dimanche 16 octobre 2011

Pourquoi abolir la prostitution?

Rejoignez la communauté SCIencextrA . .


La prostitution n'est pas un "mal nécessaire"
Le viol n'est pas l'expression d'une pulsion sexuelle irrépressible, mais d'un désir de domination.
- Les hommes n'ont pas de pulsions sexuelles plus fortes que les femmes.
- Le besoin sexuel n'existe pas. Il n'y a qu'une frustration, que certains individus immatures refusent de gérer.
- Le nombre d'agressions sexuelles ne diminue pas dans les zones à fort taux de prostitution.
La prostitution n'est pas un véritable choix
- Les femmes entrent dans la prostitution par besoin d'argent. Où est le choix quand le moyen le plus efficace pour une femme de subvenir à ses besoins est de vendre son corps ?
- "Les taux d’agression sexuelle dans l’enfance sont très importants. Judith Trinquart (2002) précise qu’en France on recense « entre 80 et 95% d’antécédents de violences sexuelles chez les personnes prostituées originaires du pays ». Une autre étude révèle que 90% des personnes prostituées ont été physiquement agressées dans leur enfance (Giobbe, Harrigan, Ryan, & Gamache, 1990). Selon le Council for Prostitution Alternatives de Portland, en Oregon, 85% des 123 survivantes de la prostitution interviewées ont souffert d’inceste, 90% d’abus physiques et 98% d’abus émotionnels (Hunter, 1994). Selon Widom et Ames (1994), l’enfant victime d’abus sexuels risque beaucoup plus d’être arrêté pour prostitution à l’âge adulte que celui victime d’abus physiques. Selon la plus récente enquête menée dans la ville de Québec par l’anthropologue Rose Dufour (2005), 85% des prostituées ont subi des agressions sexuelles dans leur jeunesse. Selon une autre enquête menée à Vancouver, 82% des prostituées ont été victimes d’agressions sexuelles dans leur enfance (Farley & Lynne, 2004)."
"Nombreux sont les jeunes qui fuient le foyer parental pour échapper aux agressions sexuelles et aux violences physiques et psychologiques. Ces jeunes sont facilement repérés et recrutés par les proxénètes et les prostitueurs l’âge moyen de l’entrée dans la prostitution, pour des pays capitalistes développés comme le Canada, se situe autour de 14 ans."
La majorité des prostituées ont commencé avant 18 ans et une grande partie avant 14 ans.
- La majorité des prostituées consomment des drogues pour supporter leur condition, mais du coup deviennent dépendantes et ont besoin de se prostituer pour pouvoir en acheter.
- "En Italie, on appelle « écolage » le système où les jeunes personnes prostituées, achetées et revendues par différents réseaux, sont violées chaque fois à plusieurs reprises. À la Conférence Sexwork, Sextourism and Trafficking in Women, qui a eu lieu à Prague, en 1996, Violeta Krasnic et Zorica Mrsevic, du Centre autonome des femmes contre la violence de Belgrade, témoignaient : « Une femme de l’Est se vend en moyenne pour 500 DM [277 dollars américains] à Berlin et est violée par 10 proxénètes avant de pouvoir commencer à travailler avec les clients. De nombreuses femmes sont attachées à des cages pour des mois, et de nombreuses se blessent pour être amenées chez un docteur dans le but d’échapper à leur propriétaire » (Detroy, 2000)."
- Il est quasiment impossible de sortir de la prostitution sans aide extérieure.
"Les proxénètes déplacent très souvent les personnes prostituées dans différents secteurs de l’industrie sexuelle : des bars de danse nue aux agences d’escortes, en passant par les salons de massage, les bordels et le trottoir. Ils les forcent à changer régulièrement de ville, sinon de pays. Cette rotation a notamment pour fonction d’isoler, d’éliminer les repères, de rendre docile et dépendant."
Pour sortir de la prostitution, il leur faudrait un hébergement, des formations, un soutien psychologique spécialisé et sur le long terme ; elles n'ont aucune de ces solutions, à part, pour certaines, grâce à des associations bénévoles. Mais la société ne fait rien pour elles.
Au contraire, la société fait croire aux jeunes filles que la prostitution c'est glamour, que leur seul horizon dans la vie c'est de plaire aux hommes, etc., et qui les jette ainsi dans la gueule du loup.  
La prostitution n'est pas un métier
- La majorité des prostituées subissent des violences de la part des clients et disent vivre dans la peur : la peur de ne pas pouvoir refuser certaines pratiques, la peur d'être violentées, tuées. Elles disent que l'argent donne au client le pouvoir de faire tout ce qu'ils veulent. Qu'ils donnent encore plus d'argent pour avoir encore plus et qu'elles ne peuvent pas refuser car elles en ont besoin. Elles disent que "ça" ne se fait pas à leur façon à elles, mais "à la façon du client", qu'elles n'ont pas le choix. Qu'ils peuvent être violents, sales... (l'une d'elles dit qu'elle se faisait uriner dessus par certains clients lors des "massages érotiques"). Elles disent également que la pornographie a une énorme influence sur les comportements des clients et les pratiques qu'ils réclament.
