’époque coloniale, il y a aussi des chantiers travaillant sur l’occupation autochtone du territoire bien avant la venue des Européens. Le chantier Méganticois, situé à Mégantic, est un site qui remonte jusqu’à 10 000 av. J.-C. Le territoire était un lieu de passe et un espace de vie important pour les populations grâce à sa nourriture et à sa situation géographique. En 2003, on y retrouva trois fragments de pointes de flèches datant de 12 000 ans, devenant ainsi les plus anciennes preuves de l’occupation du territoire québécois.

Lois sur les biens culturels
Naturellement, seules les personnes ayant une formation reconnue peuvent fouiller un site archéologique. Il faut d’abord obtenir un permis respectant la réglementation sur la recherche archéologique définit par la Loi sur les biens culturels. Il faut aussi que chaque archéologue remette un rapport annuel de ses fouilles contenant ses découvertes, ses interprétations, les mesures de protection et de conservation qui furent prises durant les fouilles, etc.

Tous les artefacts trouvés sur le site de fouille sont envoyés au Centre de conservation du Québec qui s’occupe de préserver, conserver et protéger le patrimoine matériel du Québec.

Même si nous avons l’impression que l’archéologie au Québec est un domaine inaccessible au grand public, il n’en est rien. Il existe énormément de musées, de lieux historiques et de parcs présentant des aspects archéologiques. Le mois de l’archéologie, qui se déroule chaque année en août, est là pour faire part au public des récentes découvertes et pour renouer la population avec leur propre histoire. Quoi de mieux qu’un plongeon dans notre passé pour mieux comprendre ce que nous sommes aujourd’hui?

Source:lagrandeepoque

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