dimanche 1 novembre 2009

Pour s’adapter au climat, les mésanges pondent plus tôt pour s'adapter au climat!


On entend souvent que les changements climatiques menacent d’extinction de
nombreuses espèces. Pourtant, une étude publiée récemment dans Science (1),
reposant sur un demi-siècle de données récoltées dans une population anglaise
de mésanges charbonnières, montre que ces oiseaux font preuve d’une
étonnante capacité d’adaptation aux augmentations de température. Ils ajustent
chaque année leur date de reproduction en fonction de la chaleur printanière.
Anne Charmantier, chercheur CNRS à Montpellier, a participé à cette étude. Elle
nous explique comment les mésanges ont avancé leurs dates de ponte en
moyenne de 14 jours ces 40 dernières années.

« Le défi que les mésanges doivent relever est de pondre leurs nichées au moment le plus
opportun pour que la période de nourrissage de leurs poussins coïncide avec la période
d’abondance de leur nourriture principale, les chenilles, explique Anne Charmantier du
Centre d’Ecologie Fonctionnelle de Montpellier (2). En utilisant des relevés sur 47 années
(1961-2007), nous avons montré, avec mes collègues de l’Université d’Oxford, que durant
cette période, les mésanges ont avancé leurs dates de ponte en moyenne de 14 jours. Ces
14 jours correspondent à l’avancement de la présence des chenilles dans les bois. »
Grâce à l’identification individuelle par baguage des mésanges charbonnières nichant dans
le bois de Wytham, près de la ville d’Oxford, sur près de 10 000 événements de
reproduction, les chercheurs ont pu mettre en évidence que cette adaptation est le fait
d’ajustements individuels et non pas de microévolution. Etonnamment, la population
semble présenter peu de variations dans cette plasticité : toutes les femelles montrent de
manière homogène une certaine capacité d’avancement de leur date de ponte lors des
années plus chaudes.
Cette adaptation fine du comportement a permis à la population de mésanges de Wytham
un ajustement en temps réel aux augmentations importantes de température, et par là
même, de conserver une très bonne croissance, les effectifs de mésanges ayant d’ailleurs
doublé dans l’intervalle de cette étude. Ces résultats forment un contraste surprenant avec
une étude précédente dans une population néerlandaise de mésanges charbonnières. Aux
Pays-Bas, la plasticité est très variable entre les femelles, et dans l’ensemble ne permet
pas une bonne synchronisation de la reproduction des mésanges avec leur nourriture. Les
effectifs sont en baisse. L’origine de ces différences dans l’adaptabilité du comportement
pourrait résider dans les indices (tels que la température) qu’utilisent les mésanges pour
synchroniser leur reproduction avec leur environnement. Les chercheurs envisagent
notamment d’étendre cette étude à d’autres populations européennes pour comprendre
l’origine de ces indices « corrects » (comme à Wytham) ou « trompeurs » (comme aux
Pays-Bas).
(1)
Adaptive Phenotypic Plasticity in Response to Climate Change in a Wild Bird Population, Charmantier et al,
Science 09/05/08.
(2)
Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive : CEFE (CNRS-UM1-UM2-UM3-Sup’Agro-EPHE-CIRAD).

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