La majorité des prostituées vivent des épisodes de décorporéisation lors de l'acte (elles "se séparent" de leur corps pour ne pas avoir à vivre cette situation).
Elles ont de nombreux problèmes de santé dûs aux drogues mais aussi aux maltraitances physiques et à la souffrance psychologique.
- Lorsqu'elles suivent des formations pour obtenir du travail, elles sont heureuses et fières car elles sont enfin capables d'avoir "un vrai métier", car il est clair pour elles que la prostitution n'est pas un métier.
- La prostitution laisse des séquelles très graves sur la psyché, avec un taux de syndrômes post-traumatiques équivalent à ceux des rescapés des camps de concentration ou de la torture.
Des années plus tard, une voiture qui freine près d'elles suffit à leur déclencher des flash-backs, pas seulement des souvenirs mais vraiment une "téléportation émotionnelle" : à nouveau elles se retrouvent dans cette voiture en train de se faire étrangler par un client, avec toutes les émotions qui resurgissent d'un coup. Pour échapper à cela, elles sont obligées de continuer à "se geler" en permanence, notamment en utilisant des drogues... ce qui les fait retomber dans la prostitution puisqu'elles ont besoin d'argent pour les payer.
- Elles parlent des policiers, qui ne les traitent pas comme des êtres humains. Elles ont autant peur des policiers que des clients. Elles disent que la société et la police les rendent coupables de tout, alors que le coupable c'est avant tout le client mais que lui n'est jamais inquiété (l'une d'elles dit "mais en fait le client lui aussi c'est une pute"). À propos de culpabilité, le client aussi les rend coupables : coupable de ne pas le faire bander, etc. Elles portent tout le poids sur leurs seules épaules, quoi qu'il arrive tout est leur faute.
- Les femmes prostituées sont en danger de viol, de violences et de mort bien plus fortement que tout le reste de la population.
"Une étude réalisée à Minneapolis montre que 78% des personnes prostituées ont été victimes de viol par des proxénètes et des clients, en moyenne 49 fois par année; 49% ont été victimes d’enlèvement et transportées d’un État à un autre et 27% ont été mutilées (Raymond, 1999)."
"Phillis Chester (1994) rapporte que 75% des escortes ont commis une tentative de suicide et rappelle que les femmes prostituées comptent pour 15% des suicides rapportés par les hôpitaux américains."
"Les femmes et les filles embrigadées dans la prostitution au Canada connaissent en effet un taux de mortalité 40 fois supérieur à la moyenne nationale et risquent 20 fois plus l’assassinat (Baldwin, 1992)."
La légalisation n'est pas une solution
- La prostitution ne diminue pas dans les endroits où elle est légale, elle augmente.
- La maltraitance des prostituées ne diminue pas dans les endroits où la prostitution est légale, au contraire.
- La rétribution des prostituées n'augmente pas dans les endroits où la prostitution est légale. Celle des proxénètes, si.
- Les violences sexuelles ne diminuent pas dans les endroits où la prostitution est légale.
"Dans tous les cas, la violence physique et sexuelle est importante, quel que soit le régime juridique encadrant la prostitution, que les jeunes prostituées soient clandestines ou non, sur le trottoir ou non, en bordels agréés ou non. Il est donc faux de croire que la légalisation est un facteur de sécurisation des personnes prostituées. En effet, la réglementation de la prostitution (légalisation) ne remet pas en cause l’un des fondements de la violence dans la prostitution : le déséquilibre de pouvoir fondamental entre le prostitueur et la personne prostituée et entre le proxénète et sa « propriété ». Au contraire, en légalisant le proxénétisme et l’accès des prostitueurs aux personnes prostituées, le réglementarisme officialise la domination d’un sexe par un autre, ce qui confère aux hommes un pouvoir légitime. Puisque le contrôle proxénète s’en trouve renforcé et l’impunité des prostitueurs accrue – et cela dans le contexte d’une plus grande indifférence sociale –, la légalisation de la prostitution concourt à une détérioration de la sécurité des personnes prostituées. La croissance considérable de la prostitution et l’offre pléthorique de personnes prostituées, qui découlent de la légalisation, contribuent à dégrader les conditions d’exercice de la prostitution en induisant une « concurrence » exacerbée sur les marchés du sexe."
Sources :
Le film "L'imposture" d'Eve Lamont, basé sur les témoignages de 75 femmes prostituées
Mondialisation des industries du sexe, crime organisé et prostitution, par Richard Poulin

    Choose :
  • OR
  • To comment
Aucun commentaire:
Write comments