vendredi 11 juillet 2008

Sauver les tigres


La Banque mondiale a lancé lundi un projet visant à freiner le déclin dramatique de la population sauvage des tigres, une espèce en danger dont les quelque 4.000 spécimens en vie sont essentiellement en Asie.

L'Initiative pour la sauvegarde des tigres débutera par des négociations avec les pays abritant une forte population de ce félin. Les objectifs seront d'évaluer les fonds nécessaires à la préservation, d'identifier les sources de financement et de mobiliser les ressources pour la protection de cette espèce, ont expliqué des responsables de la Banque.

"Comme c'est déjà le cas pour les autres défis de développement durable, tels le changement climatique, les pandémies ou la pauvreté, la crise relative aux tigres dépasse les capacités locales et outrepasse les frontières nationales", a déclaré le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, lors d'une conférence de presse au Zoo national de Washington.

"C'est un problème qui ne peut être géré par une seule nation. Il est nécessaire qu'un profond soutien international soit combiné avec des engagements locaux importants", a-t-il affirmé.

Mais avant le lancement du projet, il a déjà été la cible d'associations oeuvrant pour la sauvegarde des tigres en Inde, pays abritant la plus large population sauvage de cet animal, se disant sceptiques vis-à-vis de cette initiative.

Ces associations reprochent à la Banque sa participation à des projets en Inde ayant eu un impact sur la faune et la flore, comme la construction d'autoroutes.

Dans le but de montrer que la Banque prend les revendications de ces groupes au sérieux, M. Zoellick a affirmé lundi que la première étape de son combat pour la préservation de ces animaux sera de revoir sa propre politique interne.

"Afin de tirer des leçons du passé et d'améliorer notre engagement futur, notre groupe d'évaluation indépendant analysera nos projets situés dans les zones d'habitation des tigres", a-t-il dit.

L'acteur Harrison Ford et l'actrice Bo Derek étaient présents au côté de M. Zoellick pour mettre leur notoriété au service de cette initiative.

"En agissant ensemble, nous pouvons renforcer la sécurité des tigres et réunir les ressources nécessaires pour la sauvegarde du tigre sauvage", a affirmé John Seidensticker, un biologiste de renommée mondiale impliqué dans la sauvegarde du tigre et directeur du centre pour l'écologie de la préservation du Zoo national.

John Berry, le directeur du zoo, a décrit l'initiative comme "l'unique et la plus importante action pour la sauvegarde du tigre jusqu'à aujourd'hui".

Le braconnage et le trafic dont sont victimes les tigres sont à leur plus haut niveau dans une Asie en plein boom économique.

Le nombre d'individus de l'espèce a connu une nette diminution, passant de 100.000 il y a un siècle à 4.000 aujourd'hui, suite à la disparition de leurs proies et à la destruction de leur habitat causées par un développement incontrôlé et la chasse illégale pratiquée intensivement en vue de l'approvisionnement des marchés noirs en peaux et os de tigres.

Le tigre n'occupe plus que 7% de son territoire initial, enregistrant une diminution de 40% de son habitat ces 10 dernières années, a souligné M. Seidensticker.

La Coalition internationale sur le tigre (CIT), regroupant 39 membres et visant à mettre fin au commerce international de cet animal, a demandé à la Banque mondiale d'avoir un dialogue "franc et ouvert" avec les pays sur la préservation de l'animal.

La Banque Mondiale prévoit d'organiser un sommet "Année du tigre" en 2010.


© 2008 AFP

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