mardi 27 octobre 2009

Histoire de Eva la demi-soeur de Anne Frank.

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En 1944, Eva Schloss est une jeune fille juive de 15 ans réfugiée aux Pays-Bas. Elle vient de passer deux ans cachée avec sa mère derrière une fausse cloison, lorsque sa cachette est débusquée par les nazis. Quelques rues plus loin se déroule la même scène, pour Anne Frank, qui va devenir sa demi-soeur posthume.


Le Point : Vous étiez une camarade d'Anne Frank et vous avez partagé sans le savoir le même destin, cachée à Amsterdam jusqu'à l'arrestation et la déportation dans les camps nazis. Puis vous êtes devenue, après la guerre et par alliance, sa demi-soeur posthume. Votre famille et celle d'Anne Frank, ce fut une succession de rencontres ?

Eva Schloss :
Oui, au départ, nous étions camarades, mais pas vraiment liées. Ensuite, si on lit le Journal d'Anne Frank , on voit que nos histoires sont similaires. Mais ce que le Journal ne dit pas, c'est ce qu'il s'est passé ensuite : l'arrestation, la déportation et puis, ce que l'on sait moins, les mois d'incertitude et de voyage vers l'Est, en attendant que la paix revienne. C'est ce que je raconte. Ma mère et Otto Frank, le père d'Anne Frank, se sont rencontrés après la libération d'un camp allemand en Pologne par les Russes, puis de nouveau à Amsterdam. Ma mère avait perdu son fils et son mari, Otto ses deux filles et son épouse. Ils ont fait ce que l'on appelle un excellent mariage. Ma mère s'est beaucoup occupée, aux côtés d'Otto, de répondre au courrier des lecteurs du Journal d'Anne Frank , après sa publication.


Votre récit est ponctué de dates qui permettent de situer l'évolution de la situation politique. Est-ce que la jeune fille que vous étiez alors était aussi au fait de la politique ?
J'avais 9 ans et je ne connaissais pas grand-chose en politique. Lorsque nous avons quitté la Belgique, après avoir fui Vienne, mon père m'a dit que nous devions aller dans un joli pays avec des ponts et de l'eau partout, et où tout le monde faisait de la bicyclette... On a appris très vite que ça allait être difficile. Les amis disparaissent, on commence à avoir peur. À cet âge-là, je ne comprenais pas pourquoi c'était mal d'être juif. D'autant que nous n'étions pas très religieux, notre famille n'allait pas tout le temps à la synagogue et mon père ne portait pas la barbe.


Vous avez publié vos mémoires en Angleterre en 1987, soit quarante ans après la guerre. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps et pourquoi les avoir finalement écrits ?
Parce qu'après la guerre, personne ne voulait entendre parler de toutes ces choses affreuses. Les gens voulaient essayer d'oublier et il était impossible de raconter quoi que ce soit. Alors j'ai gardé cette histoire avec moi constamment, à l'intérieur, jusque dans mes cauchemars, qui ont commencé dès notre retour à Amsterdam, lorsque j'ai appris que mon frère et mon père n'avaient pas survécu, mais sans savoir comment ils étaient morts. Seulement, après 40 ans, la Shoah est devenue un sujet d'étude. Tout le monde voulait savoir, comprendre. De nos jours, on prétend que la leçon de l'histoire a été prise, que cela ne recommencera pas. Mais partout éclatent des conflits de même nature dans le monde. Et puis il y a ceux qui prétendent que l'horreur des camps n'a jamais existé, que c'est le fruit de notre imagination. Alors j'ai décidé qu'il fallait que je raconte mon histoire. Pour témoigner, comme Spielberg le fait avec des films, de ce qui s'est passé.
L'Histoire d'Eva. Les Mémoires de la demi-soeur d'Anne Frank. Éditions du Cherche-Midi, 17 euros.



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