En 2004 dans l'archipel du Spitzberg en Norvège, un géologue islandais découvre des restes fossiles (mâchoires, canines) très bien conservés. La bête, estime-t-on alors, à vue de nez carbonique, devait vivre il y a entre 110.000 et 130.000 ans. Ces précieux matériaux sont alors adressés à Oystein Wiig, spécialiste des ours polaires au Muséum d'Histoire Naturelle de l'Université d'Oslo.
Forage des os et des dents, récupération et analyse de l'ADN encore présent et comparaison avec des échantillons tissulaires et génétiques d'ours blancs et bruns contemporains... Nous passerons rapidement sur les détails du séquençage complet du génome mitochondrial fossile et des constructions phylogéniques qui en résultèrent.
Pour Charlotte Lindqvist, une chose est certaine. Les résultats obtenus permettent d'en finir avec les interrogations soulevées depuis une célèbre publication de 1996 laissant penser que l'ancêtre commun aux «bruns» et aux «blancs» était plus proche de nous qu'on le postulait jusqu'alors. Aujourd'hui, les chercheurs expliquent que leur ours polaire antique miraculeusement retrouvé se situe précisément ou presque au point de clivage à partir duquel entre ours bruns et ours polaires émergèrent.
«Nos résultats confirment que l'ours polaire est une espèce dont l'évolution est récente, la séparation d'avec l'ours brun datant d'il y a environ 150.000 ans avec une évolution très rapide au cours de la fin du Pléistocène, explique encore Charlotte Lindqvist. L'adaptation s'est peut-être faite pour s'ouvrir aux nouveaux habitats et aux nouvelles sources de nourriture en réponse aux changements climatiques; et ce juste avant la dernière période interglaciaire.»
Il a survécu au réchauffement interglaciare
Les chercheurs ajoutent que l'ours polaire a donc bel et bien survécu à la période de réchauffement interglaciaire; période généralement tenue pour avoir été plus chaude que la nôtre. On peut aussi imaginer que ces animaux aient alors pu trouver refuge climatique et nourriture dans l'archipel norvégien du Spitzberg. Mais peut-être pas. En toute hypothèse, Ursus maritimus a, par le passé, trouvé les moyens de résister à la chaleur et à la fonte des glaces arctiques. Et il y a fort à parier que l'homme n'a, alors, guère fait d'effort pour l'aider à ne pas disparaître.Bien belle affaire à verser en urgence à la controverse contemporaine. Un scientifique climato-sceptique amateur des glissements tectoniques trouverait là de nouvelles et précieuses armes. L'ours blanc a su dans le passé résister à la chaleur? Pourquoi ne réussirait-il pas aujourd'hui ou demain à faire de même? Les auteurs de la publication des Proceedings of the National Academy of Sciences ont bien saisi l'usage qui pourrait être fait de leurs travaux. Aussi slaloment-ils avec précaution entre les abimes de la controverse. En substance: oui,Ursus maritimus a en des temps anciens montré des capacités insoupçonnées d'adaptation au climat. Non, nous ne pouvons assurer qu'il en sera de même aujourd'hui tant il est vrai que les choses semblent rapidement évoluer.
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