jeudi 8 décembre 2011

50 Words For Snow le dernier album de Kate Bush

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Avec 50 Words For Snow, nous voilà plongés musicalement en plein hiver, celui qui ne tardera pas bientôt à venir nous envelopper, saison de rigueur oblige. Un disque qui a pourtant failli être négligé, bien que ce soit le deuxième cette année d’une artiste fort rare, après son Director’s Cut sorti au printemps, relecture dispensable de ses travaux antérieurs qui avait plutôt laissé un goût de déception.
Car si même la légendaire Kate Bush se retournait sur son passé pour maladroitement remaquiller ses anciens titres, on craignait le pire à l’écoute de cette nouvelle livraison, l’idée qu’elle n’avait rien de neuf à offrir. Tout faux ! Car comme un train peut en cacher un autre, ce deuxième était le bon et son meilleur disque depuis longtemps.
Vrai nouvel album de la diva extravertie de la pop des années 70 et 80 devenue ermite à la production raréfiée, 50 Words For Snow, rêverie thématique autour de l’hiver, la neige et la blancheur, se révèle un vrai monde contenu en sept plages inédites remplies de blanc et de silence, de temps retenu et de pulsations vitales.
Renouant avec (et dépassant) la notion d »album concept » chère aux années 70 qui l’ont vu éclore, la belle anglaise accompagnée du grand batteur Steve Gadd se paye le luxe de déployer le temps le long de longues plages feutrées et coconneuses à la beauté hypnotique. Le tout sur « fond sonore de chute de neige » en susurrant de sa voix d’ensorceleuse d’étranges histoires d’amours métaphoriques, d’esprits neigeux et d’homme des neiges pourchassé.
Troublantes premières plages résonnant d’un piano assourdi où le grain un peu volé de sa voix mûrie par l’âge habille sa musique d’une sobriété qui la rend immédiatement accueillante et surtout plus toublante.
Ainsi, le trio des splendides premiers morceaux (Snowflake, Lake Tahoe, sublime Misty) qui ouvrent ce disque en apesanteur, évoque l’épure musicale aux pulsations jazz vers lesquelles tendaient Talk Talket Mark Hollis et les arrangements minimalistes chaloupés des morceaux suivants renvoient au meilleur d’une pop moderne (surtout 50 Words For Snow avec le so british Stephen Fry répondant à sa voix unique de fée, un régal).
Un écrin sonore ouaté, entre progressif vintage et classicisme inspiré aux arrangements d’une grande beauté, une production en fait intemporelle qui ne semble pas (ou plus) se vouloir innovante, mais juste belle et accomplie. Et que même la présence surprise mais stylée d’Elton Johnen duo sur un titre ne parvient pas à éclipser.
Joli retour apaisé d’une classe impériale qui rappelle à toutes les prétendantes au trône de diva pop incontestablement inventé par leur grande soeur (grand-mère?) Kate que le chemin sera encore long avant de la remplacer. Car celle qui inspira par sa liberté un nombre incalculable d’artistes féminines indépendantes, de Liz Fraser desCocteau Twins à Tori AmosMy Brightest Diamond ou Glasser – en passant aussi par une certaine islandaise devenu soulante – ne semble pas, pour notre plus grand plaisir, encore décidée à céder sa place.
Réjouissant retour qui, en dehors du plaisir de ces retrouvailles inattendues, laisse présager pour l’avenir de bonnes surprises, d’autant qu’elle prévoit de renouer à moyen terme avec la scène. Tant que tu réussiras à montrer l’étendue de ton imprévisible talent, Dear Kate, on est prêts à t’attendre, même plusieurs hivers sous la neige…
 
Franck Rousselot
Kate Bush – 50 Words For Snow
Label : Noble And Brite /EMI
Sortie : 21 novembre 2011

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