La vie du théologien rebelle et visionnaire Giordano Bruno (1548-1600), brûlé vif pour son refus d’abjurer le système copernicien, est mise en scène par Laurent Vacher dans un “spectacle déambulatoire” dans le bâtiment historique de l’Observatoire de Paris.
La pièce “Giordano Bruno - des signes des temps” est un montage de textes du philosophe qui affirme dès le XVIe siècle que d’autres terres, habitées par des êtres vivants, tournent autour d’autres soleils que le nôtre.
Formulée il y a plus de quatre siècles, cette hypothèse est confortée depuis une dizaine d’années par la découverte de centaines d’exoplanètes par les astronomes.
Chamboulant les dogmes de l’Eglise, Bruno entrevoit aussi que “le mouvement ne vient pas du dehors, mais d’un principe intérieur à la nature”.
Trois acteurs - Benoît di Marco, Laurent Lévy et Pierre Hiessler - incarnent tour à tour le jeune prêtre rebelle, le philosophe visionnaire et le réformateur obstiné, ainsi que ses bourreaux de l’Inquisition.
“J’ai construit l’Europe au rythme des persécutions”, dit Bruno: tour à tour chassé d’Italie où il est défroqué en 1576 pour propos hérétiques, de Genève par les calvinistes et de Londres par les luthériens, cet amoureux de la nature et des femmes n’est pas un athée pour autant: “A aucun moment je n’ai remis en cause l’existence de Dieu, mais la façon dont l’Eglise nous a présenté sa pensée, pensée d’homme totalitaire voulant asseoir son pouvoir par la terreur”.
Pour un chemin de croix mais aussi de lumière, les spectateurs sont emmenés par les acteurs et gravissent les étages de cet Observatoire qui date du XVIIe siècle et fut l’un des plus importants au monde. La pièce y est donnée jusqu’au 12 décembre.
Les deux premiers actes se déroulent au milieu du public. Giordano Bruno déclame sa vie, ses croyances, ses passions, enrage contre ses accusateurs qui le prennent pour un provocateur. Les trois acteurs sont habillés comme l’homme de la rue d’aujourd’hui, d’un costume noir et d’une chemise blanche.
Seul le troisième acte est joué face au public, autour d’une vieille chaise de bureau, pièce centrale de la salle de torture, avec au fond un tas de bois symbolisant le Campo dei Fiori où se trouve le bûcher à Rome.
C’est là que périt le savant, neuf ans avant que son compatriote Galileo Galilei pointe, il y a exactement 400 ans, sa lunette astronomique vers le ciel et observe des satellites de Jupiter tournant autour de cette planète.
Cette découverte et d’autres allaient confirmer le système copernicien de double révolution des planètes, sur elles-mêmes et autour du Soleil.
En 1633, Galilée fut lui aussi condamné par l’Eglise mais, contrairement à Bruno, abjura et eut la vie sauve.
Par Boris CAMBRELEN
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