mercredi 20 avril 2011

Pourquoi payer les infos?


Marine aime prendre le pouls de la planète. Que ce soit autour de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima ou dans son village natal de la Loire. Alors, cette étudiante à l’université de Saint-Etienne se connecte tous les jours sur Internet.
Là, elle surfe dix minutes parfois vingt pour glaner des informations sur l’actualité. Pratique, elle lit seulement les informations qui l’intéressent. Et en plus c’est totalement gratuit. Elle n’achète donc jamais de journaux. «Pourquoi je payerais une information que je peux lire gratuitement? » reconnaît-elle. Logique !
Marine n’est, bien sûr, pas un cas isolé. Ils sont désormais nombreux en France à ne pas débourser entre 0,90 euro à 1,50 euro tous les jours pour acheter un quotidien. De quoi donner de l’urticaire aux médias traditionnels. Et surtout à leurs rédacteurs en chef.
Alors ils planchent pour séduire ces nouveaux consommateurs d’informations. Et hier à Saint-Etienne, des représentants de titres incontournables du paysage français ont livré le fruit de leurs réflexions à Marine et à ses camarades de l’Université stéphanoise, réunis à l’institut Télécom dans le quartier Manufacture.
Passionnantes les interventions de Jean Miot (ex-président du Figaro, de l’AFP et du syndicat national de la presse française), de Jean-Luc Thomas, (rédacteur en chef adjoint de l’Équipe), de Xavier Antoyé (rédacteur en chef du Progrès) et Nicolas Charbonneau (rédacteur en chef du Parisien et d’Aujourd’hui en France). Voici quelques extraits.

Pour qu’une info soit lue, il faut la donner en premier

« Un scoop demeure aujourd’hui un scoop durant seulement 11 secondes » comme le précise Nicolas Charbonneau. C’est un laps de temps très court. Beaucoup plus qu’il y a une poignée d’années. Alors pour être réactif, c’est la course dans les rédactions. D’autant que cette information, contrairement aux réseaux sociaux, doit être vérifiée, avant d’être mise en ligne. La marque d’un grand journal est donc une garantie de crédibilité.

L’information sur le web est gratuite, mais a un coût

Si chacun peut s’informer, sans bourse délier sur des sites web, cette information a pourtant un coût. Les journalistes qui vérifient les informations, les enrichissent de leurs expertises et doivent être rémunérés. Or la publicité qui finance la presse, se paie beaucoup moins cher sur le Net. « Une pub qui vaut 10 euros pour le papier coûte seulement 1 euro sur internet » rappelle Xavier Antoyé.
« On n’a donc pas trouvé l’équilibre financier » comme le souligne Jean Miot. « C’est pourtant essentiel qu’un journal gagne sa vie. C’est le garant de son indépendance » renchérit Xavier Antoyé.

Le web offre une information à la carte pas le papier

« On fait 16 éditions par jours au Progrès, mais on ne peut industriellement pas produire un journal à la carte pour chacun » déplore, bien sûr Xavier Antoyé. Une impossibilité que confirme Nicolas Charbonneau.
Véronique Miot



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