vendredi 2 décembre 2011

Le vaccin contre le SIDA avance

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Les bonnes nouvelles dans le domaine de la recherche vaccinale contre le virus VIH ne sont pas légion. L’initiative d’une équipe californienne est d’autant plus intéressante à souligner car ouvrant de nouvelles perspectives.
Publiés en cette journée mondiale de lutte contre le sida dans la revue Nature, les travaux de David Baltimore et de son équipe montrent qu’on peut innover dans la recherche d’un vaccin de façon spectaculaire.
Jusqu’à présent pour tenter d’obtenir un vaccin contre le VIH on injecte  dans l’organisme une sorte de portrait robot de ce virus en plusieurs morceaux. Ce qu’on appelle des motifs antigéniques, le plus souvent des protéines ou des petits peptides reproduisant des caractéristiques du virus.
En  réponse l’organisme met en route ses systèmes de défense. D’abord en recrutant des cellules spécialisées dans la capture et la digestion des antigènes, puis par la mise en œuvre de lymphocytes, des globules blancs spécialisés, dont un certain type va élaborer des anticorps dirigés contre les parties du virus auxquelles ils ont été sensibilisés.
Ces anticorps sont censés avoir un effet dit ‘neutralisant’ envers le virus VIH. Mais si cela est vrai in vitro, l’expérience montre, malheureusement, qu’on n’a jamais réussi à obtenir cette neutralisation dans la vraie vie !
Changement de méthode donc pour l’équipe américaine. Plutôt que de passer par toutes ces étapes, ils ont décidé de faire directement fabriquer les anticorps utiles.
Pour cela, ils ont choisi une technique reposant sur le principe de la thérapie génique, la VIP pour ‘vectored immunoprophylaxis
D’un côté il y a un anticorps appelé b12, et dont on sait qu’il est un puissant antagoniste du virus VIH. Cet anticorps est dirigée contre une protéine de l’enveloppe du virus, la dp120. Cette gp120 est indispensable à l’arrimage du virus avec les cellules qu’il va contaminer. Bloquer la gp120 est important pour bloquer le processus de replication virale.
. De l’autre, on a un vecteur, c’est-à-dire un petit virus ressemblant au virus du rhume commun, mais qu’on a un peu modifié pour qu’il ne se fasse pas attaquer dès son entrée dans l’organisme, on l’appelle AAV8.
On va utiliser le gêne qui contient le programme de fabrication de l’anticorps b12, en le plaçant dans le virus AAV8.
Thérapie gènique
Ce virus sera injecté dans un muscle de la souris ; il va entrer dans les cellules musculaires, déposer sa charge utile dans le noyau. Il ne reste plus à la cellule qu’à produire l’anticorps, sans avoir besoin des lymphocytes et autres cellules dendritiques.
Les chercheurs américains ont constaté que les souris ainsi traitées produisaient beaucoup d’anticorps.  Pour en vérifier l’efficacité ils ont procédé en deux temps. Ils ont d’abord apporté à ces souris des cellules ‘humanisées’, des globules blancs dits CD4  dont le virus VIH est friand. Il les colonise, les utilise pour se reproduire à des milliers d’exemplaires et, en remerciement, il les tue.
Une fois ces cellules en place, l’équipe a injecté aux animaux d’énormes doses de virus VIH. Ils ont eu le plaisir de constater que les CD4 ne baissaient quasiment pas en nombre, preuve que le virus était bien bloqué. Ils ont même été jusqu’à injecter une dose cent fois supérieure à la quantité de virus nécessaire pour obtenir une infection, et là encore, rien !
Des inconnues et des espoirs
Grande satisfaction donc, mais à tempérer. Nous sommes, rappelons-le sur un modèle murin, c’est-à-dire chez la souris.
Il y a des inconnues à élucider : le risque d’immunisation contre le vecteur viral AAV8 par exemple. Tous les virus proches des adénovirus utilisés en thérapie génique font planer le risque d’être inactivés à leur arrivée dans l’organisme. Ils dérivent, en effet, de l’adénovirus, le virus du rhume commun contre lequel nous sommes tous un peu immunisés. Le virus AAV8 semble, cependant, échapper, pour l’instant, à ce risque.
Deuxième inconnue : la possibilité de voir l’organisme fabriquer des anticorps contre l’anticorps b12. Toute substance considérée comme étrangère déclenche, dans notre corps, la mise en branle d’une cascade de réactions visant à bloquer l’intrus.
Troisième inconnue : le virus VIH utilisé est un ‘classique’ dont on sait qu’il va bien être ciblé par les anticorps. Il faudra donc tester d’autres souches.
Mais, à côté de ces inconvénients il y a des avantages certains également. D’abord la bonne maîtrise des techniques de culture des vecteurs viraux de thérapie génique et l’utilisation d’un vecteur sûr.
Le fait aussi que l’on puisse modifier la ‘charge utile’ du vecteur en y incluant de nouveaux gènes capables de produire des anticorps neutralisants au fur et à mesure de la découverte de leur existence. On compte d’ailleurs beaucoup sur les résultats obtenus lors de l’essai vaccinal en Thailande. Globalement cet essai a été un échec mais il a permis de découvrir, chez des personnes protégées par le vaccin, de nouveaux anticorps neutralisants.
A un moment où la recherche vaccinale classique n’arrive pas à franchir tous les obstacles que pose le virus VIH, cette nouvelle approche mérite une attention certaine.
Référence de l’étude :
Alejandro B.Balasz et al.
Antibody-based protection against HIV infection by vectored immunoprophylaxis
Nature. Published online December 1, 2011. doi: 10.1038/nature10660


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