Les résultats de la mission Genesis
La mission a consisté à exposer 27 mois durant des matériaux ultra-purs (saphir recouvert d'or, diamant synthétique, silicium pur, aluminium) au vent solaire. Si la mission s'est bien passée, le retour fut plus mouvementé et la capsule portant les échantillons s'écrasa dans le désert de l'Utah. L'équipe du CRPG dû mettre au point une procédure analytique particulière pour « nettoyer » les échantillons des pollutions terrestres dues à l'atterrissage et garantir la qualité des analyses. Le CRPG a été sélectionné par la NASA pour son savoir-faire démontré par l'analyse des échantillons lunaires des missions Apollo et de météorites, notamment de Mars. Il a fallu 6 ans à l'équipe pour développer un système spécifique d'analyse des quantités extrêmement faibles d'azote solaire. Cette installation a également permis la première analyse de gaz rares dans de la matière de comète lors de la Mission NASA Stardust.L'analyse isotopique de l'azote des échantillons de Genesis a permis tout d'abord de s'assurer que la composition isotopique de N n'avait pas évolué dans le Soleil. En effet, le rapport 15N/14N du Soleil est semblable à celui de l'atmosphère de Jupiter, analysé il y a dix ans par une sonde américaine. Cette similarité montre que les planètes géantes dont Jupiter, ont capté dans leurs atmosphères massives une partie de la nébuleuse primitive d'une part, et que la composition du Soleil actuel reflète bien celle du gaz initial. En d'autres termes, les processus de nucléosynthèse (fabrication d'éléments) internes à notre étoile dont le Soleil tire son énergie, et ceux liés à la genèse du vent solaire, n'ont pas affecté l'azote.
Par ailleurs, Genesis a également permis l'échantillonnage et l'analyse d'autres éléments tels que les gaz rares, qui montrent une constance dans leurs compositions isotopiques et donc le peu d'influence des processus de transfert entre Soleil interne et vent solaire.
L'azote du vent solaire montrent que la Terre et les météorites (système solaire interne) d'une part, et les comètes (système solaire lointain) d'autre part sont enrichies en azote-15 (l'isotope rare de l'azote, l'autre isotope, majoritaire, est l'azote-14) de 60 % et de 300 %, respectivement. Ces variations contrastent fortement avec les variations isotopiques des éléments non volatils qui ne sont que de quelques parties pour mille dans tout le système solaire. Elles indiquent que des processus physicochimiques intenses ont affecté le gaz de la nébuleuse protosolaire et non les solides (grains). Ces processus sont probablement dus à une irradiation intense du gaz par le Soleil jeune lors d'interactions avec les solides, et/ou des réactions chimiques à très basse température entre espèces azotées, peut être catalysées par la lumière solaire. De tels processus ont dû se produire dans des régions différentes de celles des planètes internes, impliquant des mélanges de matière à très grande échelle dans tout le système solaire.
Note(s)
1 Centre de recherches pétrographiques et géochimiques (INSU-CNRS) Ces travaux ont été financés par le Centre National d'Etudes Spatiales (CNES), le Centre National de la recherche Scientifique (CNRS), l'Institut National des Sciences de l'Univers (INSU), la Région Lorraine, le Ministère de l'Enseignement Supérieure et de la Recherche (MESR), la Communauté Urbaine du grand Nancy (CUGN), et, pour les collaborateurs extérieurs, par le Fond Suisse de la Recherche (FSR), et la National Aeronautic and Space Administration (NASA)
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