Trente-deux bateaux ont été mis au jour à l'occasion du percement d'un tunnel ferroviaire sous le Bosphore.
À quelques centaines de mètres de la mer de Marmara, coincé entre deux voies rapides embouteillées, un port byzantin refait peu à peu surface dans la cacophonie des klaxons stambouliotes. Construit au IVe siècle sous le règne de Théodose Ier, il n'en finit pas de livrer ses trésors depuis que les excavations ont commencé en novembre 2004. «Nous avons déjà mis au jour trente-deux bateaux et il y en aura certainement d'autres, raconte Metin Gökçay, l'archéologue responsable des fouilles. Les embarcations ne sont pas une surprise, nous nous attendions à en trouver, mais pas autant !»
Sur le chantier, les derniers bateaux découverts sont protégés sous de grandes tentes. Un système d'arrosage de gouttelettes les maintient dans un environnement humide constant. Car leur retour à l'air libre, alors qu'ils ont été conservés dans la terre pendant des siècles, doit s'accompagner d'un long traitement : ces fragiles carcasses passeront ensuite dans de l'eau douce pour les débarrasser du sel, puis dans un bain chimique afin de les consolider. Un parcours de soins qui s'étalera sur plusieurs années.
En attendant, soixante-dix archéologues et sept cents ouvriers se relaient nuit et jour sur cet immense chantier de 58 000 m². Il s'agit de fouilles préventives menées dans le cadre d'une autre entreprise titanesque : la construction du Marmaray, un réseau de transport qui reliera les rives européenne et asiatique d'Istanbul en passant sous le Bosphore, via un tunnel ferroviaire.
Un commerce prospère
«C'est la première fois que des recherches ont lieu sur une superficie aussi vaste à Istanbul, détaille Aksel Tibet, archéologue coauteur d'un rapport pour l'Unesco sur l'impact du Marmaray sur le patrimoine. Nous possédions déjà de très bonnes sources topographiques écrites mais la métropole, capitale de plusieurs empires, a toujours présenté un habitat très dense : il s'agit donc d'une occasion unique de vérifier les connaissances sur le terrain.»
Dans les cales, les cargaisons ont confirmé les tracés des routes maritimes commerciales empruntées à l'époque. Le blé était importé d'Alexandrie, car l'empereur byzantin distribuait chaque jour 100 000 pains aux nécessiteux. Les céramiques venaient de Milet et de la péninsule Ibérique. Amphores oblongues ou évasées, pour stocker le poisson séché ou le vinaigre… La présence de centaines de récipients fabriqués selon toutes les techniques employées le long du pourtour méditerranéen est la preuve d'un commerce prospère. «Le port a connu une activité soutenue dès la création de la nouvelle Rome, précise Metin Gökçay. Constantinople était un carrefour entre la Méditerranée et la mer Noire, les échanges entre ces deux régions étaient intenses.» Une partie des objets trouvés est déjà exposée au Musée archéologique de la ville.
Les bateaux commerciaux, les navires de guerre et les caïques retracent aussi les évolutions de la construction navale. Pour les plus anciens qui datent du Ve siècle, les charpentiers commençaient par la coque, puis renforçaient la structure interne. Au fil des siècles, le procédé s'est inversé. «Une révolution qui a en quelque sorte rationalisé la fabrication en la faisant passer à un stade de production à grande échelle», précise Aksel Tibet. Des coques, aux techniques hybrides, montrent les tâtonnements des artisans.
Catastrophes naturelles
C'est sans doute à plusieurs catastrophes naturelles que l'on doit cette exceptionnelle quantité d'épaves, et, ce qui est plus rare, avec toutes ces cargaisons. «Un tsunami fait partie des hypothèses», explique Metin Gökçay, en désignant deux carcasses de bateau. Elles sont encastrées comme s'il y avait eu une collision. «Nous savons qu'il y eut de violents tremblements de terre aux VIe, IXe et XIe siècles.» De nombreuses ancres ont également été retrouvées. Or, il s'agissait d'un bien si précieux à l'époque qu'il en figurait même dans les dots des futures épouses ! «Si elles n'ont pas été récupérées, cela signifie que les navires ont été ensablés rapidement, peut-être lors de tempêtes», avance Aksel Tibet. Puis, les dépôts d'alluvions du fleuve Lycos, qui se jetait dans la baie, ont entraîné le déclin de l'activité commerciale du port. Et il a été abandonné vers la fin du XIIe siècle.
Un pan des murailles de Constantin, encore jamais exhumées, une église du XIIe siècle, un phare hexagonal, des dés et les pièces d'un jeu d'échec en ivoire, des sandales en cuir… Quasiment pas un jour ne passe sans une découverte. Et les archéologues ont encore du temps pour explorer le site de la future gare ferroviaire : la mise en service du Marmaray, qui a été retardée, est programmée pour 2012.
Source:le figaro
How Does WhatsApp Make Money? Know the facts! | WhatsApp Business Model
-
Not only you, but every WhatsApp user have a prominent question, *how
WhatsApp earns money?* Why its service is free? No ad campaign, No
monetization trick...
Aucun commentaire:
Write comments