Nous sommes tous soumis au stress. Mais à la longue, il peut empoisonner la vie et mettre la santé en danger. Comment réagir et comment s'adapter ? Le Dr Daniel Gloaguen* nous indique les grands principes de la gestion du stress.
Quelles sont les principales stratégies que l'on peut développer contre le stress ?
Dr Daniel Gloaguen : On ne peut gérer le stress qu'après avoir identifié sa cause. Ensuite, il faut essayer de savoir pourquoi on le vit mal. Et enfin, développer des stratégies de lutte et de gestion du stress.
- Canaliser ses émotions, ne pas s'emporter, agir calmement.
- Faire un effort d'empathie pour se mettre à place de la personne qui est en face (si j'avais été à sa place, est-ce que j'aurais réagi de la même façon ?). Avoir du recul sur soi-même, être productif par exemple en chassant ses préjugés.
- Faire un bilan de ses compétences est un point essentiel pour rebondir face à un stress. Pour pouvoir mettre en place une stratégie permettant de contourner l'agent stressant, il faut au préalable savoir objectivement ce que l'on peut faire et ce que l'on ne peut pas faire. Lorsque l'on sait ce que l'on est capable de faire, ce que l'on a en soi, on peut alors décider judicieusement d'éviter ou d'affronter son adversaire par exemple. C'est par exemple le cas du père d'un enfant handicapé qui m'a dit un jour : "quelque part, la maladie de mon fils a été une bonne chose pour moi parce que je ne passe pas à côté de ce que je suis, je ne me serais jamais cru capable de faire ça". Ne pouvant adopter la fuite, il a été obligé de continuer la lutte, de chercher tous les moyens possibles pour gagner et il s'est découvert des forces cachées.
- Pratiquer le ' je '. C'est une manière de s'affirmer, de se dresser contre l'agent stressant. Et dans la gestion du stress, il est important de connaître ses propres valeurs, ses propres limites. Lorsque l'on connaît précisément ce que l'on peut accepter et ce que l'on ne pourra jamais accepter, on se sent plus fort, on affirme son territoire en plaçant des barrières.
- Gérer le temps. Le manque de temps est l'agent stressant numéro un dans les grandes agglomérations. Embouteillage, aléas des transports en commun, horaires professionnels, sortie d'école, baby-sitter à relayer, travaux ménagers, courses… Il est indispensable de trouver des solutions pour ne pas se laisser déborder. Apprendre aussi à gérer ce que l'on appelle les "techno-stress, c'est-à-dire le stress que peut générer l'utilisation à outrance du téléphone ou des mails.
- L'ancrage sensoriel. Quand on est en situation de stress, il faut trouver l'attitude positive qui va nous raccrocher à une image de sérénité, de plénitude. Cela consiste à générer une image positive dans son cerveau, dans sa posture, de façon à se mettre tout de suite en harmonie avec soi-même et ainsi de rester maître de la situation. L'ancrage sensoriel est très pratiqué par les hommes politiques et les journalistes. Par exemple, Chirac levait l'index et disait ' écoutez ', comme un maître d'école, ce qui le plaçait en situation de supériorité. Ce peut être aussi à travers le langage, comme Ségolène Royal disant ' laissez-moi vous dire ' pour se mettre dans un état de force. Ou encore tout simplement croiser les jambes, jouer avec son stylo, nettoyer ses lunettes.
- Travailler son hygiène de vie : sommeil, activité physique, sociale, alimentation. Privilégier les aliments riches en antioxydants (fruits, légumes, poissons) parce que lorsque l'on est stressé, on génère des radicaux libres lesquels favorisent les infections, les cancers, la maladie d'Alzheimer, le vieillissement, etc. Manger aussi des aliments riches en magnésium car les personnes stressées en manquent très souvent (céréales, fruits secs, crustacés, chocolat).
Pour résumer, la gestion du stress passe par un travail sur soi qui permet de développer sa capacité à rebondir.
Et tout comme dans le domaine professionnel, il y a une chose à faire, c'est le bilan de compétences de sa propre personnalité. On découvre le plus souvent sa propre personnalité lorsque l'on se trouve en situation extrême. Or, lorsqu'on connaît ses capacités, on se sent généralement fort, ce qui permet de relativiser les agents stressants et de diminuer nettement le stress.
* Le Dr Daniel Gloaguen est médecin généraliste. Il a travaillé 15 ans aux urgences du Centre hospitalier de Cornouaille à Concarneau (Finistère) avant de s'adonner au journalisme.
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