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samedi 6 février 2010
Une sauterelle unique pollinisateur de fleur rare.
Les orchidées à long éperon du genre Angraecum sont bien connues depuis l’étude de l’espèce malgache Angraecum sesquipedale menée par Charles Darwin. Devant la morphologie surprenante des fleurs, il avait en effet supposé l’existence sur l’île d’un papillon doté d’une trompe suffisamment longue pour assurer leur pollinisation. Cette prédiction fut vérifiée des décennies plus tard lorsque le papillon fut découvert.
Depuis ces observations, les orchidées à long éperon représentent l’exemple classique de l’adaptation des fleurs à la pollinisation par les lépidoptères nocturnes de la famille des Sphingidae. Une telle spécialisation conduit souvent l’orchidée à n’avoir qu’un unique pollinisateur, la rendant de fait entièrement dépendante de cette espèce pour le maintien d’une reproduction sexuée. Le végétal ainsi spécialisé, est également plus vulnérable aux changements environnementaux, notamment dans le cas de la perte du partenaire spécifique.
Plusieurs orchidées du genre Angraecum sont endémiques des îles Mascareignes mais pour l’une entre d’elles, A. cadetii, présente sur l’île de la Réunion et l’île Maurice, aucun insecte pollinisateur n’avait été à ce jour identifié.
Par des expériences menées sur le terrain et sous serre, les chercheurs ont démontré qu’en dépit de son auto-compatibilité (capacité à former des graines par autofécondation de chaque fleur), A. cadetii nécessite l’intervention d’un pollinisateur pour sa reproduction. Le ou les pollinisateurs de cette orchidée ont donc été recherchés jour et nuit en utilisant des caméras placées devant les fleurs ouvertes. Ces enregistrements ont montré que, seule, une sauterelle appartenant au genre Glomeremus était capable de déplacer (retirer et déposer) les pollinies (petits globules contenant le pollen) de cette orchidée. Cette sauterelle nocturne est endémique de l’île de la Réunion et est nouvelle pour la science.
L’analyse phylogénétique des Angraecum suggère que l’ancêtre de la section Hadrangis à laquelle appartient A. cadetii est d’origine malgache où sa pollinisation était vraisemblablement assurée par des papillons Sphingidae. En colonisant les Mascareignes, où les grands sphinx étaient certainement absents, cet ancêtre a recruté un autre pollinisateur. Tant la morphologie que la composition du parfum émis de nuit par la fleur semblent adaptés à la pollinisation par cette sauterelle. Cette observation constitue l’unique cas documenté de pollinisation qui fait intervenir de façon régulière un insecte appartenant à l’ordre des orthoptères.
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