lundi 14 décembre 2009

Le potentiel carbone des espaces forestiers.

http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/61555.htm


On ne l'entend que trop rarement en dehors des cercles initiés : la déforestation est un facteur majeur dans l'accroissement de la teneur en CO2 de l'atmosphère. En effet, les émissions liées à la déforestation ou à la dégradation des terres comptent pour 17% de l'ensemble des GES émis dans l'atmosphère (soit plus que les émissions générées par le secteur des transports), et la préservation des forêts tropicales pourrait représenter 25% des solutions envisageables pour l'atténuation du changement climatique.

Forest Carbon Index (FCI) : un nouvel outil pour évaluer le potentiel des forêts

Le think tank RFF (Resources for the Future) a présenté le 3 décembre à Washington DC ses résultats de modélisation portant sur l'identification des zones forestières amenées à jouer un rôle dans le contrôle des émissions de GES (Gaz à Effet de Serre). Utilisant des données recueillies à l'échelle internationale, RFF a établi le Forest Carbon Index, un nouvel outil qui présente une cartographie des zones boisées jouant actuellement un rôle important en termes de stockage de carbone. Le FCI, fournit également une carte des futures zones, où moyennant investissements, le carbone pourrait être séquestré dans la biosphère à moindre coût.

Utilisant une vingtaine de base de données à l'échelle nationale ainsi que les bases de données disponibles aux échelles régionales, ces travaux couvrent un million et demi d'emplacements différents avec une résolution de l'ordre de 85 km2. Afin d'évaluer les zones présentant les meilleurs investissements, RFF a intégré un modèle économique (tenant compte de données telles que la stabilité politique, la corruption...) à la cartographie de paramètres biologiques et climatiques (caractéristiques du sol et du climat, variables propres à la croissance des arbres...). Dans un premier temps, les chercheurs ont utilisé les données scientifiques disponibles pour établir une carte des régions présentant un réel potentiel biologique pour la sequestration du carbone. Selon cette carte, le bassin du Congo apparaît comme la région où la sequestration d'une tonne de carbone aurait le prix le plus faible. Cependant, après intégration des données économiques visant à évaluer le risque lié aux investissements, les meilleures zones géographiques en termes d'investissement pour la séquestration du CO2 sont la région amazonienne, l'Indonésie et la Malaisie.

Globalement, l'intégration de données socio-économiques permet non seulement de dresser un état des lieux des stocks de carbone mais également d'évaluer leurs évolutions (tenant compte des besoins communautaires). Ces travaux livrent aussi une analyse concernant le prix de revient de la séquestration d'une tonne de CO2 et permettent d'apporter des outils d'aide à la décision notamment en terme de mise en place d'une politique climatique à l'échelle internationale. Selon les conclusions de l'étude menée par RFF, un investissement annuel de l'ordre de 15 à 20 milliards de dollars pour la séquestration de carbone dans les forêts serait nécessaire au cours de la prochaine décennie afin d'atténuer le changement climatique. Le retour sur ces investissements a par ailleurs été estimé à 40 milliards de dollars sur la période allant jusqu'à 2020.

Dans l'optique de promouvoir ces investissements, Nigel Purvis, membre de RFF et président de "Climate Advisor" a listé une dizaine de recommandations. Soulignant la nécessité d'investir sur les zones tropicales, le chercheur a de plus rappelé la nécessité de réfléchir à des solutions financières innovantes, faisant appel à des partenariats entre le secteur privé et public et associant pays développés et pays en développement. Par ailleurs, afin de rentabiliser chaque investissement, il est nécessaire de distinguer les actions de court, moyen et long termes. Ainsi, sur le court terme, les régions comme l'amazone ou le sud-est de l'Asie apparaissent comme prioritaires alors que le bassin du Congo nécessite des investissements de long terme.

Au final, Nigel Purvis a rappelé la réelle valeur ajoutée que représentent ces résultats dans le contexte de la négociation climatique à Copenhague. En effet, étant donné le débat actuel portant sur la quantité d'offsets pouvant être attribuée aux pays développés moyennant un investissement de leur part pour la préservation des espaces forestiers des pays en voie de développement (négociation REDD), ces résultats peuvent contribuer à définir une stratégie de réduction de la déforestation et d'atténuation du changement climatique.





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